La fessée de la Ménère !
Alain M. est
là aussi je crois. La voiture n'est plus toute jeune mais ce qu'on respire à
l’intérieur c'est surtout l'odeur de la passion qui anime ses passagers ! Pour
ma première sortie avec le GSHP, nous nous rendons au-dessus du monastère,
prospection en surface et convivialité sont au programme ! En fin d'après-midi,
sur le parking de la maison de Jean Claude, au débriefing, Patrick et Sandrine
nous rejoignent, le regard pétillant, ils nous livrent les détails savoureux de
leur journée d'exploration.
Première
rencontre avec une partie des membres du GSHP. Le soir venu, dans mon petit appartement Tarbais, la
nostalgie m'envahit. Il me semble avoir retrouvé l'atmosphère de mon enfance et
de nos sorties en famille avec les clubs de spéléo de Foix et de
Lavelanet.
Depuis ce
jour-là, l'idée d'aller visiter l'un des deux gouffres décrits par Bubu ne m'a
plus quitté ! Anthony se révèle être le compagnon idéal. Après un tour de
chauffe au SC147, nous jetons donc notre dévolu sur le TP30.
Il faut dire
que le récit du fond par Serge suscite nos convoitises : "On s'est arrêté
sur une trémie qu’on n’a pas fouillée, il y a beaucoup d'air !". Les
vicissitudes de la vie et une équipe réduite au minimum (moins de deux ce n'est
plus une équipe !) ont fait qu'il nous aura fallu presque deux années pour
arriver à -500 et ce fameux méandre des Vomissures. Serge nous avait prévenus
sur ce passage clé : "Je vous conseille d'enlever tout votre matériel de
progression et de le mettre dans le kit, c'est étroit et long !".
On aurait dû
s'en douter ! Si Serge dit que c'est étroit, c'est que c'est pas pour nous ! Je
viens de passer une première étroiture d'une dizaine de mètres dans laquelle on
a du mal à redresser la tête et une nouvelle tout aussi exiguë se présente à
moi après un court "élargissement".
Je n'en vois
pas la fin et j'ai même du mal à comprendre comment je peux m'y engager ! Pour
nous la coupe est pleine, ou plutôt la bassine devrai je dire ! Nous venons de
rendre toute notre motivation. Nous venons d'atteindre nos limites et un goût
amer envahit notre palais. Des heures âpres nous attendent mais paradoxalement
nous sommes aussi soulagés !
La décision
est prise, nous stoppons là, de notre point
de vue l'engagement imposé par ces étroitures sordides est au-delà
du raisonnable. Un coup de mou, une blessure de l'autre côté des Vomissures et
c'est la une assurée des
journaux nationaux, et pendant plusieurs semaines de surcroît !
Aussi, nous
rebroussons chemin en ayant une pensée appuyée pour tous les copains qui sont
passés par là dans les années 90. Qui ont marqué les passages les plus étroits
à la flamme de leur lampe à carbure, ralentis par les coincements intempestifs
de leur calbonde, lestés par des sacs
contenant des cordes plus épaisses qu'un tuyau d’arrosage et mâchés
par les coups de marteau répétitifs sur le tamponnoir pour enfoncer des
chevilles beaucoup trop grosses dans une roche beaucoup trop dure !
Comme pour
les histoires de cœur qui se termine mal, il s’agit de panser la plaie le plus
rapidement possible pour passer à autre chose et éviter la gangrène. Aussi nous
nous employons à déséquiper le plus possible. Nos efforts ne sont pas vains et
c'est avec une certaine satisfaction que nous entassons les cordes au pied du
P140 ! La prochaine fois, quelques allers-retours dans la cavité devraient nous
permettre de tourner cette page définitivement (restée
blanche malheureusement).
Nous
n'oublierons pas la belle rencontre avec Gustave, la fougue insufflée par Serge
lors de notre première descente, lui qui nous a aidé à monter plus de 300m de
cordes mais qui, avec du recul, se doutait peut-être déjà de la fragilité de
notre petite équipe face à une telle entreprise !
Nous
n'oublierons pas non plus cette belle soirée passée au sommet des Toupiettes,
le ciel chatoyant, les braises tourbillonnantes, la nuit dans le hamac suspendu
à deux hêtres centenaires, la ronde autour du feu pour le rallumer et essayer
de se réchauffer à 2 heures du matin quand le vent d'ouest s'est levé et a
transpercer nos duvets. Et enfin, merci au GSHP (et plus précisément aux
membres qui œuvrent pour son bon fonctionnement) pour la mise à disposition du
matériel indispensable à la réalisation de nos rêves !
Je croyais
que la fessée était interdite, la Ménère nous en a donné une bonne !
Jean N
Comme dit la pub, il n'y a que Maille qui MAY.
RépondreSupprimerDommage mais très sage décision.
Sur le massif il reste encore de nombreux points d'interrogation, aussi engagés ou un peu moins, a choisir.
Un grand bravo.
Alain
Bravo Jean et Anthony
RépondreSupprimerCe n'est pas une fessée,c'est du courage et peut être aussi un rêve que d'attaquer le morceau a deux.J'étais un peu vert et culpabilisait un peu aussi ! "et si la trémie du fond était fermée..." Bravo aussi à Gus ,il a surpassé "le parrain"
RépondreSupprimerLe renoncement n'est pas forcément synonyme de manque de courage. Ce peut être aussi une grande sagesse. Savoir faire la part des choses, distinguer ce qui vaut la peine d'être conquis de ce qui ne le vaut pas, accepter sans regret ce qui est…pour aller de l’avant.
Pour avoir participé à la découverte de ce gouffre sans avoir pu connaître les vomissures, je vous dis chapeau les jeunes.
Bravo à vous, c'était peut-être trop pour deux. Et puis quand il n'y a pas l'émulation due à la découverte et une équipe motivée c'est beaucoup plus difficile de se taper ce genre d'explo âpre et engagée.
RépondreSupprimerBravo les amis ! Sage décision sans doute... J'aurais voulu être avec vous
RépondreSupprimerLe fantôme de Thomas "Grandgousier" errait dans les vomissures... Ceux des années 90 comprendront! Pour les autres, cherchez le compte rendu du camp Toupiette 1996.
RépondreSupprimerJ'espère bien que l'on arrivera un jour à se coordonner pour former une équipe capable de passer au travers de ces obstacles, mais c'est peut être bien prétentieux...
RépondreSupprimerMerci à tous pour vos messages ! Damien, même si l'équipe avait été plus étoffée j'aurais renoncé, l'engagement est bien trop élevé pour ma part. On se retrouve cet automne pour des explos plus à l'Est ?
RépondreSupprimerLa Poutge vous attend toujours du côté de Beyrède, pas eu le temps d'y aller lors de notre récent camp club dans le 65.
RépondreSupprimerBravo Jean et Anthony ! De nombreux autres gouffres vous tendent les bras et je suis admiratif devant votre sage décision ! Ce n'est pas facile de renoncer. Trop tard par contre pour le Tobozo à la PSM , à moins que vous ne décidiez de vous loindre aux équipes espagnoles de Sattorak. Alain
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