Dans le gouffre des Périgourdins (massif de l'Urkulu)
Après la réunion club je pars en direction de l’Urkulu petit massif Basque au-dessus de Saint Jean Pied de Port. Je profite de ce week end sans pluie pour continuer les explorations dans le gouffre G 701, ou gouffre des Périgourdins sur Karsteau.
En effet cette cavité se trouve en bordure d’un ruisseau de surface, le ruisseau d’Orion. Et lorsque le lit asséché se change en rivière tempétueuse, la grotte se transforme en perte temporaire. Il ne fait pas bon y être car la cavité s’ennoie alors en partie.
Par contre le courant d’air est extrêmement puissant, et il nous pousse inlassablement à creuser vers un collecteur tant attendu.
Début septembre nous avons repris les explorations de ce trou en stand-by depuis un an.
L'entrée
Lundi 5 septembre Alexis se joint à Valérie et moi. Nous partons, motivés, en direction du terminus, un boyau à agrandir.
Première bonne nouvelle, les différentes crues n’ont obstruées aucun passage, par contre quelques cordes non remontées sont coincées sous les gravats, mais heureusement non tonchées.
Nous voilà face au petit boyau tant convoité, le courant d’air soufflant est bien présent. De mémoire il y a un tout petit méandre sur la gauche, lui est complétement bouché. Il faut dire que nos précédents impétrants à cette désobstruction ne se sont pas trop fatigués. Les quatre malheureux cailloux qu’ils ont réussi à extraire de ce boyau, ont directement terminé dans ce méandre. Donc notre premier objectif va être de les entreposer dix mètres plus loin. Le méandre débouché nous réfléchissions, il ventile lui aussi. Nous sommes tiraillés entre attaquer le méandre ou continuer le boyau.
La tête la première sans casque, lampe dans la bouche nous avons quand même du mal à distinguer la suite, il faut agrandir un peu plus le boyau pour en savoir plus. Nous prenons la perfo pour un premier trou, on casse un peu de rocher. On voit mieux mais pas assez. Re perfo, deux trous. A là cest mieux je perçois un élargissement derrière. Nous reprenons le perfo trois trous cette fois ci. Je pars le premier, pousse deux cailloux et hop je me mets debout dans un affluent fossile (méandre remontant sur 10 m en rive droite). J’élargis à la massette afin qu’Alexis et Val puissent venir. Il va falloir baptiser ce passage, tiens le boyau du "Cinquantenaire Grommelant" n’est pas trop mal, après concertation et réflexion poussée, vu que l’année dernière ils ont mis une semaine pour faire un mètre et cette année juste deux heures pour passer cette « difficulté », nous partirons pour le boyau du "cinquantenaire fainéant".
Le boyau du Cinquantenaire Fainéant |
Nous jetons un coup d’œil en haut du méandre fossile, il y domine un méandre où coule un micro actif. Dans l’axe principal c’est toujours étroit et une longue lame nous barre le chemin. Valérie entend un peu d’eau couler derrière et il y aurait un ressaut.
C’est alors que pour le restant de la journée nous jouons à la massette et à la perfo. Nous arriverons au terme de cette sortie à l’aplomb du ressaut.
Le jour suivant, nous y retournons. J’élargis direct la tête de ressaut, puis un amarrage foré et hop en bas du R3. Nous rejoignons le micro actif qui arrive de 6 m plus haut. Il continue dans un méandre légèrement argileux et pas très large. Valérie passera sa sortie à élargir le passage avant le ressaut. Moi je joue de la massette dans le méandre et descend par cran successif, 1m, 2m,1.5m me faufile en rentrant le ventre et arrêt sur une étroiture. J’entreprends alors un élargissement confort depuis le début de ce méandre à la perfo c’est plus efficace que la massette. Nous nommons ce passage méandre des 20, en référence à la taille de heu… Je m’égare.
Tunnel de poudre et de sang. Photo d'avant le méandre des 20. |
Le lendemain, je serai seul et j’arrive à passer l’étroiture. Derrière un ressaut de 2 m se présente. En rive gauche arrive un petit méandre impénétrable, celui du boyau du cinquantenaire fainéant. En face le méandre se poursuit l’air est bien présent. Mais ce n’est vraiment pas large. J’opte pour l’agrandissement par le bas. Il va falloir être patient le boulot va être long. Il faut creuser un tunnel.
Ce jour-là j’avance de 2/3m.
Dernier jour de cette première semaine, nous nous retrouvons à 4. Serge vient nous rendre une petite visite afin de jeter un coup d’œil au trou. Il vient avec les chocolatines, mais amène également un joli crachin. Nous prenons le café sous la pluie en attendant Dariush.
Arrivés au fond nous continuons notre difficile labeur. Serge remarque à la fois notre avancée notable et constate que ce n’est quand même pas très large. Quand il voit la suite, il abdique et préfère nous laisser ce travail ingrat. Il remonte tranquillement demain il part en montagne. Il en profitera pour ressortir la corde enfouie sous les gravats au méandre de la Toussaint.
C'est tellement large que l'on passe son temps à s'amuser. |
De notre côté nous avançons inlassablement de la longueur du foret. Nous faisons pas mal de gaz mais comme ça ventile c’est parfait, il faut charrier d’innombrables cailloux pour les jeter plus loin dans le méandre des 20. Parfois ils sont vraiment gros. Je suis devant, Dariush derrière me passe le matos et transfert les cailloux en haut du R2 où Valérie les récupère. Cette dernière récupère une belle dalle de la part de Dariush, mais malencontreusement laisse son petit doigt entre la paroi et le bloc. Résultat, la phalange écrasée, l’ongle éclaté et du sang partout. Gentiment je viens porter les premiers secours. Ça fait mal faut pas toucher… On lui coupe le petit doigt, mais juste celui du gant. Elle y remet sa main et nous quitte pour remonter doucement.
Après cette interruption, nous reprenons notre travail de tunnelier. Depuis l’incident, Dariush, préfère réduire la taille des blocs en bas du ressaut. Il opte pour la technique des corbeaux Il fait tomber son bloc sur un autre pointu afin que ce premier se casse ou du moins se fende. Grace à cette technique infaillible il avance allégrement. Etant plus terre à terre, je propose que ce ressaut s’appelle celui du concasseur, en un seul mot bien entendu.
A la fin de la journée, nous avons un visu sur la suite. Nous sommes arrivés à la fin du tunnel de poudre et de sang. Un peu plus de 5m de long ont été creusé. Nous voyons un ressaut puis la tête du puits. Il faudra faire parler encore une fois la perfo.
Mercredi 21 septembre, nous retournons avec Dariush voir ce terminus. J’attaque en premier, il me rejoindra. Quand il arrive, nous pouvons enfin passer derrière le tunnel. Un ressaut d’un mètre se présente à nous, je vois ma tête de puits tant attendue, mais au-dessus le méandre est plus grand. Je monte sur la banquette. Ah oui, là ça commence à avoir de la gueule. Perfo, corde, il va falloir jouer serrer nous ne nous attendions pas à ça ainsi avec 20m de corde et une dev de l’espace nous prenons pied en bas d’une succession de petites verticales. En bas après deux coups de massette sur un bloc en travers nous nous avouons vaincu sur une autre verticale faute de matériel. Au moins 10m et ça a l’air large dessous. Nous remontons agrandir la fin du tunnel de poudre et de sang. Les pronostics vont bons trains, ça y est le collecteur est à nous, il faut appeler tout le monde, c’est incroyable… Bon avant de rameuter les troupes, il faudrait être sûr que ça ne pince pas direct. Est-ce que je remonte jusqu’au camion chercher une autre corde ? Oui il faut en avoir le cœur net. Je laisse Dariush s’occuper de l’agrandissement. Afin d’éviter un aller-retour jusqu’à la voiture je récupère deux cordes sur des ressauts qui passent en libre. Nous revoilà en haut de la verticale elle fait 17m en réalité, se poursuit par un P6. Puis… méandre étroit, il faudra creuser. En haut de ce P6 un méandre fossile part, nous le poursuivons sur 20/30m mais arrêt sur étroiture également.
Voilà nos prochains objectifs de désob, mais c’est très encourageant. Le trou doit désormais atteindre les -180.
Nous avons déséquipé les deux derniers puits P6 P17 et remis les cordes en fixe plus haut. Il faudra dans un premier temps bien équiper ces dernières verticales et quelques élargissements de confort notamment dans le boyau du cinquantenaire bedonnant heu non fainéant ne se seront pas trop. Comme nous sommes des nuls nous n’avons pas de photos des puits et du terminus actuel, ça sera pour une prochaine.
Week end 9/10 octobre.
Les vasques du méandre d’entrée sont à nouveaux pleines cela montre qu’il y a eu une crue depuis la dernière fois.
Durant ces deux jours je passe mon temps à équiper, tresser les cordes, purger les verticales, agrandir les têtes de puits. C’est long et besogneux mais obligatoire, les potes du Périgord descendent à la Toussaint en espérant que la météo soit de la partie. Je leur avance pas mal de boulot afin qu’ils puissent travailler au niveau du méandre dans l’actif en bas du dernier puits. Le courant d’air y est bien présent. Le méandre a une taille de 1.5/2 m de haut mais il n'est pas passable. La désob devrait être assez rapide. Une fois de plus pas de photo du fond, les selfies avec massette, burin, perfo, clef de 13… ce n’est pas commode.
Vivement les prochaines descentes en espérant que ce trou soit bel et bien un accès au collecteur de la Nive.
CR Thomas
Bon courage les amis !
RépondreSupprimerCelui là, je vous le laisse ! Et vous souhaite toute la réussite que vous méritez !
Et arrêtez de casser les doigts de Val !
Bubu
Bravo, un beau récit et de sacrés prouesses ça ne peux que payer !
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