Souvenirs de Philippe Virollaud

Les “anciens” de la Pierre, des Toupiettes et des Charentes et du 65 se souviennent...

Philippe Virollaud nous a quitté le 5 janvier 2016. Je ne l’ai appris que tard hier soir.
Il a été membre du GSHP de 1981 à 1988.
Il faisait partie des 4 de la Galerie des 4 dans Arphidia 3 au début des années 80
Il est aussi à l’origine du nom de la Salle des 29 ans toujours dans le même coin où nous avons débouché le jour de ses 29 ans avant de galoper dans la galerie des Tarbais, très près de la jonction avec la Salle de la Verna.

Il était bien sur présent pour les 50 ans du GSHP de Tarbes en 2011 et il ne manquait pas de venir nous faire un petit coucou chaque année pour la “Fête du sport en famille” à Soues.


Bon vent Philippe.

Ci dessous 3 textes reçus, en hommage à Philippe.

************************************************************************

Texte de Paul Trouvé 
Bonjours a tous
Personnellement j’ai connu Philippe  avec les sorties du club ( ASC Charente ) dans les années 1969 1970 avec P Vauvillier en particulier qui emmenait les p’tits jeunes en spéléo le dimanche en Dordogne . Super époque qui allait transformer nos vie. Je me souviens des grottes comme La Meyssandie , Rouffignac , la Brauge ,mais surtout du Trou qui fume( plus de 14 km de galeries) ou nous avions fait ensemble beaucoup de vierge dans le réseau des Grecques. Philippe était toujours présent, on passait le chercher chez lui, c’était le rituel. Apres il y a eu les camps aux Picos de Europa pendant plusieurs années. Il y avait d’ailleurs amené ses deux frères que je côtois toujours. D un naturel fonceur, certes petit physiquement, mais se faufilant partout il ne lâchait jamais. Ce fut une bien belle histoire d’amitié.  On s’est un peu perdu de vue quand j’ai fait mes études à Poitiers, mais quand je lui ai proposé de venir faire un tour dans les gorges du Bitet en septembre  1975 ou peut être 76,  il était là. 
 
Nous étions bien mal équipé, spéléologue avant tout  donc pas du tout  dans l’esprit canyon, pas de combine, un bateau gonflable descendeur double …hum hum… a cette époque nous cherchions surtout d’éventuelle résurgences…  C est après cette première descente dans le Bitet inferieur que nous y sommes  retournés avec Gil Chaulet, Philippe Bertier je crois, Jacques Bourganel (avec un bien mauvais souvenir il a frisé la noyade) en novembre avec arret sur une cascade de 20 m je crois.  
Apres l’épisode du Bitet  j’ai perdu de vue Philippe qui est parti dans les Pyrénées. Mais il était angoumoisin d’origine. Il  était avec Michel Douat quand ils ont fait la première descente d’Altagneta  un des plus beaux canyons du Pays Basque qui débouche dans Kakouetta. Apres je n’ai  plus eu de nouvelles. Je soigne sa famille et j’ai essayé de le voir lorsqu’il montait  rarement sur Angoulême, sans succès.  
Paul Trouvé

   ***********************************************************************************

En souvenir de Philippe Virollaud qui était de l’équipe de la première jonction entre le Trou du Robinet et Arphidia le 21 mars 1981.

Les lignes qui suivent sont des extraits de mon gros cahier noir dont les plus anciens du GSHP se souviennent. Ce sont les quelques explos qui ont amené à cette jonction.

11 janvier 1981 (Michel Douat, Alain Massuyeau, Jean Marc Tilhac, Bernard Vigneau) :
Après une explo dans l’affluent du Viel Os de la salle Casteret la veille on reprend l’explo du Trou du Robinet où on avait progressé l’an dernier avec l’équipe de Brassac. A quelques mètres du tunnel de la Verna on avait ouvert un passage jusqu’à un P6 suivit d’un P16, mais le vent se perdait dans une trémie au sommet du P16. Au sommet du P6, un méandre étroit qui nous avait échappé aspire une bonne partie de l’air. On arrive ainsi sous un éboulis mais le méandre est trop étroit sur 2 mètres environ.
24 et 25  janvier 1981 (Cathy et Pierre Batan, Bernard Bobeau, Richard Dutauziet, Chantal Tareau) :
L’équipe s’occupe du méandre et le dimanche soir il ne reste plus qu’un becquet à casser pour passer. Du noir est nettement visible en haut de l’éboulis.
8 février 1981 (Michel Douat, Alain Massuyeau, Bernard Vigneau, Philippe Virollaud, Michel Morin, Jean Couget) :
Une heure de travail pour sortir du méandre et une autre pour dégager l’éboulis et on passe dans une salle ébouleuse de 10 m de long, 5 de large et 10 de haut. Beaucoup de boue rouge. Sur le bord de la salle opposé à l’arrivée l’éboulis plonge le long de la paroi. Le vent y passe. Il faudra continuer la désob dans la boue rouge.
22 février 1981 (Pierre Batan, Bernard Bobeau) :
Désob en suivant le vent vers le bas. Eboulis branlant et même croulant. Accès à une salle d’où partent 2 galeries. Vers ce qui semble être un amont arrêt sur puits remontant au bout de 50 m. Vers l’aval, explo sur 50 m jusqu’à un puits de 20 m. Du vent des deux côtés.
7 mars 1981 (Cathy et Pierre Batan, Pierre Brossard du SC Gascogne, Marie Claude Douat, Bernard Vigneau) :
Le puits aval est descendu, il fait 21 m. De là explo d’environ 350 m de galeries orientées globalement est – ouest. Vers l’est (amont) arrêt sur traversée de puits. Vers l’ouest (aval), grandes galeries ébouleuses complexes coupées de petits puits et parcourues par plusieurs petits actifs. Arrêt à -83 sur étroiture en sommet de puits avec fort courant d’air. Topographie du fond au tunnel et de l’amont : le terminus de l’amont de -45 est à moins de 50 mètres de la salle Accoce d’Arphidia. Ça sent la jonction !
21 mars 1981 : ce jour-là le GSHP a décidé de mettre le paquet pour l’explo du trou du Robinet et en profiter pour mieux équiper le P18 d’Arphidia seul accès pour l’exploration d’Arphidia III en cours depuis un an. Ça va être un grand jour !
Equipe 1 (Pierre Batan, ? Solanet, Jean Marc Tilhac) :
L’étroiture de -83 est franchie. Au-dessous : P7, ressauts en escalade sur 10 m, accès à une grande fracture sud – nord et descente d’une série de puits (15, 8, 7, 2, 3 m) puis progression dans un méandre avec beaucoup de vent. Arrêt à -140 au sommet d’un P7 d’où on aperçoit une salle ou une galerie. Retour en surface.
Equipe 2 (Ruben Gomez du Bassaburu, Jean Claude Roux, Bernard Vigneau) :
Equipement hors d’eau du P18 en crue. Pose de fils clairs sur 10 m de long. La descende est ensuite possible presque hors d’eau, mais aujourd’hui ça mouille encore.
Equipe 3 (Cathy Batan, Michel Douat, Alain Massuyeau, Philippe Virollaud) :
Explo de l’amont de -45 vers l’est en faisant la topo. En fait il y a plusieurs galeries complexes vers l’est. La traversée de puits (arrêt du 22/02) est vite faite. 25 m plus loin on parvient dans une salle où toutes les galeries de l’amont semblent se rejoindre. Au fond de la salle, un court méandre donne sur un grand vide. Un coup de phare permet d’identifier la salle Accoce. On vient de déboucher à l’opposé de l’arrivée depuis le P18, environ 10 m plus haut. Equipement de la paroi : plein gaz de 42 m. On décide alors de ressortir par Arphidia en profitant de l’équipement en place et celui hors d’eau que les copains sont en train de mettre en place dans le P18. Photos et délires divers au passage. On sort par le P18, mais on se rince quand même en bas du puits car la crue est importante. Arrivés à l’embranchement du tunnel on hésite un peu : sortir pour casser la croûte ou aller à la rencontre de l’équipe 1 ? Va pour l’équipe 1 sauf Jean Claude qui a mal supporté un couscous trop épicé la veille. On repart avec la bouffe et un peu de matériel.
Equipe 4 : (Cathy Batan, Michel Douat, Ruben Gomez, Alain Massuyeau, Bernard Vigneau, Philippe Virollaud) :
Progression vers l’aval du Robinet à la rencontre de l’équipe 1. Au passage explo d’une vaste galerie perchée 50 m en aval du P21. Un peu plus tard on retrouve l’équipe 1 qui remonte. Ils sont pas mal trempés car ils ont fait la désob sous une cascatelle. Pause casse-croûte. Finalement, et vu ce qu’ils nous disent on décide d’aller voir leur P7. Eux ils remontent pour se sécher.
En bas du P7 c’est le délire. Il y a de grosses galeries qui partent vers l’est et vers l’ouest. On y galope pendant plus de 2 heures. C’est Byzance ! Le nom est resté. La galerie vers l’est est plus complexe avec plusieurs branches qui se terminent sur des puits, mais l’axe principal butte sur une trémie 200 m à l’est du P7. Le vent y est aspiré. En bougeant quelques blocs on arrive dans la paroi d’un puits vite identifié. C’est le puits Prébende du Chaos du Baron et c’est la deuxième jonction de la journée.
Alors on file vers les deux galeries ouest. C’est encore plus grand. Au bout de la principale on s’arrête sur un puits d’au moins 50 mètres. Pas de topo, on reviendra. On a exploré environ 600 mètres depuis le P7 et le Robinet doit approcher les 2 km.
Après, c’est la suite de la saga du Robinet et d’Arphidia III.
Michel Douat

*************************************************************************************

Texte de Alain Christophe Rouillé


Les débuts de Philippe VIROULAUD à l'A.S.C. (Association Spéléologique Charentaise)
J'ai vu Philippe en spéléo en 1969, à peine sorti de l'adolescence. Vraiment pas épais...
C'était au Trou qui Fume, en Charente (A ce jour plus de 10km de galeries...).

Au bout de 3 sorties dans cette cavité très sélective, il chemine comme un spéléo ayant 50 sorties au compteur. Dans ce labyrinthe qu'est le T.Q.F, il se repère sans souci ; et ressort TOUJOURS avec sa lampe à carbure en fonctionnement.... Ce qui est rare au T.Q.F.

La séance de mât d'escalade
Le T.Q.F. a pas mal de boyaux glaiseux, et en 1969, ils étaient encore moins hauts que maintenant (les passages ont a fini par les agrandir).
Un jour l'idée de chercher une entrée directe APRES le boyau d'entrée a germé ; dans la galerie Panoramix donc. Ce boyau était la bête noire de beaucoup de spéléologues....

Donc, une expédition avec un mât d'escalade est décidée...Eh oui, en ces temps lointains, les perfos sur batterie, on n'en rêvait même pas ! Et la remontée en escalade artificielle avec des spits est estimée trop longue....

Comme souvent, après l'idée, il faut de la main d'oeuvre, et celle-ci fait défaut. L'idée de traîner un mât d'escalade dans LE BOYAU semblait complètement farfelue.

Nous l'avons fait à 3.....
Ce qui nous a obligé à franchir le fameux boyau 4 fois avec des sacs lourds accrochés au pied ; plus les passages à vide, je veux dire sans sac !.... Avant de monter le mât pour constater que la nouvelle entrée ne pourrait pas se faire...

Le titre du Trou qui Fume
Le T.Q.F. était catalogué Longueur 5m, profondeur 5m avant une désobstruction qui donne accès à 600 de galeries.

Aussitôt topographiés par un obsédé de la topographie. Qui a bien sûr placé son titre où il y avait de la place....

Peu de temps après, le BOYAU est franchi, et le réseau des romains est découvert .

Le topographe est obligé de déplacer son titre.
Mais avant de le replacer, il jette un œil dans la cavité, et installe son titre entre deux réseaux, sur une zone instable.

Et un jour avec Philippe, nous décidons de faire déplacer le titre !
Pour cela , il va falloir vider une cheminée remplie d'éboulis.

SACHANT que nous sommes en BAS de la cheminée.
Donc séance avec une perche, grattage, quand ça tombe, aux abris...(ici il y a de la place pour se « garer », nous avions fait la même chose dans un endroit plus délicat pour se mettre à l'abri...)

Le plus étonnant c'est qu'à certains moments, nous ne touchions à rien, et l'éboulis tombait tout seul !
Après deux longues séances de désobstruction, nous avons trouvé un bout de salle cernée par des éboulis monstrueux, et le titre est resté à sa place.
Nous étions juste à ras !

Commentaires

  1. Grosse émotion !
    Encore un de moins dans l'équipe des 4 dont je faisais partie
    Bonne route Philippe... Vas y ,va la faire notre jonction !
    Tu le peux maintenant...
    Jean Marc Tilhac

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi aussi , je faisais partie des 4 ...On n'est plus que 2 ... Put...ça fait peur !

      Supprimer
  2. Si jonction entre Arphidia et Verna se fait un jour, le nom est tout trouvé... Salut Philippe

    RépondreSupprimer
  3. J'avais revu avec joie Philippe et sa femme au 50e anniversaire du GSHP. Nous avions parlé d'Yves-Marie. Tous deux nous ont quitté, tous deux avaient changé physiquement mais gardaient intacte leur passion que le GSHP et l'ARSIP prolongent à la Pierre et autres lieux. Comme tous ceux qui ont connu Philippe, je suis triste et partage la peine de ses proches.
    Madeleine Cabidoche

    RépondreSupprimer
  4. Franchement désolé de cette information.
    Je ne l’avais plus vu depuis fort longtemps, mais son image revient... Il n’avait pas de lunettes quand je l’ai connu et, comme moi, il devait s’habiller en 40 (peut-être même 38 pour lui).
    P’tain.... “Elle” n’en loupe aucun !!! et “Elle” n’en n’oubliera aucun...
    Moralité : CARPE DIEM et même, plutôt au pluriel...
    Michel Lauga

    RépondreSupprimer
  5. Triste nouvelle. Mes premiers souvenirs avec Philippe remontent aux années 74-75...explo fond du TQF (charente), I19 et M2 aux Picos avec l'ASC le club de nos débuts. C'était aussi l'époque de Ph. Ravail (Minus). Le Virollaud avec sa clope au bec et ses mains de mécano (un spécialiste de la SM Citroën moteur Maserati pour ceux qui s'en souviennent), c'est un de ceux qui a accompagné mes premiers pas sous terre!
    Encore un bout de notre jeunesse qui... Adieu l'ami.
    Pierre-Michel Abadie

    RépondreSupprimer
  6. Philippe, pote de St Pé, d’Arphidia /Robinet, du M3 avec Mickey et Sifu les seuls à avoir vu un « zombi ramper au raz de leurs bottes » (il y a un dossier)…
    C’est difficile de constater que des copains nous nous quittent si tôt…
    On a passé de bons moments, c’est de cela qu’il faut se souvenir…
    De là-haut ou d’en dessous… Nous pensons à lui…
    Alain Dole

    RépondreSupprimer
  7. Je n'ai appris le décès de Philippe qu'aujourd'hui 25 janvier au retour d'un séjour chez des copains spéléo du Vaucluse. Ça fait mal.

    J'avais rencontré Philippe en mars 1975 à Angoulême lors d'un rassemblement de la disparue Entente Spéléo Pyrénées Charentes. A l'époque il était à l'AS Charentes. Quelques jours plus tard on faisait nos premières explos ensemble dans la Pierre et Arphidia. Il était avec Alain Radeuil dans l'escalade qui a permis la découverte de la Petite Vérole dans la Verna. Quelques mois plus tard il était avec nous à Iseye pour l'explo du Touya puis du Yogom. Il nous a accompagné ensuite dans la Pierre et dans Arphidia. Comme il descendait de plus en plus souvent dans les Pyrénées, il s'installe à Pau fin 1979 où il travaille au garage Citroën. Après, il est des toutes les aventures d'Arphidia III et des Toupiettes.

    Il avait l'air d'un gringalet fragile, mais sa résistance et sa volonté étaient celles d'un grand spéléo et en plus il équipait très bien les puits à une époque où ce n'était pas la préoccupation de tous !

    Après quelques ennuis de santé et des déboires sentimentaux il commence à se faire rare dans nos expés puis décroche à partir de 1986 au moment de la découverte d'Arphidia IV. On ne s'est plus retrouvés que rarement ensuite ...

    Mickey Douat

    RépondreSupprimer
  8. Aujourd'hui 6 février,je viens d'apprendre que Philippe était parti pour sa dernière exploration, la flamme que nous lui avons tous connue, sur son casque et dans ses yeux, continuera de nous éclairer, il est simplement parti devant , comme il l'a si souvent fait .
    Jacques Bourganel

    RépondreSupprimer
  9. Philippe , un homme passionné et entier, qui tout jeune nous entrainait déjà dans les dédales du Trou qui Fume en Charente. Infatigable découvreur, il nous ramenait vers la sortie qu'après avoir atteint son quota de vierge. "Ptain les gars" Puis, ce fut les cavités des PICOS, et là encore de grandes découvertes. Salut Philippe.

    RépondreSupprimer
  10. Attristés par ce départ trop précoce,c'est avec émotion que nous nous remémorons tous les bons moments partagés avec toi en Charente,dans le Lot,les Picos,les Pyrénées...Nous gardons de toi l'image du spéléologue ( et pas que...) passionné et généreux. Salut Philippe.
    Philippe, Michele Berthier.

    RépondreSupprimer
  11. Il y a bien longtemps en Charente, Philippe m'à aidé à faire mes premiers pas "boueux".
    Il était redoutable d'endurance sous un gabarit qui n'en laissait pourtant rien paraitre.
    Je me rappelle un certain petit déjeuner à la carrière de Gratte chèvre dans la forêt domaniale de La Braconne ou il avait excellé dans l'art du dégout culinaire en trempant un sandwich à la sardine à l'huile dans son café!!!
    Sacré Philippe j'aurais aimé de redire mon amitié avant l'extinction des flammes.

    Gérard Truffandier

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire