Petite virée au Teitous

Dimanche 13/03/2016 :
Le Teitous, c'est le "gros trou" du coin, et le coin c'est le vallon du Turonnet, en rive gauche de l'Ouzom (64). Nous montons à 4 (Serge, Etienne, Sandrine et Patrick) par le sentier qui part de la ferme du Tort. C'est plus cool que l'arête est du Broc, mais un peu plus long. Serge avait déjà fait une reconnaissance de l'entrée et nous la retrouvons sans difficulté. Elle est vaste mais au premier abord, le puits nous semble moins profond que prévu.


L'entrée du Teitous 

C'est Sandrine qui équipe. Nous ne retrouvons pas les spits en place et notamment celui que Bubu avait planté lors d'une explo mémorable en 1987 (voir extrait de la revue Spéléoc en fin d'article). Avec 3 multi-montis, le problème est vite réglé et le puits fait bien 52 m.

La première partie est une large diaclase jusqu'à un palier à -22 m.

 Au bas, nous arrivons dans une grande salle au fond de laquelle un éboulis pentu plonge dans un beau bassin. Au fond, on devine le départ de ce qui semble être un conduit noyé. Serait-ce un siphon ? Aujourd'hui, ce bassin est alimenté par un ruisseau conséquent dû à la fonte nivale. Il serait intéressant de savoir si en étiage prononcé, celui-ci s'assèche complètement. Nous sommes preneur de toute information sur le sujet. 

La seconde partie perce la voûte d'une belle salle.

Au-dessus du bassin Bubu nous avait signalé un départ. Effectivement, la diaclase semble se prolonger en hauteur. Comme nous avons du temps et du matériel, Serge se lance dans l'escalade pour éviter de se mouiller complètement. Nous en profitons pour refaire la topo et quelques clichés.

L'escalade au-dessus du lac.

Arrivé à la diaclase, Serge constate que le départ a déjà été visité. Par qui ? Là aussi, nous sommes intéressés par toute info permettant de retracer l'historique de l'explo de ce gouffre. Par contre, la suite, sans air, se limite à une diaclase descendante devenant impénétrable. On laisse tomber et nous déséquipons le gouffre en terminant la topo. 


 A gauche, l'arrivée du ruisseau. A droite, Serge a atteint le départ.

Nous redescendons ensuite par l'arête est du Broc en prospectant un peu.
Patrick


Extrait de la revue SPELEOC n°44 (1988)

Puts de Teïtous à Arthez d’Asson le 5 décembre 1987

Fractionnement de – 50 m : superbe fractio plein vide encore éclairé par la lumière blafarde du jour au dessus d’une grande salle avec un ruisseau en bruit de fond.
Grâce à l’étrier, je me délonge facilement pour continuer ma descente et …
Grande secousse dans mes reins, picotements des pieds et des mains, un grand frisson me parcours l’échine :
je tombe !
Instinctivement, je me raccroche à ce que je peux, c’est à dire à mon matériel.
Un réflexe bien inutile lorsqu’on tombe car lui aussi il tombe!
L’amarrage a cédé et je viens de faire une chute de trois mètres, retenu par la clef de mon descendeur. 40 m plus haut, l’autre spit a tenu, l’élasticité de la corde a fait le reste. Le tout n’a duré qu‘un quart de seconde, mais cela m’a paru bien plus long.
Je rallume mon éclairage. Toute mon attention est maintenant portée par cet énorme frottement de la corde un peu plus haut. Je ne sais pas ce qui m’a poussé à remonter pour planter un autre spit au lieu de descendre et attendre que le suivant vienne rééquiper. Peut-être une question d’honneur tout simplement et la peur des plaisanteries qui ne vont pas tarder à fuser. Je leur avais tellement parlé de mon super équipement de la semaine précédente…

Le palier de -22 m, là où le spit de Bubu a décidé de prendre son envol...

 D’abord, il faut repasser sur le matériel de remontée. Mes gestes se font au ralenti. Mes mains tremblent et je n’ai pas honte de l’avouer : j’ai eu la frousse !
On raconte tant de choses sur les "chutes de facteur 2", la résistance des cordes et des spits… Dans quel état doit être la corde au niveau du frottement ?
C’est en mettant mon matériel en place que j’aperçois ma main gauche ensanglantée. Lors du choc, elle est restée coincée entre la corde et le descendeur : le pouce est explosé !
Je remonte doucement, sans à-coups, mais je ne peux empêcher la corde de frotter sur une arête. Il ne me reste plus qu’à trouver un autre (bon) endroit pour spiter. J’hésite longuement. Jamais un spit n’aura été planté avec autant de minutie. Pourtant, j’ai les mains tremblantes avec un doigt HS.
Dernier frisson, mais de soulagement celui-là lorsque j’arrive un peu plus tard sur quelque chose de dur : le fond du puits. Enfin, je peux quitter la corde: foutue trouille !
Plus d’une heure pour équiper un puits de 80 m, je crois avoir battu un nouveau record de longueur…


Commentaires

  1. Réponses
    1. Oui, très belles photos qui nous rappellent de bon souvenirs.
      Perso je me souviens y être allé et le pseudo lac était vide à 100%.
      Ce n'est pas un siphon à plonger.

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  2. Oui très belles photos, et bel article pour un gouffre sympa (un de plus). Promis Bubu, on se moquera pas... Enfin pas trop .

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  3. Je connais un trou qui ressemble au Teitous même configuration avec une entrée aussi large. Mais un P20 ou 25 qui donne aussi sur un lac un peu plus grand il me semble.
    Le trou se trouve sur la pale bien au dessus de la dernière maison ou vive deux dames. J'en ai parlé à Jean-Caude, trou à retrouver et à topoter...

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  4. J'étais présent à cette sortie ;)

    JP CASSOU

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