Des artistes sous terre.
Mardi 10 mai 2016. CR Le Dol's.
A l’initiative de leur professeur, Victoria Klotz, trois étudiants des Beaux-Arts de Tarbes sont venus découvrir le monde souterrain.
A l’initiative de leur professeur, Victoria Klotz, trois étudiants des Beaux-Arts de Tarbes sont venus découvrir le monde souterrain.
Il faut
dire que le thème de leur semaine d’étude portait sur les ténèbres, le monde de
la nuit et son cortège de préjugés ou de légendes qui gravitent autour….
Eva,
Sandra et Hugo n’avaient jamais pratiqué la spéléologie et bien qu’attirés par
cette expérience, quelques appréhensions pointaient… Aussi pour l’occasion
trois membres du GSHP de Tarbes (Sandrine, Caroline et Alain D.) les ont
encadré, pour visiter la grotte école de La Pale à St Pé de Bigorre.
Une
curiosité partagée…
Les
spéléos curieux par cette approche originale et impatients de voir les
restitutions des élèves…
Pour nos
jeunes une première dans les antres de la mère nourricière, notre terre…
Avant de
s’enfoncer sous la terre profitant des dernières lueurs du soir, nous relatons
quelques faits historiques et scientifiques… Nous passons de la tectonique des
plaques qui a soulevé, plissé et broyé des roches vieilles de 115 millions
d’années (ère secondaire). … Pour bondir à l’Holocène et des différentes
glaciations du temps où le glacier recouvrait la ville de Lourdes de plus de
500 m ! il y a 150000 ans… Puis quand il fondait les eaux en furie
balayaient tout sur leur passage, et ce sont elles qui ont certainement
ciselées la grotte de La Pale… Et il y a eu des alternances entre refroidissements
et réchauffements et le climat a retrouvé sa « stabilité » il y a
environ 15-10000 ans…
Mais les
grottes sont des refuges ou des pièges pour les animaux… A St Pé, il y a 100000
ans Hyène des cavernes, ours et loup se sont retrouvé piégés dans une gangue de
glaise… L’homme a lui aussi habité le coin depuis Neandertal (env 50000 ans) jusqu’à
l’âge du renne (12000 ans) et plus récemment au moyen âge (que 1000 ans !)
L’imaginaire
des jeunes pouvait faire le reste… St Pé l’un des plus vieux village de
France !
Nous
commençons la marche d’approche et au passage, halte est faite à la Bouhadère
(le soufflet), une rapide leçon de physique est donnée pour expliquer le
phénomène de « tube à vent » provoqué par l’entrée haute du gouffre
du Hayau (80m plus haut) et qui jonctionne avec cette grotte via un labyrinthe
souterrain de 1300 m
de long !
Nos
artistes en devenir sont avides d’histoires, comme celle de l’Abbé Abadie, curé
local qui durant la dernière guerre, ayant trouvé seul une caverne s’était
aventuré avec une bougie et quelques allumettes… A 150 mètres sous terre il
perdit sa bougie… et seulement avec 5 allumettes, craquant l’une après l’autre
et dans chaque intervalle, après avoir observé le terrain chaotique, partait à
tâtons pour retrouver son chemin… A sa dernière lueur il crut que son heure
était fini car personne viendrait le rechercher… Sa foi, l’instinct de
survie ?... Il réussit après un cheminement dans les ténèbres à voir au
loin un rayon lumineux… Ce n’était pas cette fameuse lumière blanche de la mort
imminente mais le soleil qui filtrait par l’entrée étroite… Sauvé…
Sous
terre, les jeunes feront l’expérience toute lumière éteinte de ce noir absolu…
Seules quelques gouttes d’eau percolant des voûtes perturbent le silence lourd
en se fracassant sur une paroi ou rebondissant dans une flaque d’eau…
Y a-t-il
des dragons ?… Ca, c’est bon pour les légendes comme celle de cet animal
fabuleux et recouvert d’écailles qui vivait dans une grotte Bigourdane… Un jour
il séduit une jeune bergère en lui montrant le tas d’or qu’il gardait
jalousement…
Si tu
t’allonges nue devant ma grotte et que je passe 3 fois entre tes cuisses, sans
que tu ne dises un mot… je me transformerais en prince et tout mon or sera à
toi… La bergère si pauvre vit là une occasion pour toute sa famille de vivre
mieux… Elle accepta et au troisième passage la peau glacée lui arracha une
réflexion d’étonnement… Aussitôt, or et bête démoniaque se transformèrent en
concrétion de pierre… La jeune fille perdit toute ses illusions… Et peut être
autre chose…
1er croquis à la sortie du trou
Ici les
seuls dragons sont les salamandres que nous croiserons par centaines sur le
chemin lors de notre retour nocturne…
Je ne vais
pas passer là ? !
Mais oui,
comme pour un enfantement, par les voies étroites pour les voies de la liberté…
Et les
animaux ? Des serpents des trucs dangereux ?
Ours dans sa bauge... |
Non,
quelques chauves-souris inoffensives et utiles pour l’environnement car elles
mangent des milliers de moustiques par an… Il y a aussi quelques rares
coléoptères millimétriques sans yeux qui se sont adaptés à la vie souterraine
depuis des millions d’années… Mais nous n’en verrons pas…
Par contre
nous nous gardons bien d’invoquer les parois d’entrée tapissées de Méta, ces
araignées « pacifiques », mais de tailles respectables qui font
toujours leur effet lorsque votre visage les frôle…
Après une
séance de glissades, place au ramping dans un boyau sans fin (à peine
25m !)
On
débouche dans une salle maculée de terre glaise… Au passage nos étudiants en prélèvent
dans une zone qui ne craint rien, car nous leur faisons remarquer des digités
sur la terre recouverte d’une farine noirâtre déposée par l’altération de la
roche et recouvrant ces traces de prélèvement humain… Au moyen âge (ou peut
être l’homme préhistorique ?), on est venu chercher de la matière pour
fabriquer des poteries que l’on a retrouvé dans des grottes proches…
Griffade d'ours des cavernes
Et puis
sur la paroi il y a les griffades d’un ours des cavernes et la bauge dans
laquelle il hibernait… Il y a 30000 ans…
Pour mieux
sentir la caverne, pour faire corps avec la matière, il n’y eut pas de
volontaire pour déambuler nu comme le fit Casteret (célèbre spéléo du 20ème
siècle) et imité récemment pas une copine de notre connaissance…
Et puis
nous avons exploré les moindres recoins…, observé les formes polies par les
eaux, les dentelles concrétionnées, les cascades de calcite figées…
Pour
ressortir le jeu consista à essayer de la retrouver, car une seconde entrée
était proche…
A l’affût
du courant d’air, de feuilles et autres végétaux indiquant la voie royale, nos
étudiants réussirent leur examen… Sauvés… Même Eva choisi le passage le plus
étroit pour en finir avec sa « peur » de rester coincée…
Il était
23h30 lorsque nous sommes sorti, et ainsi prendre conscience de la perte de la
notion du temps, car sans les repères des astres, d’une montre, nous avons
passé 2h30 sous terre avec la nette impression de n’y être resté qu’une heure…
Une sortie
agréable, un bon moment d’échange à renouveler…
Les œuvres
seront exposées dès le vendredi 13 à l’école qui se situe au jardin Massey à
Tarbes
Reconstitution d'une miniature de la grotte avec la glaise prélevée sur place
Et les images de Sandrine sont Ici
L'excellent article de la Dépêche
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