La crue de novembre 2015 à la perte de Yerse.

Durant une année complète, nous avons laissé un reefnet (sensus ultra) au niveau du siphon aval de la rivière Noire du gouffre de Yerse (-400 m). Ce petit appareil gros comme une balle de golf a enregistré plus de 29 millions de données concernant la pression et autant pour la température de l'eau. L'objectif principal était de connaître les variations de la hauteur d'eau au niveau du collecteur de Yerse.
Globalement sur l'année complète, celles-ci ont été très modestes avec des montées d'eau épisodiques, souvent inférieures au mètres. Il faut dire que l'année 2015-2016 a été relativement clémente avec des épisodes pluvieux de faible ampleur et notamment très peu d'orages importants.
En revanche, sur le graphique couvrant toute la période, un pic spectaculaire et très ponctuel rompt complètement avec la platitude de la courbe. Celui-ci indique une montée brutale du niveau de l'eau de près de 61 m entraînant l'ennoiement de l'ensemble des galeries du fond, salle de l'Attrape Rêve comprise.
Un rapprochement avec les observations météorologiques du moment indique qu'il s'agit en fait de la crue du 25 novembre 2015. Cette dernière n'a pas autant marqué les esprits que celle du printemps 2013 qui avait causé de nombreux dégâts mais au niveau des résurgences de l'Ouzom, elle semblait assez comparable d'après les photos réalisées dans les deux cas.

La Herrère en crue en novembre 2013

Le graphique ci-dessous donne le détail de cette crue qui a duré 4 jours. En l'absence de chiffres sur la pluviosité du moment, il est bien difficile de bâtir des hypothèses mais il est fort probable que si la crue avait duré plus longtemps le niveau d'eau aurait sans doute atteint Marne La Vallée. Lors de la première exploration en 2014, nous nous étions interrogés sur cette éventualité. Mais que faut-il en conclure ? La première évidence est qu'il existe un frein important en aval de la perte. Cela peut être dû à un obstacle ponctuel (trémie importante, effondrement...), à la configuration géologique du fond du synclinal qui semble très "pincé", ou tout simplement au caractère exceptionnel de ces crues. Il faut reconnaître qu'à la confluence de la perte avec le collecteur (rivière Noire), le débit est pratiquement multiplié par 2. 
En tout état de cause, ces informations nous démontrent combien il est important de multiplier les observations de tous ordres (mesures de débits, de pressions, de températures...) et même si nous ne pouvons pas encore les interpréter de façon formelle, elles nous permettent de mieux comprendre le fonctionnement de notre terrain de jeu. Cela fait partie intégrante de notre job et ne devrait pas être remisé au second plan.
Patrick


Commentaires

  1. 61 mètres !!!! C'est à peine imaginable!!!!!

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  2. Surprenant et très impressionnant !Est-ce que ces mesures ont été faites au fond du Quéou ?

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    1. Non, mais effectivement il serait intéressant de faire la même chose au Quéou où visiblement il y a des montées d'eau visibles sur au moins 10 m.

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