Scène de Crime à l'Aguée !


Suite à notre déclaration à la gendarmerie le lundi 14 décembre matin à propos de notre trouvaille collective ce samedi 12 (Bubu, Mass, JC et moi)...
Ce mardi matin, Jean Claude m’accompagnait pour aller déposer à la gendarmerie d'Argelès… L’audition et le procès-verbal durera plus d’une heure, car la découverte d'un squelette recouvert de charbons de bois et partiellement carbonisé est franchement suspecte...
Nous avons remis les pièces à convictions, soit les 3 os prélevés pour la détermination (coccyx, cote et vertèbre)...
Le procureur de la république des Hautes Pyrénées a instruit une ouverture d'enquête criminelle, toute la hiérarchie de la gendarmerie a été mise en émoi, jusqu'à Paris !...
Une scène de crime est suspectée dans la vallée de l'Aguée !
Un Technicien d'Investigations Criminelles est dépêché ce jour même, il arrive de Tarbes avec toutes ses caisses de matos d’identification. Il est accompagné par 2 gendarmes de la brigade d’Argelès, dont  un Officier de Police Judiciaire...
Cela ne rigole pas, il ne faut pas trainer… Pour être plus réactif, ces derniers se rendront sur zone en hélico. Quant aux « civils » : Jean Claude, Fred Maksud (le préhistorien du SRA) et moi partons à pied car nous n'avons pas les autorisations pour monter dans un appareil militaire...
Lorsque nous arrivons sur zone, l'hélicoptère approche et dépose les enquêteurs dans le fond de l'Aguée... Nous cela fait 1h30 que l'on marche, eux ils auront mis à peine 15mn !

Bientôt l'équipe en combinaison blanche et gantée, comme dans les « experts » se met au travail et dégage l'entrée de la petite grotte dont le seuil est rempli de charbons....
Photos, chevalets d'identification... Photos… Minutes du PV…
L'équipe avance dans la grotte... De la petite salle en rotonde de 2m de diam maxi, une succession de poches défile et sortent de la cavité avec les restent osseux... Fred analyse les restes qui lui semblent « anciens »...  De plus, le gros bloc caractéristique, barrant et obstruant l'entrée, lui fait penser à une sépulture de type du Bronze... Le détecteur de métal ne donne rien...
Les enquêteurs fouillent et dégagent les os... ressortent les blocs… La grotte est entièrement vidée… Ils ont la bonne cadence de ce que nous pratiquons le WE dans nos désobs... On pourrait même leur faire signer une licence…
Même si on est en pleine zone Natura de la Réserve du Pivbeste / Aulhet, pas besoin d’attendre les autorisations des organismes de l’Etat DRAC & cie pour fouiller… Il n’y a pas de chauves-souris et autres coléoptères rarissimes… Priorité à l’enquête !
Ils en sortent des sacs et des sacs de charbon, le tout est tamisé sur place… Pas une esquille ne passe au travers !...
En rigolant, les gendarmes nous considèrent comme des coupables potentiels... Nous apprendrons que la majorité des meurtriers viennent se déclarer comme découvreurs... Cela fait flipper !... 
Bon pour JC ce sera 1 k de bananes et pour moi je préfère des mandarines...
Après 3 h de fouille toujours pas de crâne... Notre culpabilisation s'aggrave... 
Dissimulations de preuve... On n'est pas prêt de rentrer à la maison ! D’ici qu’on ne reparte pas avec les pinces en garde à vue…

Il est 16h, alors que la fouille arrive à son terme car on atteint le sol, quand lorsqu’une dent, une canine semble-t-il est trouvée à près d'un mètre de profondeur...
Fred l'inspecte... La tablette d'usure ne fait pas l'ombre d'un doute...
Elle a été provoquée par une alimentation de produits (farine, galettes) issus d'aliments meulés par des roues en pierre. De ce fait, les particules minérales se mélangeant dans les aliments accélèrent l'abrasion des dents qui s’usent et se polissent en forme en tablettes... C'est au moins moyenâgeux si ce n’est pas du Bronze !...
Les analyses des ossements qui vont monter au « labo » à Paris devraient le confirmer...
Ouf nous ne sommes plus de coupables !...
L'ambiance se détend, pour fêter notre libération, on fait péter un "Château Canon" de 2006, suivi d'un peu "d'Henriette" !
Fred nous apprendra que certaines coutumes de l’âge du Bronze leur faisaient récupérer les crânes utilisés comme objets votifs une fois les os débarrassés des chairs putréfiées….
Et la dent a du se déchausser naturellement de la mâchoire car sa racine unique ne lui permit pas de rester en place…
Comme quoi, une innocence tient à peu de chose… Une dent de 2 cm, racine comprise !…

Vers 17h tout est bâché, les restes de « l’homme de Péluhet » sont biens emballés et classés, nous accompagnons nos amis gendarmes au fond de l'Aguée sur la DZ improvisée. Et et oui on a fraternisé car ils sont super sympas ces gendarmes... D’autant plus que nous ne sommes plus coupables ;-)) !

Nous les quittons et remontons la grande combe qui rejoint le col d'Andorre, pour aller inspecter le plateau surplombant la barre rocheuse, au-dessus passe un ancien chemin muletier et nous y découvrons un nouveau gouffre, presqu’à l’aplomb et en direction de la grotte…
Mais aussi en surface des charbonnières en grand nombre... Dont l’exploitation s’est arrêtée avant la guerre de 14 !
Quant à l'accumulation importante de charbons recouvrant le squelette, c'est Fred qui nous dévoilera la vérité. En fait, les eaux de ruissellement ont lessivé le sol et les charbons se sont infiltrés en masse et par la cheminée remontante de la grotte pour recouvrir la sépulture... Ce qui nous a induit tous en erreur pensant à un cadavre calciné, car à son contact, le carbone avait diffusé dans la porosité des os... Ils n'ont jamais été partiellement calcinés !
Quant à la grosse pierre recouvrant de ce que nous pensions être « foyer » elle a du se détacher de la paroi par l’action de la gélifraction…
La nature nous a abusé, si on a déclenché le grand « barouf » c’était par pur réflexe citoyen…

L'hélicoptère récupérera les gendarmes et leur barda, nous poursuivront la rude montée vers le Col en se ramonant les bronches et Fred ruminant à regret qu’une sépulture ancienne « a fumée » ce jour... Il pourra se consoler car il aura au moins en retour, le détail du mobilier humain retrouvé et une datation précise gendarmerie made !...
A 18h30 on atteindra la voiture à la lueur des sucrions !
Une journée bien remplie et un crime certainement élucidé, mais attendons les conclusions de l'enquête !

Un des ex coupable...

Commentaires

  1. Mais où peut-on se procurer le livre, à Lescar où rue Eugéne Ténot à Tarbes ?

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    1. C'est exactement au 17, Rue Eugène Ténot, 65000 Tarbes

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    2. Juste en face chez Madeleine ! Elle va pouvoir gérer le stock!

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  2. Je suis heureux de ne pas avoir à vous rendre visite en prison! :-)

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