Adieu Jean !

Reçu dimanche après-midi, le message de Pierre a assené à chacun d’entre nous un coup dont nous aurons beaucoup de mal à nous remettre. Jean Noyes venait brutalement de nous quitter, laissant derrière lui Cindy et leurs deux enfants, Lilian et Pauline, ses parents, Aline et Pierre et tous ses proches chez qui le terme « famille » avait un sens réel et profond. Mais il laisse aussi un grand vide au sein du club tant il rayonnait dans les sorties auxquelles il participait. Dans cet article, chacun a souhaité lui rendre hommage à sa façon, avec ses mots et sa reconnaissance. Nous le remettrons à jour au fur et à mesure des contributions. N’hésitez pas à nous les faire parvenir ou les mettre en commentaires.

 

Jean au-dessus de l'escalade de l’Attrape-Rêve
qu'il vient de réussir dans le fond du gouffre de Yerse
et qui donnera l'accès au collecteur.

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Quand les cieux s’assombrissent
Et que la pluie s’immisce
Quand le vent du sud se lève
Et fait fondre la neige
Les ruisseaux se réveillent
Et les rivières s’égayent
Mais une partie de ces eaux
Se cache en descendant de là-haut
Emprunte des chemins dérobés
Creuse dans le rocher
Et ressort plus bas
Dans un tas de gravas
En ce Samedi 11 Février 2017
Fête de Lourdes et de Bernadette
Des Tachous se sont rassemblés
Pour ensemble essayer de percer
Le secret de cette source éphémère
Qui alimente les chimères
Dans la joie et la bonne humeur
Ils ont creusé durant de longues heures
Les seaux remplis de cailloux
Les habits couverts de boue
Les coudes et les genoux meurtris
Le dos endolori
Mais le cœur heureux
Après un déjeuner copieux
Arrosé de blanc sec dans le lit de l’Arriusec
D’amuse-gueules et de saucisses
De tarte aux pommes et de malice
En fin de journée
Les forces se sont envolées
Les flammes se sont essoufflées
Fut venu le temps d’arrêter
Plus la peine d’insister
Le secret est encore bien gardé


Jean, c’est le poème que tu nous écrivais suite à cette très jolie désobstruction dans le lit de l’Arriu Sec, qui nous permettait de lever une nouvelle partie des secrets souterrains du massif.
Avec le club tu avais déjà réalisé de nombreuses explorations tant sur le Massif de Saint Pé que sur celui de la PSM, en compagnie d’Alain que tu es parti rejoindre bien trop tôt.
Les sorties étaient souvent couronnées de succès et ouvraient toujours et toujours de nouveaux objectifs, tels que les rêvent les spéléos.
L’apothéose en fut certainement au Quéou où ton obstination et ta motivation, permirent quasiment de doubler le développement de cette cavité, restée à ce jour non terminée.
Tu nous quittes déjà alors qu’il te restait tant de choses à faire.
Les mots me manquent, je suis triste.

Le Mass

Les traditionnelles saucisses de chez Sancho.

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La Mort nous sourit à tous, mais lorsque vient le moment de son baiser, c'est toujours accompagné de larmes amères et de regrets. De regrets de ne pas avoir construit plus de souvenirs, et l'implacable constat qu'il est trop tard pour en faire naître d'autres.
Jean, avec toute sa gentillesse, son sourire et sa discrétion a marqué nos cœurs. Arpenter le monde souterrain avec lui était la certitude d'avoir un compagnon bienveillant. Je garderai toujours en mémoire le petit déj servi au lit au fond du Quéou, Comment cette force de la nature était capable de prendre 48 kits et cheminer dans les profondeurs avec une facilité déconcertante. Son chant résonnera toujours au fond des grands volumes, (je ne pourrai plus écouter "petit papa noel" sans penser à lui, surtout en plein mois de juillet).

Au départ d'un mémorable bivouac au Quéou
(Kat, Caroline, Jean et Cindy)



Des souvenirs il y en a, et ils se bousculent dans mon esprit pour continuer à faire vivre ces instants précieux, beaux et joyeux.

La communauté spéléo a perdu un des siens.
Je pense aussi à la douleur de sa famille.
Adieu l'ami.

Kat

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Chère Cindy, chers Lilian et Pauline, chers Pierre et Aline, chère famille de Jean,
C’est à vous que j’ai décidé de m’adresser. Vous qui portez le poids de l’absence brutale et de la peine inconsolable.
C’est par le prisme de la spéléo, comme nous tous ici, que j’ai connu Jean.
Avec Anthony, son binôme, les « jeunes » spéléos regardaient leurs exploits avec envie !
Qui se souvient de cet épique trilogie saint-péenne (https://gshp65.blogspot.com/2016/05/la-trilogie-saint-peenne.html), commencée au Hayau-Bouhadère et terminée à Espiaube-Bujoluc, après avoir fait les Moustayous ?
On sentait le défi, la recherche de la performance !
Mais mon meilleur souvenir avec Jean est et restera pour toute ma vie, l’explo au fond du Quéou et la première dans le réseau parallèle, accompagnés de Pierre (https://gshp65.blogspot.com/2020/08/les-etoiles-brillent-aussi-sous-terre.html).
Je n’en revenais pas de la forme olympique des deux guerriers, Pierre et son père ! Quelle pêche !
Mais aussi quel enthousiasme à désober l’Affluent des Sangsues ! Puis le cri de la victoire quand les derniers blocs écartés, Jean réussissait à se faufiler dans le méandre qui allait nous ouvrir les portes du Graal, ce réseau secondaire tellement immense remontant vers la surface.. sans jamais l’atteindre… Ce fut une journée de joies intenses, de bonheur partagé en trio, de fatigue, comme je n’en avais jamais connu !!

Marc, Pierre et Jean lors de la découverte
de la deuxième branche du Quéou en août 2020


Je retournerai au Quéou avec Jean… Avec sa mémoire,… Avec son sourire… Avec son sens du service !
Chère famille, Jean était un chic type et je suis fier de l’avoir connu. Il s’est construit avec et, en partie, grâce à vous ! Vous pouvez être fier de lui !
Merci de nous l’avoir prêté quelques années pour partager ses connaissances spéléos et sa détermination.

Marc

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Jean a débarqué au club alors que nous explorions le gouffre du Python il y a une dizaine d’années déjà. Fougueux mais posé, infatigable mais bienveillant avec ceux qui tiraient la langue tandis qu’il fredonnait quelques chants traditionnels, il s’est très vite imposé comme un équipier incontournable des explorations qui allaient s’enchaîner les années suivantes. Ce fut Yerse, le Beaufort, le SC 147, le Sousbet et bien sûr la seconde branche du Quéou dont il fut le maître d’œuvre, sans oublier ses implications dans les explorations d’amalgame, dont l’incroyable escalade de la salle La Verna.

Jean dans les premiers
puits de Yerse

Mais réduire la personnalité de Jean à celle d’un spéléo affûté et capable de tous les exploits serait vraiment faire abstraction de ses qualités humaines qui resteront pour chacun d’entre nous les plus marquantes. Lors de l’exploration du Beaufort, Jean nous demanda s’il pouvait venir avec son père, Pierre. Avouons le, ce n’est pas une demande très courante. Ce jour-là Jean nous est apparu sous un autre jour, d’équipier il est soudain redevenu tout simplement un fils prévenant et aimant, parfois même inquiet lorsque Pierre s’enfilait dans un passage qu’il jugeait dangereux. Pierre est revenu ensuite à plusieurs reprises, puis, avec Aline ils ont partagé un petit séjour en Espagne pour découvrir d’autres cavités et d’autres paysages. Jean se sentait bien en famille et petit à petit il reproduisit le modus vivendi familial à l’échelle du club. Les grillades avec les fameuses saucisses de Sancho ont fait leur apparition et les bivouacs en montagne avec Pierre ont été source d’inspiration pour des bivouacs souterrains avec ceux ou celles qui, sans lui, n’auraient jamais imaginé en faire. 

Jean-Noël, Damien et Jean au bivouac du Quéou

Aujourd’hui, les images et les souvenirs s’entrechoquent, combien de bons moments avons-nous partagés ensemble lorsque la chance nous souriait au détour d’une exploration, mais aussi dans ces désobstructions harassantes ou encore cette autre fois où Jean s’est mis à poil pour reconnaître le siphon terminal du Yerse. Nous n’oublierons pas non plus son sourire malicieux après avoir équipé une main courante pour le moins aérienne afin de rendre hors crue l’un des plus beau puits du Yerse. Non, nous n’oublierons rien de tout cela et nous regretterons encore longtemps ses attentions délicates, sa gentillesse et cet amour pour ses proches qui faisait tellement plaisir à voir.
Nous ne trouverons jamais les bons mots pour exprimer la peine qui doit être celle de Cindy, de Lilian et Pauline, d’Aline et de Pierre et de tous ses proches, d’ailleurs ces mots n’existent peut-être pas mais ils faut qu’ils sachent que nous partageons cette douleur et que nous pensons très fort à eux.

Patrick et Sandrine

Jean, en penseur du Sousbet...

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L’église de Bagnères de Bigorre était presque trop petite pour rendre un dernier hommage à notre ami ce mardi 30 juillet. Il y avait là toute sa famille bien sur, mais aussi tout le petit monde de l’alpinisme, du pyrénéisme, de l’escalade et de la spéléo. Et nous étions bien tristes avec Antho, Jean Luc, Mickey, Marie-Claude, Joël, Marc, Caro, Pascal, Kat, de dire adieu à notre compagnon d’explo. Jean nous a quittés à 40 ans. Nous n’avons pas su voir son mal-être. Sa disparition a été un grand choc pour le club. Une brutalité à laquelle personne ne s’attendait. Nous n’avons rien vu venir…. 
C’est d’abord le curé qui a lu un témoignage très émouvant des parents. Puis, son épouse, Cindy, a pris la parole. Le jour de leur anniversaire de mariage. D'une dignité incroyable. Quelle force. Que cela doit être difficile. Elle a promis que leurs enfants seraient fiers de leur papa. Tout le monde pleurait. On avait beau se serrer les uns contre les autres, se prendre par la taille, par le bras, c’était trop d’émotion d’un coup. Puis tous les copains sont venus prendre la parole pour évoquer le grand montagnard qu’il était, son frère jumeau est venu raconter quelques anecdotes de leur adolescence puis un collègue alpi, fin comme une anguille, est venu raconter le grand sportif qu’était Jean. Il n'était pas intime mais il a dit "en montagne on ne peut pas mentir". C'est tellement vrai ! Il nous a raconté l’ouverture des voies dans le cirque de Gavarnie, à la tour du Marboré ... son exigence, sa méticulosité.
 
Caro me racontait que pour le bivouac de – 400 dans le Quéou, Jean lui avait fait vider tout son kit pour ne garder que l’essentiel et indispensable. Elle avait quand même pu planquer une petite fiole de gnôle, comme une petite fille qui se cache sachant qu’elle fait une bêtise. Et tout le monde s’est levé pour un dernier adieu à Jean. Antho était inconsolable. Nous avons pu adresser quelques mots à Cindy, à Pierre… mais des mots bien futiles au travers de l’hyper émotivité des spéléos, des mots difficiles à trouver, ou qui n’existent pas encore. Après cette magnifique et très émouvante cérémonie, il était difficile de nous quitter. Alors nous sommes allés boire un coup pour continuer à nous rappeler quelques anecdotes de nos aventures souterraines avec Jean. 
Alors puisque nous sommes dans les anecdotes, en voici une : Un soir, mon téléphone sonne. C’est Julien de la CRS 29 qui me demande si je suis au courant d’un secours au Gouffre glacé à Bagnères… Bien sur, comme d’habitude, les pompiers se la jouent solo et nous ne sommes pas au courant. Je le suis d’autant moins qu’il n’y a pas de Gouffre Glacé sur Bagnères. D’après la description, je me doute qu’il s’agit d’un pépin dans le Puts d’Aris, commune d’Asté. Alors j’appelle Jean qui est sur place. Je lui demande de monter voir au terminus de la piste du col des Paloumères le temps que je mobilise quelques équipiers et que j’arrive sur place. Quand j’arrive, je croise Jean qui redescend et qui me dis un peu stupéfait : « Le parking est rouge ! Il y a des rouges partout ! » Depuis, chaque fois qu’un spéléo nous posait une bonne bouteille sur la table, on se regardait et on criait en rigolant : « Il y a des rouges partout » Ha la la Jean, que ta disponibilité et ta bonne humeur va me manquer maintenant. 
 
Bubu

Commentaires

  1. Bonjour les amis,
    Nous essayons de continuer à vivre... Infinie tristesse. Merci de vos témoignages et de tous vos soutiens. Pierre et Aline

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