Ils m’entraînent au bout de la nuit…

Le 25 mars à Saint-Pé-de-Bigorre

C’est à l’initiative de Tiphaine et de son mentor adepte de l’étroiture étroite, que nous nous sommes retrouvés sur un parking très usité dans les hauteurs de Rieulhes.

La première épreuve fut de déterminer l’heure de sortie en sachant que c’était la nuit de changement d’heure. 4h du mat fut la limite pour l’appel à Bubu.

Nous sommes donc 6, prêts à entrer dans la grotte, les deux fouines citées plus tôt, Michelle, Éric, Pascal et moi. Nous avions tous des objectifs différents : Eric voulait éprouver la théorie de la pile, Michelle voulait essayer de balader son mini kit sans l’engueuler, Pascal voulait essayer sa nouvelle combi, les deux autres voulaient seulement nous prouver qu’on peut boire de la bière et garder la ligne. Pour ma part, je voulais ressortir avant 1 h du mat.

La cavité était déjà équipée et je dois, à ce moment-là du récit, rendre un grand hommage à mon ami qui a pris le soin de le faire seul, sur son temps personnel, afin de nous faciliter la progression. Nous avons donc pris le cheminement historique de cette cavité pour accéder au réseau inférieur. Pour cela il nous fallait prendre une première étroiture qui nous a rapidement éclairée sur nos espoirs de passer les deux autres, porte d’entrée d’un petit paradis (que je suis presque sûr de ne pas voir, ce soir-là [ND2R (Note Du 2nd Rédacteur : alors qu’il l’a franchie une semaine plus tôt…]). La progression est lente mais joyeuse et ce cheminement est une découverte pour moi.

Nous arrivons à la Salle A Manger, agrémentée de fruits secs, blabla et photos et nous nous dirigeons vers la suite. Marc est déjà loin et on ne le reverra pas, Tiphaine qui, quand tu la mets dans une verticale est collée à la paroi mais quand tu la mets devant une étroiture sifflote « le petit quinquin » en sirotant un mojito... Éric qui s’est jeté dans la première étroiture en ressort quelques minutes plus tard en criant « c’est une 29, c’est une 29 ». J’interroge Michelle du regard qui n’a pas l’air très inquiète et j’en déduit qu’il va bien. Puis j’ai droit au cours de math, treize + treize + trois. Mes trois compagnons décident de ne pas tenter plus loin l’expérience et je résiste au chant des sirènes qui m’invitent à les rejoindre au-delà du dédale serré et humide qui me sépare dorénavant d’elles [ND2R : une sirène et UN triton, je confirme !]…, je remonte avec les autres [ND2R : ils n’entendront malheureusement pas notre chanson « …et j’ai crié, crié, Jean-Luc, pour qu’il revienne… et j’ai pleuré, pleuréé, oh, j’avais trop de peineu… ].

La remonté se fait sans trop de difficulté, Éric nous expose sa théorie de la pile, discutable et discutée, Michelle finit par divorcer de son mini kit, Pascal est resté brillant avec sa combi toute neuve et moi je suis content car on est à l’heure. Une petite bière au cul du camion, comme d’hab, et c’est parti [ND2R : non sans abandonner sur place quelques déchets ultimes, que les poursuivants ramasseront consciencieusement !].

Puis j’ai mis mon alarme à 4h, je me couche avec la sous-combi, à 4 h vérification : message à 3h55 « on est sortis ! » mon épouse se réveille et me demande « c’est quoi ce pyjama » ?

C’est toujours aussi sympa d’aller sous terre avec de belles personnes, merci pour cette soirée au coin d’un creux.  

Jean-Luc

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Je prends la suite de cet exceptionnel début de compte-rendu de Jean-Luc…


Il est brillant, comme peu de ses baudards ressortent de ses sorties !

Il est fin, comme il sait l'être, quand un petit obstacle vivant ne bouche pas le passage et ne l'empêche pas de rejoindre ses compères de la semaine précédente !

Il est drôle, comme il l'est généralement après 2 bières !

Il est aimable et bienveillant, comme sait l'être toute Mamie qui se respecte !

Après l’abandon en série de nos amis à peine plus ronds ou plus longs que nous, Tiphaine et moi-même nous engouffrons dans la seconde étroiture, non sans avoir mis un bout de corde pour faciliter tout à l’heure la remontée de ce petit mais coriace ressaut + étroiture = tortillements garantis !

Certains la passe les doigts de pieds dans le nez, d’autres en nage papillon, d’autres encore en brasse coulée dans le petit actif qui a pour vocation de tremper les combis toutes sèches, de tremper les sous-combis toutes sèches et de remplir les bottes (surtout les modèles tailles basses). Mais tous la passent sans casque !

Nous prenons pied dans ce désormais connu méandre fort joli, assez étroit en partie basse mais particulièrement élancé dans une diaclase, sans limite haute visible.

Le minuscule actif de la semaine dernière a laissé place à un petit cours d’eau chantant. Tout ça donne envie de reprendre « Mais tu n'es pas là, et si je rêve tant pis, Quand tu t'en vas, j'dors plus la nuit, Mais tu n'es pas là, et tu sais, j'ai envie d'aller là-bas, La fenêtre en face et d'visiter ton paradis… »


Je propose une folle question à choix multiple à ma folle compère Tiphaine : Où va-t-on ?

- On remonte l’amont ?

- On descend l’aval jusqu’au terminus, un petit puits de 10-12m suivi d’une petite salle fort joliment concrétionnée et pavée de perles des cavernes ?

- On descend partiellement le méandre et on explore l’une des parties hautes que je n’ai que partiellement faites une fois, pour chercher sa suite éventuelle ?

Devant l’insistance de Tiphaine pour poursuivre les difficultés de l’explo, en abandonnant la facilité des parties « classiques », on commence à descendre le méandre. Succession de parties étroites et d’élargissements, de parties quasi horizontales et de petits ressauts, c’est un moment très ludique ! Tiphaine se faufile entre les blocs, où ne passerait qu’une feuille de papier à cigarettes… En général, je contourne…

Arrivés à la Salle du Requin (pour moi), la Salle Dumbo (pour Tiphaine, cf voir la photo de l’oreille et ses piercings en forme de larmes pointues), on attaque l’escalade dans un petits puits ménageant pas mal de prises. En jouant au chat et à la souris, arrivés 8-10m au-dessus de l’actif on entre dans une zone fossile immense, composée d’un méandre de grande dimension (10m de large par 5 de haut) et de parties très concrétionnées, stalactites, cascades de calcites, remplissage boueux. J’ai bien mémoire de cet endroit visité en 2018, ainsi que de ce toboggan boueux « infranchissable », que j’avais contourné par la gauche. Car « là-haut » c’est tout noir et ça continue ! Mais là, après avoir fureté à droite à gauche, impossible de trouver le passage. Aurait-il été comblé par la calcite depuis (ah, ah !) ?

En tentant quand même ma chance dans le toboggan, je trouve 3 spits et amarrages bien rouillés… Ah, mais quelqu’un est passé par là… un jour… lointain… Mais nous sans baudards (laissés au pied de la dernière étroiture) et sans cordes, impossible de les utiliser… 

Il faudra toutefois persévérer pour passer ici ! A grand renfort de oh ! et de ah ! de Tiphaine, je passe, pratiquement en volant ! Arrivé sur un petit collet, je découvre là-haut une nouvelle grande salle fossile, avec toujours autant de concrétions, de cloche et plancher stalagmitique et de curiosités diverses, dont un nid de cristaux en fer de lance de quartz ou de gipse, qui donnera son nom à cette salle, la Salle de l’Oursin… Et dans le fond, vers le Nord ça continue toujours en montant légèrement. 


Tiphaine est restée en bas. Je cherche partout le 2nd passage de 2018 que je finis par retrouver. Il m’est alors facile en le descendant de retrouver la lucarne à mi-hauteur dans le petit puits venant de la Salle Dumbo. Tiphaine me rejoint rapidement et nous poursuivons ensemble dans le fond, bien noir, bien grand, aperçu en 2018, mais jamais exploré par mes soins. Je pousse ensuite seul un peu plus loin dans le méandre fossile amont qui se rétrécit de plus en plus, jusqu’à m’inciter à faire demi-tour, car je n’ai pas envie, si tard, de gaspiller mon énergie ici… Ici, une suite avec étroiture nous attend donc pour une fois prochaine !

Je retrouve Tiphaine dans la Salle de l’Oursin et nous finissons d’examiner méticuleusement tous les recoins, sans parler de quelques clichés ! Nous y trouvons les ossements d’un oiseau ou d’une chauve-souris.


Redescente dans le méandre principal, non sans tester nos compétences musicales sur des idiophones de calcite, astucieusement disposés sur notre chemin. Tiphaine regrette de n’avoir pas emporté son TASCAM DR-40X (vous chercherez, y’a pas le temps ici…).


Alors quelle programme désormais ? Il n’est que 23h… Nous prenons l’option découverte de l’aval, sans descendre toutefois dans le puits terminal. Nous parcourons donc ce joli méandre, pratiquement toujours debout, jusqu’à l’aplomb du puits où se jette l’actif dans un sympathique bruit de cascadelle. Le niveau d’eau dans la petite salle, y est largement plus conséquent que lors de mes précédentes visites. On aurait apporté les maillots de bain, on pouvait prévoir un plouf !

Alors que cette salle sonne non l’angélus, mais le terminus, un examen plus approfondi des parties hautes nous montre qu’un méandre fossile se poursuit au-delà et bien au-dessus du puits et dans la même direction Nord-Sud que le méandre actif. Y aurait-il donc une suite par-là ? A suivre…

Epuisés et fourbus… Noooon, en pleine forme et toujours souriants, parfois chantant, nous reprenons malheureusement le chemin du retour, la direction du site, n’ayant pas daigné nous pratiquer une sortie de type « Traversée »…

Minuit, retour devant les étroitures. Minuit trente, pause casse-croûte à la Salle à Manger de la partie classique. 1h20, fin de la remontée du puits pour tous les deux. 3h15 dernière main-courante ! Quoi ?! Deux heures pour si peu ?? 

Eh bien, nous ne nous en souvenions pas à ce moment-là encore, mais cette nuit était celle du changement d’heure… Quand on est fêlés, on l’est jusqu’au bout… Entre temps, une partie de la planète avait avancé ses montres d’une heure (y compris mon tél portable sous terre, sans doute un des effets du changement climatique ou de la technologie des nouveaux smartphones…).

Sortie au grand air à 3h30… « Ouf, est-ce bien raisonnable à ton âge Tiphaine de traîner sous terre aussi tard ? ». Si ce n’est pas moi qui le pense, c’est au moins sa maman sur le pied de guerre pour l’alerte de 4 heures… Pas de problème, on est à temps pour lui envoyer un sms et briser la longue inquiétude de la nuit… Ah, mais non, seul le tél de Tiphaine connaît le numéro de sa maman… Et le tél de Tiphaine, où il est… dans la voiture de Marc…

Heureusement la marche de désapproche ne dure que 20 min et c’est à 3h50 que nous rassurons Maman Véronique, Mamie Jean-Luc et même Tata Valérie (qui sans nouvelle, avait déjà lancé sa propre pré-alerte perso en prenant la route pour Saint-Pé) !

Exceptionnellement, après un vote à l’unanimité du comité de pilotage de la sortie, il n’y aura pas de collation liquide de fin de sortie… Nous repilons nos affaires, nous nous engouffrons dans la voiture direction Saint-Pé et rentrons dare-dare regagner nos pénates.

TPST : 7 heures (pour un « after, c’est pas mal…) 

Marc



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