Un gouffre d’illusions
Il fait encore très
chaud lorsque nous quittons la civilisation et son environnement bruyant. Miss
Caro conduit bon train m’emportant avec des tonnes de cordes dans un petit
chemin creusé de toutes parts, arrachant au passage quelques grincements à la
voiture. Avec tout ce matos, c’est sur on va faire de la descente ! La
soirée débute assises dans l’herbe en compagnie éphémère de quelques tomates
cerises, de biscuits, d’un bout de pain garni, de graines….le temps s’écoule au
gré de l’instant présent. Notre projet initial part aux oubliettes et l’après est un point d’interrogation. Ce dîner
improvisé s’achève sur « on y va ou … ». Changement de programme. La
corde de 80 mètres, destinée à se transformer en fil d’Ariane, prend place dans
un kit et les bouteilles d’eau dans un autre. Nous voilà double-kiter ! Nous
nous engageons dans un petit sentier boisé qui disparait plus loin dans les herbes
folles et les fougères envahissantes, puis réapparait dans les bois pour s’achever dans un site
bucolique. Ici tous les ingrédients sont réunis pour nous apporter un peu de
fraicheur et beaucoup de poésie…… * ce lieu semble figé. « Et au milieu coule un
ruisseau », dont on entend le puissant clapotis de l’eau. Il s’est frayé
un chemin entre les rochers et les végétaux. La mousse est dense, recouvrant
tout ou presque. Dans les arbres, quelques bribes de branches moussues
rehaussées donneraient presque l’illusion de petits farfadets nous espionnant.
Trêve de rêvasseries,
nous désescaladons l’entrée d’un trou bien bruyant et bien glissant. Les pieds
dans l’eau, je commence un équipement que je ne finirai pas tout de
suite… « Caro, tu as d’autres mousquetons ? Avec
plaquettes ? « …Ré-escalade de Caro qui sort du trou et qui s’en
retourne à la voiture. Je ressors à mon tour. Assise sur un rocher de mousse
j’observe. C’est l’instant de contemplation (voir * plus haut). Caro revient à moitié électrocutée, non, je
plaisante, elle a juste pris un coup de jus…Ne jamais pénétrer par effraction chez les vaches !
C’est vrai qu’elle n’était pas toute sèche avec l’humidité qu’avait
absorbé sa sous-combi. Re-désescalades, re-eau, re-équipement et descente avec
petite douchette. S’en suis une bonne période de fouilles dans un chaos de blocs.
Caro s’acharne et teste tout ce qui se présente….hélas en vain. J’observe
encore un instant, contemplative, tandis que Caro s’est engouffrée dans je ne
sais quel boyau. Ici on peut jouer à identifier des formes un peu comme avec
les nuages…Tiens une tête de serpent avec de beaux yeux noirs qui émerge d’un
tas de roches. Il faut tout de même se résigner à sortir de ce trou ensorcelé
qui n’a pas voulu se faire chatouiller les entrailles par 2 « lombriquettes »
et qui plus est, nous a douchées bien comme il faut ! Retour à la voiture
sans violer la propriété des vaches, rencontre avec un gros crapaud (prince
charmant ou sorcière ?) et passage en mode tongs,
short et boisson fraiche. On est bien, il fait bon, il fait nuit, on cause
entre copines…et Caro me dit « c’est un poteau réfléchissant qu’on voit
là-bas ? » - « Oui, je crois que c’est un poteau », et on
regarde ce poteau dans la nuit qui tout d’un coup bouge et commence à s’avancer
vers nous. Non, nous n’avons pas fumé, mais nous n’avions jamais remarqué à
quel point certaines choses peuvent être luisantes dans le noir, comme les yeux
du matou qui descend la route ou ceux de celui qui remonte la piste…bref, à 4
yeux ils s’évaporent dans les champs, ne laissant devant nos loupiotes qu’une
chauve-souris en pleine chasse aérienne, quelques doux volatiles blancs
papillonnant ici et là et…2 points lumineux qui descendent la route. Cette fois
c’est une voiture avec 2 personnes fortes sympathiques venues voir à qui
appartenait les 2 petites lumières jaillissant de nos frontales. Bref, une histoire d’yeux ! Reste à
savoir si on y voit bien !
C’est ça aussi la
vie de spéléo, l’instant magique et hors du temps en très bonne compagnie.
Sandrine.
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