Le signe divin de l'Arricaou
Jeudi 18 mai
Il nous tardait de retourner à l'Arricaou pour voir le résultat de nos dernières pailles. Pascal est libre et c'est donc à 3 que nous retournons à Baudéan (Pascal, Sandrine et moi). La météo des jours précédents n'était pas terrible et nous nous attendons à trouver beaucoup d’humidité dans le trou. Contre toute attente, ce n'est pas le cas. Durant la descente, nous en profitons pour mettre quelques cordes dans les toboggans qui, à force de passages, deviennent de plus en plus glissants. Au fond, la cascatelle qui alimentait le bassin que nous avions comblé avec nos déblais ne coule presque pas mais elle a du emporter une partie de ces derniers lorsqu'il y avait plus d'eau. Il en résulte un cloaque semi liquide au bas du ressaut que nous avions creusé. Après l'avoir partiellement évacué nous pouvons enfin apprécier les résultats du tir. Rien à redire, et le boyau semble pénétrable. Je m'y engage donc les pieds les premiers et constate que derrière c'est plus grand. A "vue de pieds" cela doit faire au moins 1 m par 1,3 m et presqu'un mètre de hauteur. Tel un contorsionniste du cirque Pinder dans son cube en plexiglas j'essaie d'entrer dans cette salle puis par une élégante mais douloureuse rotation j'effectue un retournement qui me permet enfin d'envisager la suite. Celle-ci se situe un peu en hauteur dans un boyau remontant propre et bien sculpté. Un très net courant d'air en sort et il me semble même y avoir une certaine résonance. Plus tard, lorsque Sandrine et Pascal prendront ma place ils affirmeront même entendre un bruit de cascatelle.
Le passage n'étant pas pénétrable en l'état il faut donc reprendre les travaux et agrandir l'accès à cet élargissement. C'est là où les choses se gâtent car si la fois précédente l'argile avait la consistance idéale pour de la poterie, désormais elle est plutôt comparable à une garbure dans laquelle les carottes auraient été remplacées par des lentilles. Pour être moins soft disons qu'il s'agit d'une m... bien liquide mais suffisamment collante pour que nous en soyons recouvert de la tête aux pieds. Du coup, le bidon que nous avions emporté pour tirer les gravats est vite rendu inutilisable et nous devons en revenir à la méthode traditionnelle des boules même si leur consistance ne permet pas toujours de se les passer en intégralité.
Le boyau remontant d'où provient l'air. |
Mais à force d'insister nous parvenons quand même à rendre le passage plus confortable. Avant de quitter les lieux nous décidons comme la dernière fois de mettre quelques pailles dans le boyau remontant. Pour vous faire une idée du tableau, il suffit d'imaginer le contorsionniste du cirque Pinder dans son plexiglas, baignant cette fois-ci dans une Garbure aux lentilles et cherchant à faire des trous à bout de bras avec un perfo qui craint l'humidité et qu'il serait souhaitable de ne pas trop pourrir.
C'est faisable !!! Mais peut-être que cela a pu l'être grâce à une intervention divine. En effet, lors du forage le plus éloigné un liquide rouge s'est mis à couler du trou que j'étais en train de faire. Signe divin, ou simple oxyde de fer dans une poche d'argile, j'ai tendance à vouloir garder les deux, le signe divin pour la suite qui sera à la hauteur de nos attentes, et l'oxyde de fer pour la desob. Je ne sais pas si dans un autre contexte la solution de tout faire sauter aurait été retenue mais en tout cas c'est celle que nous avons choisie sans grande hésitation. La suite pour bientôt, le temps de laver le matériel et de se battre la coulpe en priant les dieux des cavernes de nous pardonner d'avoir méprisé les signes qui nous étaient adressés.
Patrick
Ce sera certainement le passage stigmatique...
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