TP30: Le choix de l'embarras

08/09/10 Avril 2023


Cela fait quelques semaines qu’impatiemment nous attendions une nouvelle sortie pour poursuivre les explorations au TP30. Elle est programmée sur le week-end de Pâques. Nous sommes trois Damien, David et moi.

Je passerai rapidement sur l’emploi du temps de ministre en pleine réforme des retraites de Damien. Il a failli ne pas être des nôtres en maintenant le suspens jusqu’au bout. Cool il est là, et c’est le vendredi soir que nous nous retrouvons tous les trois à Orincles. Les trépidants rebondissements de la désorganisation.

Samedi matin après un départ tôt nous parcourons la marche d’approche sans neige, dans une douceur toute printanière, c’est bien plus agréable.

Ce coup-ci on arrive à tout caler dans deux kits.
Au niveau des vomissures on réparti avec le kit qui sert au transit de la quincaille, on le garde ensuite.

La cavité est plutôt sèche et la descente se fait rapidement jusqu’aux vomissures. Quelques jurons plus tard, nous voilà de l’autre côté. Par contre tout prend du temps et nous nous rendons compte que nous ne pourrons pas aller voir le terminus Bat Trip dès ce soir. 

Un agréable moment dans les vomissures 

Ainsi à partir de « Le Bon, la Brute et le Truand », nous en profitons pour fureter dans les galeries à la recherche de départs hypothétiques. Tiens cette salle en rive droite (main droite en allant vers le fond), nous ne nous y sommes jamais attardé. Dans son point bas un passage entre les blocs se fait pressentir. En continuant nous nous rendons compte que nous sommes en première. Nous nous retrouvons face à une petite verticale, il nous faudra une corde et il y a un peu de courant d’air. Et voilà un nouvel objectif. 

La salle en question, le passage est derrière David qui prend la photo

Nous continuons notre progression tout en explorant les moindres recoins. C’est ainsi que nous arrivons assez tard au bivouac. Les corvées habituelles, un lyoph et tout le monde au lit, la journée de demain sera chargée. 

Bricoles au bivouac

Le matin venu nous traînons au lit jusqu’à 7h30 tout de même. Heureusement que Dam’s dort dans sa chambre loin de nous, pour une fois c’est lui qui ronflait. Étonnant, mal de gorge… cela ne présage rien de bon! Le fait est que j’avais complètement zappé de mettre le réveil initialement prévu à 6h. Je pense alors être le seul a avoir l’heure, merde! Thomas a gracieusement attendu que je me réveille alors qu’en réalité il avait l’heure, quel amour. Ayant perdu sa montre fétiche il avait embarqué son portable, manifestement inquiet de me faire confiance concernant l’heure (et il avait raison). Mais pourquoi ne pas avoir mis de réveil? Parce qu’il  nous avait malicieusement caché qu’il avait pris, c’était inavouable. J’ai moi même trimballé par mégarde deux piles AA inutiles, je m’en suis rendu compte au bivouac et ils l’apprendront en lisant ces lignes. On est tellement au gramme qu’on a une cuillère pour 3 au bivouac, un caleçon c’est déjà un caleçon de trop alors imaginez un portable pour lire l’heure. La prochaine fois on descend un transat. 

Avec ou sans sable?

L’objectif principal de la journée est de descendre la dernière verticale de l’extrême aval dans la galerie Bat Trip. Obstacle qui nous avait arrêté en janvier. 

Arrivés au terminus, Damien prépare le matos topo tandis que David prend la corde pour descendre vers l’inconnu. Plus bas c’est plus grand et ça descend toujours. En jetant des cailloux, nous entendons quelques ploufs sourds, synonyme d’eau. Mais un bruit d’eau profonde, calme, plate, un siphon en quelque sorte…

Le méandre du Bat Trip, mieux vaut attacher les kits

Thomas pose un point pour descendre la rampe vers le plan d'eau

Plusieurs possibilités s’offrent à nous. Après une rapide visite nous topotons dans celui qui paraît le plus prometteur. Descente en oppo et à quelques mètres de l’eau nous accrochons une corde afin d’aller au plus près de l’eau. Il s’agit d’une sorte de galerie bien noyée par l’eau et bien profonde. Côté aval une voûte mouillante nous cache la suite, mais derrière un bel écho. Bon après réflexion et tirage au sort en règle, à la courte fistuleuse, je perds. Thomas a en effet gagné au tirage au sort parce qu'il était le seul à y jouer. Je me déshabille sur une margelle inclinée de 40cm², puis nu, descend afin de braver le froid et la peur de l’inconnu. Se déshabiller à cet endroit là, c’est très sport. Non en vrai je suis content de passer cette voûte mouillante et de savoir ce qu’il y a derrière. L’eau n’est pas si glaciale, même si sur l’échelle de l’escargot ça rentre dans sa coquille. Ça se relève aussitôt, quelques mètres plus loin après un coude un très beau bief de plus de 20 mètres s’offre à moi. Bon là il faudra beaucoup nager, demi-tour la prochaine fois nous reviendrons avec un peu plus qu’une feuille de vigne.

Une journée comme une autre pour bourrin des bois

Nous topotons l’autre côté, qui arrive dans une salle remplie d’eau, 12 mètres de diamètre sans suite évidente. 

La journée est un peu infructueuse de ce côté mais en remontant nous allons faire un tour dans la galerie Monoculaire dans l’amont. A ce moment-là Thomas est super content, moi je suis plutôt dégouté, ça va encore être un chantier cette histoire. On a encore l'embarras du choix et on viens jusque là se faxer de nouveau dans de mauvais méandres pour au final se geler dans une eau à 6°C. Bref, tout pour être heureux, on va encore bien s’amuser. Par contre ça fait un moment que je suis super motivé d’aller voir du côté fossile, espérons que ça sera plus confortable.

En poussant l’exploration nous tombons direct dans de belles et anciennes galeries. On trouve deux passages pour poursuivre après le dernier arrêt dans le monoculaire (la dernière fois fallait se baisser pour continuer).

 Voilà ce qu'on trouve derrière

Belle galerie sableuse

Aux parois colorées

Nous sommes comme des fous, ça brille, ça scintille, c’est grand et sec. Nous choisissons donc de faire la première et la topo au retour. Une belle désescalade se négocie facilement. Des départs à gauche, à droite sont juste vus. Nous avançons vers l’amont au plus logique. Et ça ne queute jamais, passage étroit, coude à droite ou coudée à gauche, et derrière c’est à chaque fois grand.

Un infime aperçu de l'extravagance des excentriques

Ressaut à désescalade cabriolesque

Plafonds explosifs

Progression facile

Et hop une énième trémie (Punks not dead), un peu de contorsion et la tête entre les blocs de l’autre côté ça a l’air immense. Un caillou en guise de marteau pour taper sur son frère et quelques instants plus tard nous voilà tous derrière. De belles salles. A force d’avancer nous réfléchissons à toute la topo à faire. Bon trêve de première, demi-tour il y a une chié de visées à faire.


Derniers ajustements avant d'attaquer la topo

Quelques photos faites rapidement permettent de garder ces jolis souvenirs de cette Ruée vers l’Est. 

Il faudra bien regarder en hauteur!..

Une belle portion avec un sol très curieux

Draperie isolée

Au final, le soir au bivouac nous sommes plutôt heureux du déroulé de la journée. Ce trou nous réserve encore de belles surprises. Nous nous couchons tard mais tout est prêt pour le lendemain. 


Gastronomie fine, haute diététique sportive

Chambre individuelle, spacieuse, vue sur suite

Dernier jour, la remontée, passage obligatoire pour revoir le soleil, est comme à chaque fois une petite bavante. Mais nous ressortirons tout de même assez rapidement. 

Dam’s n’est pas en forme, il a choppé une otite qui n’en sera pas une. C’est une angine blanche qui le met complètement HS les jours suivants. Coup de bol à un jour près, il aurait dû dormir quelques jours au fond du TP30 histoire que la fièvre descende. Ça a été pile poil, le soir j’avais 39°C de fièvre et je suis resté cloué au lit les 4 jours suivants, j’aurais pas réussi à remonter de suite je pense… 

Petite péripétie de la descente David se foule la cheville avant les trémies dans un petit trou sablonneux. Le pied nu dans l’eau glaciale du siphon aura un super effet analgésique. Plus de peur que de mal.

Encore une super sortie, vivement les prochaines.


Côté topo nous avons ajouté 321m de développement topographié (en vert sur les représentations) qui s’ajoutent au 670m déjà topographiés pour un total de 991m essentiellement horizontaux. Le gouffre atteint donc désormais les 5091m de développement. 

Au niveau de la profondeur, nous ajoutons -15m par rapport à la dernière fois ce qui nous ramène à -802m de profondeur (au niveau de la margelle). Bref, on est à trois mètres d'avoir un monument à notre effigie à Tarbes, notre principal objectif étant la gloire on a tous fait une cure de Prozac après report topo.

Le point haut des dernières explos est à -702m (haut de la branche Un point c’est tout), soit 100m de dénivelé. Le bout de la Ruée vers l’Est, est à -712m, sachant que le début de nos explos post trémie “To Be Free” se trouve à -722m, profil bien horizontal sur environ 500m de galeries. La topo mise au propre en haute résolution sera publiée prochainement, voici quelques représentations pour mieux comprendre.



Ca commence à faire un petit bout

Petit zoom, on remarque une tendance Nord Est parallèle à la descente Sud Ouest du gouffre

Projection 290°/20° de nos explos post trémie 1997 "To Be Free"


CR de Thomas F

Digressions de Damien

Photos de David et Damien



Commentaires

  1. Patrick Degouve28 avril, 2023 16:54

    Tout cela est passionnant, l'explo en elle même, ce compte rendu à deux voix, les photos et les topos. Bravo on se régale mais on se pose aussi beaucoup de questions sur la tournure que prend ce réseau. Mais enfin ça continue, c'est beau et grand et c'est l'essentiel. Alors vivement la suite et je pense que le club pourra même financer une feuille de vigne en néoprène pour Thomas.

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  2. Superbe. Que de beaux souvenirs ! Merci pour ces cadeaux.
    Allez, encore 3 mètres !!!! 😉

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  3. On me demande si les gants font partie de la nudité.
    Bravo les jeunes, la lecture de ce merveilleux compte rendu nous ramène près de 40 ans en arrière..

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  4. Magnifique explo ! Impressionnant cette galerie parallèle qui repart vers le NE. Merci pour le beau compte rendu !

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  5. Ouf !!! La première est là, et j'ai pas rêvé. Bravo les jeunes. Quel rendement !

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  6. Salut Thomas, félicitation pour toutes ces explos, ça me donne presque envie de retourner sous terre. Je crois qu'on avait été au C8 sur le jaout ensemble et ressortie de -600 en 1h40... J'ai quelques infos sur des trous à continuer sur St Pé, si ça t'intéresses. Gael alias "le bon" dans "le bon, la brut et le truand".

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