Nouvelles explorations à la Torca de los Copetes (Cantabria)
Samedi 16 juillet 2022
Cinq porches sont repérés, nous commençons par le plus évident, celui ou le courant d’air est le plus fort. Derrière un premier passage bas nous arrivons dans une petite salle où convergent plusieurs conduits. L’un communique avec la surface par un puits de 20/30 m mais contrairement à nos craintes il n’apporte qu’une part insignifiante de l’air. Le second est un méandre amont que Jean-Marc explore sur une vingtaine de mètres. La suite est au point bas derrière un second soupirail. Celui-ci débouche dans une salle qui s’avère être celle atteinte par un P.20 en 1991 via l’une des 5 entrées.
Lundi 18 juillet 2022
(P. et S. Degouve)
C’est le jour le plus chaud de cette semaine de canicule.
Heureusement, il y a un peu de vent et la marche d’approche se fait à l’ombre
de la forêt de hêtres. Il faut environ ½ heure pour accéder à l’entrée.
Celle-ci souffle abondamment un air glacial (5,4° C) comparé aux 36 ° degrés
annoncés aujourd'hui. Après avoir évacué une partie des cailloux qui couvrent le sol, nous
pouvons commencer le forage. La roche compacte rend les travaux très efficaces
mais le vent glacial qui semble croître au fur et à mesure que nous
agrandissons le passage, ne facilite pas les choses. Nous grelottons et en
plus, il est impossible d’ouvrir les yeux en forant, car la poussière part à
l’horizontal.
Avec une température de 5 °, le courant d'air est frigorifiant. |
Vers midi, nous nous accordons une petite pause afin de se réchauffer un peu. Les 30 degrés d’écart font du bien, du moins dans ce sens car la reprise du chantier est un peu rude. L’évacuation des blocs n’est pas très commode, mais nous avançons peu à peu. Un dernier assortiment de pailles permet enfin de passer. Le méandre qui se présente descend presque à la verticale sur 3 à 4 m jusqu’à une rotonde précédent un puits qui semble assez profond. Difficile d’évaluer la hauteur en raison des rebonds mais une fourchette de 50 à 60 m semble être une estimation raisonnable. Le courant d’air n’a pas faibli et notre batterie étant presque vide, nous gagnons la sortie sans trop traîner. Avant de démarrer l’explo, une autre séance serait souhaitable pour rendre le passage plus confortable et désintégrer un bloc menaçant qui surplombe la tête du puits.
Le soupirail proche de l'entrée avait été désobstrué en 1991. |
Mercredi 20 juillet
(P. et S. Degouve)
Les étroitures menant au puits restent sélectives et nous
consacrons cette sortie à aménager les passages. Le résultat est satisfaisant
mais au dernier assaut, notre perfo donne des signes de faiblesse et nous
contraints à arrêter la désobstruction. Cependant il nous reste encore la
grande dalle menaçante juste au-dessus du puits. Elle mesure un bon m² pour 15
à 20 cm
d’épaisseur et n’est retenue que par un minuscule rebord dans la paroi. A
défaut de perfo, nous l’attaquons à la masse et au pied de biche. Elle finit
par tomber sur la tranche, juste à côté du puits. Une fois bien calée, nous
décidons de la laisser comme ça. Avant de redescendre nous dressons une bonne
partie de la topo des entrées supérieures.
Dans les galeries supérieures qui longent la falaise. |
Mardi 2 août 2022
(P. et S. Degouve, B. Pernot)
Bruno est arrivé la veille assez tard en raison de bouchons
du côté de Bordeaux. Nous montons donc tranquillement à la torca avec une
petite centaine de mètres de cordes. La météo n’a pas varié d’un pouce et la
température frôle encore les 30°. Par contre le courant d’air est toujours
aussi fort mais aussi toujours aussi froid. Avant de descendre, il faut encore
purger le départ puis les paliers du 1° puits. Ceux-ci sont nombreux et la
descente est agréable. A -65 m
nous arrivons sur une courte galerie qui permet de tous nous réunir. Deux
petits ressauts lui font suite avant un puits plus vaste où les cailloux
rebondissent encore assez loin. Nous sommes à bout de corde (-76 m). Nous remontons en
faisant la topo puis terminons également celle du fossile. Tout cela est de bon
augure et nous laissons sur place notre matériel.
Casse croûte sur un petit palier, la suite est sous les bottes de Bruno mais nous n'avons plus de corde. |
Mercredi 3 août 2022
(P. Degouve, B. Pernot)Partis d’Arredondo sous un ciel gris, nous passons au-dessus de la couche nuageuse à l’approche de la Lusa. Une partie du matériel étant sur place nous remontons à la torca avec 140 m de corde et une bonne quantité d’amarrages. Arrivés au terminus, nous débutons l’équipement avec une corde de 100 m. Les puits s’enchaînent, jamais très hauts, ce qui permet de se suivre de près et de profiter ensemble de la première.
Avec l’arrivée de plusieurs cheminées, la cavité gagne en volume et prend l’allure d’un grand méandre vertical. Vers -120 m nous avons la nette impression d’entendre couler un ruisseau. L’impression se confirme à la base du puits suivant alors que nous arrivons au nœud de notre première corde. La suite semble spacieuse. Nous cassons vite fait la croûte et après un ressaut de 4 m suivi d’un court méandre, nous voici dans un beau puits de 30 m au bas duquel nous trouvons effectivement un ruisseau. Celui-ci vient d’un conduit latéral qui serait facile à atteindre par un petit pendule. Mais nos regards sont tournés vers l’aval. C’est un beau méandre parcouru par le courant d’air et barré par un petit puits de 3 m que nous pourrions peut-être descendre sans matériel. De toute façon, nous n’avons plus de corde ni d’amarrages, mais on se dit aussi que ce serait bien d’attendre les copains qui viennent dans deux jours seulement. Nous remontons tranquillement en déroulant la topo et ressortons sous un soleil à peine voilé. Notre terminus est à -170 m et désormais on s’attend à trouver prochainement un niveau de galeries.
(P. et S. Degouve, J.M. Duché, Ph. Mathios,B. Pernot)
L’équipe est au complet et nous pouvons retourner à la
torca. Un brouillard humide et moite nous accompagne jusqu’à l’entrée. Le
porche crache toujours son courant d’air froid, certes un peu moins violemment
que lors des jours de canicule mais suffisamment pour se rafraîchir un peu
après la montée. La descente jusqu’au terminus est rapide et à -170 m nous déballons le
matériel pour commencer l’explo.
Le méandre vers -170 m |
Philippe est à la manœuvre et après avoir équipé le ressaut de 3 m, il s’attaque au puits suivant profond de 6 m seulement. Le méandre se poursuit ensuite sur de larges banquettes et prend de plus en plus d’ampleur. A -185 m nous parvenons à un large carrefour.
Arrivée à la confluence vers -185 m. |
Sur la gauche, un affluent contribue à gonfler un peu le débit du ruisseau. L’aval devient franchement sympathique et nous progressons désormais dans un conduit méandriforme qui plonge doucement en suivant le pendage. Le sol est encombré de galets, gréseux pour la plupart d’entre eux, qui témoignent de l’activité glaciaire du secteur.
Vers -210 m, la galerie se dédouble et le ruisseau s’enfile dans un conduit devenant de plus en plus bas et sans air. Il devient impénétrable une vingtaine de mètres plus loin. Juste au-dessus (R.3), le méandre se poursuit mais en abandonnant cette fois-ci la direction initiale qui était dictée par le pendage. Par endroits, le sol, couvert de calcite blanche et ocre recèle de superbes concrétions triangulaires. Nous pouvons encore avancer d’une trentaine de mètres mais les parois se resserrent et le remplissage occupe bientôt presque la totalité de la section du conduit. L’air y est absent également. Dommage.
Nous retournons sur nos pas en fouillant les plafonds mais le courant d’air ne vient pas de là. Nous le retrouvons dans la branche amont. Le conduit, occupé par un éboulis pentu, remonte jusqu’à un premier carrefour. Nous prenons la branche de gauche, la plus vaste. La pente s’accentue (de l’ordre de 40 à 45°) et fort heureusement l’éboulis est désormais recouvert d’une petite croûte de calcite. Mais au bout d’une cinquantaine de mètre celui-ci vient butter sur une trémie compacte et sans air.
Nous passons à la seconde branche qui remonte également mais le courant d’air y est bien présent. Nous nous arrêtons au bas d’une escalade de 6 à 7 m. On devine nettement une suite spacieuse mais l’heure tourne et ce sera pour une prochaine fois. Nous repérons également un autre départ en hauteur au niveau de la confluence et il y a aussi le gros conduit à voir au niveau du P.30. Nous remontons tranquillement pour retrouver la chaleur moite de cet été atypique.
Après cette première série d'explos le gouffre développe un peu plus de 800 m pour un dénivelé total de 237 m. A suivre...
CR Patrick
Belle première, la cavité a l'air vraiment magnifique... régalez vous !
RépondreSupprimerJoli !!!
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