Vallon de Galère

Ce 12 juin avait lieu la première de 3 journées d’études géomorphologiques et de prospection organisées par Pyren’eau.

Pyren’eau c’est le syndicat intercommunal que nous avons assisté pour la coloration d’Aygue Nègre sous la direction du cabinet d’hydrogéologie CETRA.

Cette journée de rando prospection est la première des trois concernant le bassin d’alimentation d’Aygue Blanque (64 – Louvie Juzon). Elle aussi captée et qui se situe dans la haute vallée de l’Ouzom, faisant face à celle d’Aygue Nègre, à la limite des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées, 3 km avant d’arriver au village de Ferrières (65).

Comme pour Aygue Nègre, Aygue Blanque se situe au pied d’une gouttière synclinale (en forme de U) aptienne (dépôt coraliens et autres récifs coquillers marins datant d’environ 115 millions d’années) reposant sur une couche étanche plus ancienne dite des marnes de Saint Suzanne (dépôt détritique datant d’environ 125 millions d’années)

Aygue Blanque en crue (la longue chevelure blanche de la cascade a donné le nom à cette résurgence)

Donc j’accompagnais Olivier et Jacques de Pyren’Eau ainsi que Franck de CETRA

Le temps était gris et brumeux comme mes esprits car le matin précipitamment, j’ai chargé mon sac et mes chaussure, m’apercevant arrivé au point de rendez-vous, que j’avais une paire dépareillée avec une chaussure de mon épouse qui chausse du 38 !

J’en serais quitte pour monter avec une basket et un autre pied bien sanglé dans une chaussure montante.

En plus la monté débute dans les roches jurassique callovo-oxordien, bien noir et glissant bien connu de ceux qui ont trainé leurs baudriers au fond des TP19 et TP 30... J’en connais quelques-uns, qui ont des souvenirs impérissables du sable dolomitique qui s’insinuait dans la sous combinaison se fixant entre la peau et la sangle du "baudard", dont le frottement de la "toile Emery" te faisait marcher comme un cow-boy durant une semaine après l’explo…

Donc, la matinée débute par un "faux plat" qui se redresse et chemine en lacets serrés. Franck, notre hydrogéologue est aux abois, il prend des notes relève les orientations de fractures, puis en traversant un éboulis que nous qualifierions de "caillasse grisâtre", lui il détecte un changement de fasciés (de couche) on vient de faire un bond et de gagner 15 millions d’années en foulant le dépôt Kimméridgien du Jurassique donné pour 150 Millions d’années !

Enfin nous atteignons le vallon de la Glacère. Je connais bien les traces pastorales des vestiges des bucherons qui exploitaient au câble les grumes de hêtre qui descendaient dans la vallée il y a environ 70 ans mais je n’ai jamais descendu un trou dans ce coin. Nous poursuivons la randonnée en remontant le vallon de l’Escanat.

Fondations du baraquement et des vestiges.


Là, coincé entre Pène Rouge et le Pic de Mondragon, une belle et grande dépression en plein cœur du synclinal et ses pertes ravive l’intérêt de l’hydrogéologue. Dont le trou de la Bat d’Ariste qui ressemble à une vieille désob spéléo du type très motivé et de "leveur de pierres" ! Mais qui seraient ces manieurs de blocs ? 


Non Bubu, tu n’es pas visé et en plus on est hors de la RNR, donc tu n’y es pour rien ! 😉...

Une colo serait possible, mais en y stockant au préalable assez d’eau et en période très pluvieuse ou de fonte des neiges. Une opération difficile mobilisant pas mal de moyens et coûteuse pour Pyren’Eau.

Autre intérêt est cette trace de 9 cm de large environ… Gros chien ou petit loup ?


Il faut dire que Jacques, l’avaleur de montagnes, en arrivant le premier au col de la Glacère a vue détaler dans la frondaison un quadrupède foncé, à l’évidence plus canidé que ruminant…

A moins qu’il ne fut abusé par la "broutche de la Glacère" dont les maléfices fumeux, dit-on, rodent dans l’humeur moite des sous-bois…

Quoi qu’il en soit on était tous à l’eau claire et ces clichés ne sont pas des hallucinations sous psychotropes.

Nous trouverons un bel effondrement gouffre de 3 m qui n’est pas encore porté sur Karsteau.

En repassant par la vallée de la Glacère, nous identifieront la couche de marne de Saint Suzane sur la
bordure Nord du synclinal prise en sandwich entre les roches calcaires du Crétacé et du Jurassique.


Mais là par endroit la puissance (épaisseur) est de 15-20 m tout au plus… Et peut être complètement laminé, d’où une connexion possible entre les deux couches calcaires qui théoriquement ne le sont pas !

Ensuite nous avons recherché le trou du Crâne, retrouvé par Olivier et perdu dans une pente raide au-dessous d’un ancien chemin de charbonnier. Le crâne est celui d’un bovidé et vue sa patine il est certainement tombé dans ce piège il y a très longtemps.

Par contre, on a fouillé, tourné, refouillé quadrillé le secteur à la recherche du fameux Gouffre de La Glacère, le trou le plus profond du secteur avec ses 140 m de profondeur. Aucune trace autour de son pointage. On a bien trouvé un trou à 50 m du pointage théorique. Or d’après les infos de Karsteau, les coordonnées sont approximatives et d’après la topo l’entrée est un puits d’environ 8m ce qui correspond…

Alors pour sa description, on l’atteint en montant une combe avec des restes de palettes de palombière et des câbles, en haut il y a un replat : une foye de charbonnier. A 5 m de là, un gros rocher masque l’entrée du gouffre de forme ovale (2x1.3).


En conclusion, une belle journée car cela c'est bien dégagé l’après-midi et un bon crapahut de 1100 m de dénivelé cumulé. Surtout le plein d’informations accumulées et partagée par Franck, car la carte géole n’est pas des plus précise dans ce secteur… Pour Pyren’Eau un secteur ou les spéléos sont loin d’avoir atteint le niveau de base, mais une zone pouvant, avec de gros moyens, se prêter à une expérience de coloration. A suivre si lors des prochaines sorties de terrain, d’autre secteurs ne sont pas plus propices.  

Alain D

Commentaires