Les affaires reprennent....
Après deux mois d'abstinence durant lesquels la spéléo s'était réduite à regarder des vidéos d'un autre temps ou celles de quelques irréductibles qui s'acharnaient à franchir de pseudo étroitures sous le canapé du salon, nous n'avons pas trop trainé pour renfiler les bottes et le baudrier.
Certains prédisaient qu'après le Covid, rien ne serait plus comme avant. Peut-être bien qu'ils avaient raison... Avant, on s'acharnait sur des trous qui ne passaient pas et là, en l'espace d'une semaine, voilà que coup sur coup, nous parvenons à faire quelques jolies découvertes. Rien de spectaculaire, mais suffisamment jolies pour reprendre goût à la vie et surtout à notre activité favorite.
Le puits des Garrocs
La première découverte a lieu deux jours après le déconfinement dans un petit gouffre de la montagne du Rey que nous avions ouvert le 16 mars dernier, veille de notre retraite forcée (Sandrine et Patrick). Deux beaux puits de 30 m nous ont permis d'atteindre -62 m. Même si le gouffre s'arrête sur des remplissages argileux et de grandes coulées stalagmitiques, nous n'étions pas mécontents de cette reprise.
Au bas du premier puits (-33 m)
Le fond à -62 m
Et puis, il y avait le Sousbet....
Un petit rappel s'impose. Ce trou souffleur, déjà signalé par le GSHP en 1994, avait fait l'objet d'une série de séances acharnées pour agrandir un minuscule méandre mais parcouru par un très net courant d'air soufflant.
Le 29 février dernier (cr ici), malgré la pluie, l'équipe de forçat s'était arrêtée au bord d'un puits avec une forte résonance. Et puis, le vilain virus est arrivé, clouant chacun à la maison...
Hier (vendredi) nous sommes 6 au parking de Cacha (Bubu, Alain M. Jean Claude, Pierre Michel, Sandrine et Patrick). On ne se sert pas la main, mais les sourires de chacun laissent à penser que le cœur y est. Bon, on va essayer de respecter les gestes barrières !
Arrivés à l'entrée, le courant d'air soufflant est net. Alain descend aménager le passage en tête de puits. C'est vite fait et nous prenons sa place avec le matériel de descente. Le puits mesure 12 m. Il est vaste ce qui explique la résonance particulière.
Le P.12 d'entrée.
Une fois en bas nous faisons l'inventaire des possibilités de continuation. Il y a des départs en amont, mais avant tout c'est l'aval qui nous motive.
En direction des amonts. Une escalade à voir.
Par un confortable boyau descendant, nous rejoignons un conduit beaucoup plus vaste et soudain, on entend Bubu crier "Rivière, il y a une rivière !!!". Effectivement, la galerie devenue horizontale est parcourue par un joli ruisseau.
L'arrivée dans le ruisseau (-24 m)
L'amont semble étroit, mais amène de l'air (à revoir). Une partie de celui-ci file en aval tandis-que l'autre ressort par l'entrée. Nous débutons la progression avec précaution car le concrétionnement est abondant et il faut louvoyer entre les fistuleuses qui par endroit mesurent près d'un mètre de haut.
Le conduit, de taille humaine (env 1,3 x 2 m) est bordé d'anciens remplissages soudés par de la calcite, et plus loin, ceux-ci forment la voûte de la galerie. Au sol, le ruisseau a entaillé le niveau des marnes qui constitue l'écran imperméable local.
Des remplissages surcreusés bordent la galerie
Certains restent "collés" au plafond.
Nous nous relayons pour passer devant et goûter pleinement à cette jolie découverte. Mais au bout de 180 m, les parois se resserrent et la galerie prend la forme d'une étroite et profonde diaclase. Juste au milieu une colonne crée une étroiture ponctuelle. Mais ça passe...
Petite salle avant le terminus de -34 m
Sandrine et Patrick partent en reconnaissance. Ils parcourent une trentaine de mètres supplémentaires. Cela redevient plus gros mais après un bassin ils s'arrêtent sur un petit puits copieusement arrosé. Le retour se fait au rythme de la topo.
Du côté de l'amont, les départs les plus évidents ne donnent pas grand chose. Il reste cependant l'amont du ruisseau qui semble bien étroit, mais qui sait...
Série de gours dans un des conduits amonts.
Au total, la grotte totalise 240 m de développement pour un dénivelé de 34 m. Elle se dirige tout droit vers la grotte des Castagnets dont elle constitue probablement l'amont.
Affaire à suivre...
Respect des gestes barrière (PMA semble sceptique !!!!)
CR et photos d'Alain et Patrick
Bubu
Le compte rendu de Bubu:
Ca y est, on peut reprendre la spéléo ! Enfin ! 53
jours d’attente, un an, un siècle, une éternité... Ca y est, ça me reprend. Un
air de Jo Dassin qui me trotte dans la tête ! Je chante. La vie reprend,
non je n’ai pas changé. Tiens, une nouvelle chanson frappe mon cerveau fatigué
par la mise en place d’un protocole sanitaire drastique pour assurer la sécurité
demes élèves et du personnel.
53 jours de prise de tête et enfin la libération !
On a rendez vous ce matin pour reprendre le Sousbèt, ce
petit trou qui portait tous nos espoirs avant le confinement et dont nous avions
du arrêter l’explo alors que PMA avait vu le grand vide de la suite !
Cette suite qui nous hantera pendant de trop nombreuses semaines !
Certains rêveront même de la suite, THE suite , rêve arrêté malheureusement par
l’envie de pisser !
Nous sommes 6, pas trop nombreux pour pouvoir respecter la
distanciation physique. Et puis dans cette entrée pas très large, on est plus
souvent en tête à tête avec les fesses de celui qui précède qu’avec sa bouche
et les risques de postillon !
C’est Patrick qui est chargé d’équiper le puits. Tout le
monde y va de son commentaire ! Comme d’hab.... « Et tu penses bien à
mettre 2 amarrages en début de main courante, il y a un instructeur qui nous
surveille ! », « et le puits, tu essayes de l’équiper plein vide
s’il te plait », « plus haut, y’en a qui ont des petites jambes »,
« et tu nettoies, sinon ça parpine ! »... et Patrick, stoïque,
fait son boulot, tranquille ! Peinard ! ... et se pose une quinzaine
de mètres plus bas. Il me crie « Libreeeee !» dans un écho pas
possible qui fout la banane à tout le monde ! Branle bas de combat en
surface, tout le monde s’équipe ! Moi je suis déjà tout équipé dans le
trou et je rejoins Patrick en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire !
C’est gros ! C’est beau !
Première des choses à faire en attendant les copains,
retrouver la massette qui avait fait du vierge sans nous attendre avant notre
repos forcé. Mais rien à faire, elle a du rester coincée plus haut, perdue à
jamais !
Les copains arrivent les uns après les autres, on mitraille,
on filme, c’est grand, c’est booooooooo !
On sait que le trou est idéalement placé entre les grandes
cavités du Montagnon de La Pale en amont et le réseau des Castagnets en aval.
Avec PM, on fouille ce qui pourrait donner vers un amont au niveau d’une énorme
coulée spectaculaire ; mais ce sont des escalades, on verra plus tard.
Patrick a repéré un passage avec du courant d’air qui semble continuer par une
galerie confortable. Les copains me proposent de passer devant ! C’est un
privilège qui n’arrive pas si souvent que ça en spéléo d’explo et je ne me fais
pas prier ! Petit ramping, je me redresse dans une belle galerie de 2 par 2 et je progresse profitant de chaque
instant. Petite désescalade glissante et je m’arrête net, tous les sens en
éveil ... mais, mais, on dirait bien.... mais oui, c’est ça, pas de doute !
Et je crie en oubliant de bégayer : « La rivière, j’entends la
rivière ! »
Rien ne bouge derrière moi. « La rivière, j’entends la
rivière ! ». Là, ça commence à s’agiter. Quoi ? Qu’est ce qu’il
a dit ? « La rivière, j’entends la rivière ! ».
Ca y est, tous les copains sont là, les pieds dans le
ruisseau ! Le méandre est devant nous, de taille humaine, la rivière coule
au milieu, de belles concrétions commencent à apparaitre ici et là. Le rêve
devient réalité !
Je continue, la rivière coule sur un niveau imperméable, les
spélothèmes comme disent les scientifiques sont très variés et on imagine déjà ce
que l’on va mettre dans Karsteau : remplissage, sous tirage, draperie,
coulée, fistuleuses..... Maintenant on se relaie devant pour que chacun puisse
gouter aux joies de la découverte. Certains passages sont magnifiquement
concrétionnés de fistuleuses de plus d’un mètre ! Du jamais vu à Saint Pé !
Très fragile aussi ! Il faudra baliser pour interdire certains passages
supérieurs. Des plafonds comme ça, c’est exceptionnel !
Au bout de 150 mètres de progression facile, le méandre
devient diaclase. Pas large... et une belle colonne a eu la mauvaise idée de
pousser juste au milieu laissant juste assez de passage sur la droite pour laisser
passer les plus fins....mais pas moi ! Il y a bien une galerie supérieure
mais magnifiquement décorée d’une quantité incroyable de concrétions ! Pas
question d’y poser le pied ! On laisse donc partir Sandrine et Patrick
devant qui après la diaclase feront encore une cinquantaine de mètres, ça
devient plus grand et ils s’arrêteront sur un petit puits où cascade la
rivière.
On prends le temps de vider le sac de Sandrine qui est la
seule à avoir fait suivre la bouffe, puis on rentre tranquille en faisant la
topo. On fouille tous les départs. L’amont de la rivière emmène pas mal de
courant d’air. C’est pas large mais ça passe. Ce sera pour la prochaine fois.
On fait quelques escalades au niveau du puits mais pas de
grandes trouvailles si ce n’est des paysages superbes !
Sortie vers 16 heures des étoiles plein les yeux. Quel pied !
Quelle reprise ! Oui, ça valait le coup d’attendre plus de 50 jours !
Belle reprise de nos activités favorites. ça promet ! :-)
RépondreSupprimerSuperbe! Ça donne vraiment envie...!
RépondreSupprimerBravo !
Bravo, superbe reprise.
RépondreSupprimerQuel pied ! Vite à nous le graal !!
RépondreSupprimerBubu, quelque chose me dit que tu vas te mettre au régime... Non ? Bon tant pis.
RépondreSupprimerJ’adooore vous lire ! Mais il me tarde de vous revoir aussi ! Et de t’entendre chanter Bubu !!
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