On chemine avec Aline à Estaubé

Jeudi 29 juin 2023

Pour être à pied d’œuvre ce matin, nous avons passé la nuit sur le parking en contrebas du barrage des Gloriettes. A 6 h nous nous réveillons dans la brouillasse mais visiblement la couche nuageuse ne doit pas être très épaisse car un peu plus tôt nous distinguions des étoiles, mais aussi quelques éclairs lointains. Philippe nous rejoint, mais pour lui qui avait 2 h de route, le réveil a été plus matinal. Puis c'est au tour d'Aline. Son gros 4x4 n'est pas superflu pour tirer l'énorme van dans lequel pas moins de 4 mules et mulets trépignent d'impatience. Nous faisons rapidement connaissance car le temps presse si nous voulons effectuer le portage avant les orages prévus l'après-midi. 

Mais revenons un peu sur l'objectif de cette journée. En 2020 puis 2022 les amis de l'A.S.Cagire nous avaient faits découvrir ce superbe massif dans lequel ils avaient effectué de belles explorations il y a bien longtemps. Il restait sans aucun doute des choses à revoir : des escalades à faire, des conduits à explorer car autrefois bouchés par de la neige... (cr de notre première sortir à Tuquerouye en septembre 2020 ici et de notre dernière virée en 2022 ici)

Au cours de ces deux virées nous avions d'ailleurs retrouvé un gouffre qu'ils ne connaissaient pas mais qui continuait avec un très net courant d'air. Malgré nos recherches nous n'étions pas parvenus à savoir qui l'avait exploré, quand et pour quel résultat. D'un commun accord nous avions convenu que tout le secteur était à reprendre mais pour cela il fallait s'en donner les moyens. Pour notre troupe vieillissante, la perspective de faire des virées à la journée avec tout le matériel perso et d'explo est vite apparue comme une douce illusion confortée par les maux des uns et des autres au lendemain de chaque sortie.


Le secteur étant en plein Parc National il était difficilement envisageable de faire un camp. A défaut nous avons opter pour une solution intermédiaire visant à alléger nos charges lors de chaque montée grâce à un stock de matériel laissé sur place. Restait à acheminer ce dernier. La solution de l'héliportage n'était pas possible en raison du parc mais surtout par le fait qu'elle était contraire à notre éthique. Difficile de se plaindre que les glaciers pyrénéens disparaissent les uns après les autres et en même temps solliciter un hélicoptère pour porter quelques sacs de matériel. Il fallait trouver autre chose...

Ce ne fut pas très difficile et en quelques clics sur Internet nous sommes tombés sur le site d'Aline, accompagnatrice en montagne et proposant des raids avec des ânes ou des mules (https://www.chemine-avec-aline.com/). Le premier contact est enthousiaste de part et d'autres et en plus Aline est habituée à ce genre de portage qu'elle effectue pour des chantiers, des refuges etc. Il ne restait plus qu'à fixer une date. 

 

Après quelques hésitations en raison de l'incertitude météo et le risque presque quotidien d'orages nous convenons de réaliser le portage ce jeudi. Alain M., Bernard, Joël, Pascal, Philippe (ASC), Sandrine et Patrick sont de la partie. Le chargement des mules prend un peu de temps pour à la fois équilibrer les charges et bien arrimer les gros bidons étanches qui serviront au stockage. Aline maîtrise parfaitement le sujet et la complicité qui se dégage de sa relation avec ses animaux est impressionnante. Seulement deux bêtes porteront le matériel. Les deux autres sont là en complément, l'une pour alléger la charge des deux autres si besoin et l'autre est un jeune mulet de race naine qui n'aurait pas trop accepté de rester enfermé à la maison pendant que les autres prenaient l'air. 

 

A 7 h 30 notre colonne se met en marche. Sur le barrage, l'hésitation des mules ne dure pas et nous attaquons le sentier rive gauche sans trop de difficulté notamment dans sa partie étroite et rocailleuse. Plus loin dans la plaine, la couche nuageuse se déchire un peu et nous fait croire à l'arrivée du soleil. Mais un grondement lointain nous indique que ce n'est pas vraiment le cas. D'ailleurs nous commençons à recevoir quelques gouttes puis une averse plus dense. Dans la vallée voisine de Gavarnie les coups de tonnerre redoublent. Ça sent le roussi... 

 

 

Et puis peu à peu cela se calme. Un dernier grondement plus proche nous fait craindre l'arrivée de l'orage sur Estaubé puis plus rien et progressivement les nuages migrent vers la frontière laissant place à un beau ciel bleu. Ouf !

Nous avons bien conscience que cela n'est qu'un répit et nous continuons à monter en direction du fond du cirque profitant des récents aménagements du sentier effectués sans doute pour faciliter la montée aux alpages des troupeaux de vaches. 

Il nous faudra quand même 3 bonnes heures pour parvenir au bas du lapiaz. Le reste se fera à pied et à dos d'homme. Avant de redescendre nous relocalisons quelques trous (E3, E4). Bernard, Joël et Philippe en trouveront un autre qui n'était pas connu, mais nous ne trainerons pas car le ciel est redevenu bien sombre sur les crêtes frontalières. 

L'une des entrées du gouffre E3.

La pluie nous épargnera tout au long de la descente qui prendra encore deux bonnes heures. Fini le soleil, la dernière demi heure se fera dans le brouillard. Au parking nous croisons quelques touristes dépités et qui regardent désespérément vers le cirque dans l'attente d'une hypothétique éclaircie qui ne viendra plus aujoud'hui. Pour notre part, le contrat est rempli, merci à Aline et à ses 4 acolytes, ce fut une belle expérience et une bien belle rencontre. A refaire...

Maintenant, la balle est dans notre camp et il n'y a plus qu'à y retourner pour aller sous terre et percer le mystère des gouffres du cirque d'Estaubé.


Patrick


 




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