Promenons nous dans les bois… 2
Promenons nous
dans les bois… Tant que le Glaude n’y est pas… (Bis) A.
Dole
Alors autant en
profiter…
Cette fois je
m’expatrie hors de St Pé dans la vallée de Batsurguère
(autrefois nommée Batsourriguère).
Me voila en pays du
Lavedan (aux portes du Pays Toy), traversant le village de Ségus
pour monter par une route sinueuse sur le plateau verdoyant de
Batsurguère…
En fait, c’est un
ancien Poljé certainement formé il y a quelques millions d’années
lorsque le climat dans les Pyrénées était tropical…
C’est à cette
époque que la karstification nait et les pluies acides cisèlent les
montagnes, qui se transforment en pinacles a
cérés comme ceux du
Yunnan ou la baie d’Halong, mais avec le temps et la succession des
multiples glaciations, ces pinacles ont pris des formes adoucies et
coniques… En observant la forme du Coussau, du Soum d’Ech vous
verraient ce que je veux dire…
Ce Poljé était une
enceinte fermée dont les eaux collectées se déversaient dans une
ou des pertes et coulait sous terre dans l’axe su synclinal vers
l’Est coté Lourdes…
D’ailleurs il
subsiste une perte presque bouchée et lors de certains orages le
poljé se noie car le trop plein n’évacue pas et il y a quelques
années il a débordé se déversant dans le village d’Omex causant
quelques dégâts matériels…
Durant les 150000
dernières années ce poljé a subit l’agression des glaciers et il
ya environ 15 à 20000 ans le dernier glacier a grignoté cette
vallée fermée en déposant lors de son retrait une moraine qui fait
office de barrage…
En effet, il faut
imaginer un glacier monumental qui descendait des Balaïtous,
Vignemale, Gavarnie, Troumouse, un fleuve de glace de plus de 50kms
qui confluait à Argelès et qui a modelé cette vallée en « auge »…
Ce glacier allait mourir à Lourdes où il prenait ses aises
s’étalant et fluant latéralement au Bescuns pour recouvrir le
Soum d’Ech, d’où les blocs erratiques et du sévir du coté de
Ségus…
Après
avoir laissé mon véhicule
devant la Ferme Tartacap à 730m d’altitude, j’emprunte le chemin
qui monte au Col du Prat d’Aüreilh (et non du Roy) car Aüreilh
veut dire sous le vent et vue l’orientation Est /Ouest les vents
dominants s’y engouffrent souvent. En moins d’une heure je
dépasse la cabane et poursuit ma route sur le GR en direction de
Salles…
Dans le bas du Prat
d’Aüreilh, le chemin tangente la forêt, j’en profite pour y
prospecter sans succès. On domine le cirque du Picharot perché en
haut de falaises se perdant dans les pentes boisées interminables…
De quoi rebuter le plus motivé des spéléos…
Revenant sur le
chemin presque horizontal (alt 1210m) mon regard est interpellé par
une anfractuosité dans un Hêtre multi centenaire. Il y a un
ex-voto… D’après une indiscrétion locale, c’est pendu à une
branche que l’on aurait retrouvé il y a quelques dizaines d’années
un chasseur du pays… Triste destin…
Enfin le chemin
s’élève, il a été récemment tracé dans la forêt sur un
ancien passage de Charbonniers, il est plus confortable que l’ancien
qui montait dans la prairie… Il y a partout des chemins
transversaux secondaires, vestige des charbonniers, sans compter les
innombrables Foyes que je pointe. On monte dans une belle combe
dégagée, vers 1350m un gueule béante attire mon regard, je viens
de retomber sur l’énorme glacière le L103…
Je cherche le grand
gouffre de Charbonniers, mais son pointage n’est pas bon… Il y a
16 ans que je n’y étais pas revenu et mes souvenirs se sont
estompés depuis… J’y retournerais car il est plus gros que
Paybou !
Je rejoins l’Escala
du Prat du Rey (sur la carte IGN) que les locaux nomment le Pas de
Brana : passage du terrain couvert de bruyère… J’opterai
plutôt pour le Pas de Grana : col des grands passages (transhumance)
ce qui est plutôt le cas car c’est le seul passage entre les
pâturages de Ségus et de Salles !
D’ailleurs ce
secteur est stratégique sur la crête, sous le sommet des Aguillous
(1399m) il y a une « borne » matérialisant la limite
entre ces deux communes et elle ne risque pas d’être déplacée…
En fait c’est un gouffre aux belles proportions (15x8) dans sa
partie évasée et qui plonge sur environ 40m. Il y avait de quoi
affoler les usagers de la montagne d’alors… A lui seul il est
capable d’engloutir complètement un des hêtres élancé qui
borde la forêt…
Pour info, les
lignards d’ERDF sont entrain de changer les câbles de haute
tension…
Mais avant dans le
Cot (cote 1459m) je photographie les ruines de 6 cabanes et enclos…
Ici on est loin de tout et les points d’eau sont 300m plus bas !
Plus à l’Est sous
le Soum un arbre jure avec ses congénères (hêtre et sapins) Il est
aussi tordu et rabattu par les vents, mais il est rare : c’est
l’unique Pin à Crochet du secteur, perdu à 1490m d’altitude et
il n’est pas tout jeune quoiqu’encore vigoureux…
Dans la hêtraie
proche je connais une autre belle verticale… Mais j’opte pour une
descente pleine pente en ¼ d’heure me voici en bas. J’interpelle
un berger qui regroupe ses vaches et lui indique une brebis (toison
bleue – N°20109) qui a la pate arrière droite cassée et qui
paisse près des ruines des anciennes cabanes… Il fait passer le
message… C’est bien utile le portable…
Plutôt que de
revenir par le même chemin je prends celui en rive droite qui part
du Col et rejoint l’abreuvoir de la fontaine de Sauba et retrouve
la piste carrossable qui rejoint Ségus.
A héchette (1000m), j’oblique à gauche et enquille la croupe ou fleurit deux palombières encore actives, il s’en est fait une cinquantaine la saison dernière, dixit le « paloumayre local » surpris de me voir… Et vous savez quoi ?... On longe la Coume de Mengelle… Mais il est partout l’Glaude, notre CDMDMDSP… Il a un véritable don de dédoublement cet homme là… A la fois à l’Aülhet pour la course pédestre le la « courrude » et à Batsurguère !
Super promenade qui m'a rajeunie de 75 ans, j'étais en colo en 1940 et 41 à Batsurguère et le Béout était mon Himalaya, j'enrageais d'être trop petite pour le Pibeste, réservé aux grandes ! Plus tard, avec Michel, à la recherche d'un trou à insectes, on demande à une dame du coin :Connaissez-vous une grotte près d'ici ?
RépondreSupprimerAh oui, la grotte de Lourdes...
Non, une moins connue
Les grottes du Loup ? (aménagées à l'époque)
Non, plus près. Hésitation de la dame,puis :
Ah oui, j'en connais, des grottes, mais...elles sont souterraines !
Merci Alain pour cette belle balade.
Bonjour , je vous salue avec un patronyme comme le mien.
RépondreSupprimerSuis intéressé par la ferme Tartacap dont j’ignorais l’existence.
Une photo me ferait plaisir.
Michel Tartacap