A la manière de Norbert
Je suis de plus en plus étonné que de moins en moins de gens connaissent Norbert Casteret, même dans le microcosme spéléologique. Pour certains, ça leur dit bien quelque chose mais ils n'ont jamais lu un de ses livres. Pour d'autres, ce n'est que le nom d'une grotte du côté de la brèche ou d'une salle dans la Pierre .... Pourtant, les spéléos de ma génération, pas si vieux que ça donc, ont grandi avec les écrits de ce pionnier de la spéléologie d'exploration, au même titre qu'ado je lisais avec passion les bouquins de Jules Verne ou Roger Frison-Roche. Beaucoup de quinquas et sexas sont venus à la spéléo après avoir lu un de ses bouquins.
J'ai retrouvé dans un carton, un vieux Casteret que m'avait offert mon père: "Dix ans sous terre". Norbert Casteret y raconte ses débuts, cette envie d'explorer, cette passion qui ne le lâchera plus. Les scurions n'existe pas encore, l'acétylène il ne connait pas, c'est donc à la lumière de bougies souvent artisanales qu'il fait ses premiers pas sous terre. La caverne se dévoile ainsi à la faible lueur vacillante de la chandelle, accentuant ainsi la beauté de la découverte. Pour ne pas avoir sur lui de vêtements mouillés, il préférera explorer ses premières cavernes en tenue d'Adam. Ainsi , il raconte qu'à la sortie de l'explo de la grotte de Labastide, dans le plus simple appareil, il devra attendre longuement, caché dans un fourré, que la bergère du lieu daigne enfin rentrer ses blanches brebis ... Mais ce contact de la peau sur la roche lui fait découvrir d'autre relation avec la caverne, une relation encore plus intime, quasi mystique ...
J'ai prêté ce bouquin à la Moufette. Elle connaissait Monsieur Casteret mais pas ses écrits. Ca a été une révélation pour elle et depuis elle m'arrache des mains toute ma collection que je lui prête avec grand plaisir. Elle a voulu essayer l'éclairage à la bougie et le contact de la roche sur la peau... Voici son compte rendu.
Compte rendu d'une sortie en solo et à la bougie à la PALE.
Je fais quelques photos pour les
copains et je file faire ma traversée. Je vois vite qu'il faut éviter de
regarder la flamme pour que les yeux s'acclimatent à la pénombre et distinguent
au mieux les formes de la grotte qui apparaissent et se dissipent au rythme
imposé par la danse de cette petite flamme qui joue avec le vent, le
mouvement et ma respiration.
Difficile de suivre un
itinéraire, on ne voit pas grand chose, enfin assez pour voir on l'on
pose les mains et les pieds. Tout à coup j'entends un gros flop! Juste au
moment où j'arrive au niveau d'un petit lacquet d'eau ... puis un autre
plus fort. Une truite? Non impossible pas ici... et je n'y vois rien avec mon
bout de chandelle, impossible de distinguer quoi que ce soit ... tant pis je
traverse sans m'attarder, il y a beaucoup d’eau, sur l'autre rive j’hésite,
mais je sens un courant d'air qui m'indique le chemin et un mètre plus loin une
lumière qui se reflète sur la roche, la lumière du jour.
Je fini ma remonté, ma bougie en
main, avec sa petite flamme qui se met à danser la samba dans le courant d'air.
Je sors et retourne à mon point
de départ.
"J’ai exploré, pendant
plusieurs années à la lueur faible et vacillante de simples bougies tenues à la
main, sans autres directives qu'une sorte d'instinct des grottes et dans
une tenue "adamique" que même les hommes des cavernes, vêtus de peaux
de bêtes, auraient jugé trop sommaire" Norbert Casteret
Deuxième traversée... je laisse
tout le superflu à l'entrée de la grotte, j'essaye d'allumer ma bougie dehors
mais rien n'y fait, je file par la petite entrée histoire d'essayer
l'efficacité de ma nouvelle tenue, oups pas très chaud mais très pratique, je
suis rentrée, et j'allume la bougie, la impec Maintenant je connais le
chemin , mais je dois modifier ma technique de progression, mon souffle est
plus prononcé, ça glisse, il faut se servir de son corps comme d'une ventouse;
la roche est froide, arrivée au lacquet le flop recommence de plus belle et je
me rends compte que c'est le trop-plein du gour surplombant le lacquet
qui fait jaillir l'eau quand je marche dedans et provoque ce bruit de
"truite qui saute dans l'eau"; je passe le lacquet avec de
l'eau pas loin de la taille... mais l'eau est plus chaude que le contact
direct avec la roche, donc ce n'est pas désagréable. Je suis obligée de me
faufiler comme un poisson dans ces passages très argileux et glissant,
toujours au contact de la roche pour éviter la chute par glissade petit à
petit, je prends le coup et ça passe bien, même très bien, liberté complète de
mouvement oblige ... sauf que la bougie à la main s'est éteinte 3 fois et
trois fois dans le noir, je la rallume (j'ai accroché le briquet à la bougie
par un caoutchouc)... j'ai pas à fouiller dans mes poches pour le trouver
....smile.
Maintenant je vois la lumière du
jour, je remonte la rejoindre sans me presser, ma bougie s'est éteinte; je
profite de ces derniers moments de pur bonheur. Je sors de la cavité et
récupère une sous combi et des pompes que j'avais laissées sur place histoire
de ne pas choquer d'éventuels promeneurs avant de retourner à l'entrée
récupérer ....mon superflu.
Une
expérience.....FABULEUSE...
Au sujet des étroitures: "dans
bien des cas, il faut ce qu'il faut, c'est a dire être le plus svelte possible,
bannir tout vêtements et ramper nu comme un ver de terre. Il faut voir là une
harmonie providentielle une nécessité, une précaution de la nature que l'homme
a intérêt à imiter en pénétrant dans ce domaine spécial. Donc en tenue légère
ou nu." Norbert Casteret.
Merci Mr Casteret vous êtes mon idole .... après
Bubu bien sûr!
Véro la Moufette
Super expérience , bravo Véro ! Mais à la Pierre ça sera plus dur...
RépondreSupprimerEt pour que le souvenir de "Papa" ne s'évanouisse pas, je vais commencer à confectionner des affichettes "JE SUIS NORBERT"
A la PSM ? pourquoi pas ? c'est le lieu qui dicte, ce n'est pas moi.
Supprimeret quand le lieu appel à cela, ce n'est qu'un grand bonheur, une évidence...
Ma seule expérience a été de retirer tous mes vêtements pour passer le lac à la nage dans la grotte de Niaux donnant accès au réseau Clastres. J'avais quand même remis ma combinaison directement sur la peau, j'étais pas tout seul ! Même remettre la combine humide directement sur la peau je vous le conseille pas !
RépondreSupprimerà la Pierre? une bougie et la spéléoponcho d'Annette, il ne faut pas plus :-)
RépondreSupprimer...et grâce au plan de féminisation de la fédé, va y'avoir des choses à voir sous les spéléoponchos !
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