La bonne étoile d'Isaby, le chien fugueur

Isaby est un sympathique border collie qui  mène une vie tranquille dans la propriété de ses maîtres du côté de Segus. Mais voilà, Isaby a besoin de découvrir le monde et en particulier les étendues boisées du massif de St Pé où il y a tant d'animaux et de choses à voir. Alors parfois Isaby se fait la malle, malgré le grillage et le vaste terrain dont il dispose. Isaby est téméraire et ne suit pas les sentiers balisés, il préfère les pentes escarpées et les terrains accidentés. Il y a quelques temps, il s'est retrouvé coincé en pleine falaise quelque part sous le soum de Conques. Il a été retrouvé par le plus grand des hasards grâce à un promeneur qui a entendu ses aboiements. Le PGHM est alors intervenu pour le sortir de ce mauvais pas. Une chance !
Il y a 15 jours, Isaby a de nouveau pris la poudre d'escampette. Parti, sans laisser d'adresse ni la moindre indication sur le lieu de villégiature où il comptait se rendre. C'est comme ça les border collies....
Quinze jours c'est long, surtout pour Jean Philippe son maître qui commence déjà à imaginer le pire. En désespoir de cause il téléphone au promeneur qui avait retrouvé Isaby la première fois. Incroyable, celui-ci avait eu, quelques jours plus tôt, le signalement de deux promeneurs qui auraient entendu un chien aboyer au fond d'un gouffre, quelque part du côté du col d'Espadres. Ni une ni deux, Jean Philippe se met en quête de trouver des spéléos pour lui donner un coup de main. Après quelques échanges avec une personne de St Pé il tombe sur l'adresse mail du club.

Mardi 26 mai

Nous étions en train de boucler nos sacs pour monter aux Toupiettes afin de voir un petit trou repéré au printemps dernier. Il fait beau c'est l'occasion d'aller en altitude. C'est en soirée que nous recevons le message de Jean-Philippe : "y aurait-il à tout hasard une sortie prévue dans le coin du col d'Espadres ?". Hélas non, il n'y en a pas. Mais après une courte réflexion nous convenons que l'Isarce ne va pas s'envoler mais qu'Isaby doit commencer à avoir sérieusement les crocs. Quinze jours sans croquettes, ça vous garantit une taille de guêpe mais ça met sérieusement votre vie en danger. Alors c'est décidé nous monterons pour essayer de le sortir une seconde fois de ce mauvais pas. 

Mercredi 27 mai

Nous retrouvons Jean Philippe et un de ses amis à la barrière du Bergons. D'après le descriptif des promeneurs, le trou se trouve à la lisière du bois entre le col d'Espadres et la source d'Arial. Cela pourrait donc se passer dans les dolines pertes en contrebas du col. Pourvu que ce ne soit pas le CL 06 où on tombe rapidement sur un P.50.
Arrivés à la prairie du col d'Espadres nous nous dirigeons aussitôt vers le CL 08, un petit gouffre de 8 m de profondeur mais où visiblement Isaby aurait pu sortir par ses propres moyens. Rien au CL06, trop humide et trop froid, rien non plus au CL03. Alors nous rentrons dans la forêt et allons en direction du Porto de la Gleizo et sa spectaculaire entrée. Jean Philippe qui est devant perçoit le premier les aboiements du chien. Mais dans quel état va-t-il être car le puits mesure 22 m avec un côté plein vide ? Mais Isaby, est debout sur ces quatre pattes, et semble en parfaite santé. Incroyable.

La remontée d'Isaby

Nous sortons le matériel de descente et Jean-Philippe extrait de son sac une énorme corde (diamètre 50 mm). Ça ne passe pas dans le descendeur mais cela permettra de remonter le chien. Je descends avec un lot de sangles, une vieille combinaison qui pourra éventuellement servir de harnais-civière si le chien se débat (méthode astucieuse préconisée par PMA), des croquettes et de l'eau. Arrivé au bas du puits, j'ai bien du mal à intéresser Isaby qui n'a d'yeux que pour son maître resté en surface. Les croquettes vont bien sûr changer la donne. Pas de doute Isaby avait faim. Mais le repas terminé, il retourne immédiatement sur son perchoir pour rester à vue de son maître. Très curieusement ce n'est que lorsque l'énorme corde arrivera près de moi qu'Isaby se résoudra à être emmailloté et ficelé sans la moindre résistance. La remontée, plein vide, ne prendra que quelques minutes.
L'histoire se termine là, et Isaby a pris le chemin du retour comme si rien ne s'était passé et je ne suis pas certain qu'il ait conscience de cette bonne étoile qui l'a tiré à deux reprises d'une mort assurée.
De notre côté, pas de regret pour l'Isarce, c'était une belle journée, de belles rencontres et nous avons le sentiment d'avoir été, pour une fois, un peu utile...


Patrick

Commentaires

  1. Alors, jamais 203 ?
    Bravo aux secouristes.

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  2. Quelle belle histoire. Merci

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  3. Super compte rendu. Les spéléos sont sympas. Bravo.

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  4. Heureux dénouement pour une recherche quelque peu hasardeuse après 15 jours de disparition pour Isaby. Bravo Patrick pour ce sauvetage et ce bel article.

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  5. On dirait un conte d'Alphonse Daudet ! Bravo !

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