Les Vers Géants, Arrêt sur P100 ou plus...

Dimanche 18 mai 2025,

L’arrêt aux deux tiers du méandre le week-end dernier ne demandait qu’une chose : y retourner au plus vite ! Je lance un appel à candidatures pour le dimanche, en espérant attirer les foules…

Pascal me répond dans les secondes qui suivent mon mail. Je soupçonne qu’il trépignait d’impatience, comme un enfant la veille de Noël. Finalement, nous ne serons que deux pour poursuivre les travaux inachevés une semaine plus tôt.

Cette fois, je prends plus de corde, pas moins de 115 mètres, et plusieurs poignées d’amarrage. Nous embarquons aussi le matériel de désobstruction. Après nous être réparti les charges, c’est bien chargé que nous entamons l’ascension de la Pène de la Hèche à 9h30. En discutant, le temps passe vite et nous en oublions ce que nous avons sur le dos. En 1h30, nous sommes à l’entrée du trou. On se met en tenue, on prépare les kits et on s’engage, prêts à en découdre.

Je reprends là où je m’étais arrêté la fois précédente. J’ajoute deux points, suivis d’une déviation, et nous voici au fond du premier méandre. Je me mets à l’abri, Pascal me rejoint. On explore rapidement l’amont du méandre, mais rien de probant. Et de toute façon, la suite est en bas. Pascal équipe un ressaut d’environ 6 m, et nous atteignons un nouveau pallier.

Pascal au sommet du ressaut de 6 mètres

Nous arrivons à un passage étroit, en haut d’un nouveau ressaut. Nous déblayons un maximum, puis entreprenons des travaux plus conséquents. Les résultats ne sont pas satisfaisants, mais le bruit de notre labeur résonne dans toute la galerie ! Nous sommes sur la bonne voie, et nous passerons coûte que coûte cette étroiture. Pascal termine au burin et parvient à se faufiler. Il me rend compte de la situation, et je prépare le matériel d’équipement en conséquence.

En face, nous apercevons du volume, et le méandre qui continue à se dessiner. Or le passage est trop étroit pour passer par là. Pas de problème, un shunt permet de se faufiler dans le début du méandre et descend sur 7 à 8 mètres. J’installe à nouveau une corde et atteins rapidement le bas. Un petit couloir s’ouvre devant moi. Il débouche sur une margelle, large de 2 m et longue d’environ 4 m. En haut, une cheminée de plus de 15 m : c’est le haut du méandre aperçu quelques minutes plus tôt.

Et alors, vers le bas… je ne distingue pas le fond ! C’est vertigineux. Je ne dis rien pour garder la surprise à Pascal. À sa simple question : « Est-ce que j’apporte le matos de désob ? » je réponds simplement : « Non, ce ne sera pas la peine, prends plutôt de la corde. »

J’éteins ma lumière. Et Pascal, à son tour, découvre ce puits immense.

Nous ne sautons pas de joie, et vous comprenez pourquoi, mais l’envie ne manque pas ! La joie nous emporte : on observe, on scrute, on s’exclame... les mots nous manquent.

Le volume est impressionnant, et l’écho grandiose. Nos lampes sont trop faibles pour éclairer le fond. Alors, nous jetons toutes les pierres que nous avons sous la main. On compte. On attend, en silence, et les secondes s’allongent. Enfin, un fracas assourdissant : le caillou percute une première fois la roche, puis s’écrase tout au fond. La chute, qui nous semble interminable, dure environ six secondes et le son résonne au moins autant, si ce n’est plus. Nous estimons la profondeur à 100 mètres, peut-être davantage!

Vue vers le fond depuis la margelle.
Ca c'est du point d'interrogation !

Au fond du kit, une corde de 26 m et une autre de 15 m paraissent bien dérisoires devant ce puits. Et à chaque pierre lancée, l’écho sonne comme un rire moqueur venu des profondeurs.

Nous apercevons une première plateforme sur la gauche du puits, une trentaine de mètres plus bas. Hélas, nous ne pourrons l’atteindre aujourd’hui. Pascal remonte en premier, pendant que je fais une poupée avec le reste de corde en place. Et je laisse là, sur un becquet rocheux, la corde de 26 m. Je ne rends pas les armes en signe de capitulation, mais j’envoie ce message : « nous reviendrons ».

En remontant, nous ne cessons de spéculer sur ce que nous allons trouver ensuite. Nous évoquons la suite des travaux, et tout l’engouement que ce gouffre va pouvoir susciter. Enfin, avant 19 h et après avoir quitté nos tenues d’aventuriers, nous entamons le chemin du retour.

Les joies d'une découverte 

Nous pensions attendre d’arriver à la carrière pour appeler Patrick, mais il nous devance avec un appel alors que nous descendions les pentes de la Hèche. C’est donc avec enthousiasme que nous lui partageons tous les détails de notre découverte. Et quelle découverte !

Le croquis à main levée

Ce n’est que le début d’une exploration qui promet des trouvailles, et qui va nous tenir en haleine bien au-delà de ce que j’aurais pu imaginer deux mois auparavant en trouvant l’entrée du gouffre.

Thibault

Mettez le son !!!!





 


Commentaires

  1. Bravo les amis ! Vous avez du vous régaler ! Vivement la suite !

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  2. C'est dingue, tu as raison Thibault. Bravo à tous les deux. On va vibrer.👍👏

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  3. Bien cool ce CR!!! Jolie première!!! Et belles explos en perspective.
    Thomas

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  4. Après toutes les sorties passées dans les trous de la Héche je crois que cette belle découverte n'est pas volée. A part le gouffre Charlie, c'est le seul à offrir de belles perspectives sur le versant sud, alors on peut esperer qu'il nous éclairera un peu plus sur le fond du synclinal. Vivement la suite et bravo à tous les deux
    Patrick

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  5. Yes, super découverte après des verres géants, un puits grandiose... Bravo !

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  6. Il reste de quoi se faire plaisir pendant de nombreuses sorties. Un plaisir que je partage après avoir quitté le secteur des Toupiettes et de la Hêche dans les années 80. Que des très bons et beaux souvenirs. Alors, continuez .....

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  7. Bravo l'équipe c'est tout bien mérité et bien joué!

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