Expédition « Rios Patagonicos »
Le voici le tant attendu Compte rendu de l'expédition Rios Patagonicos à laquelle participait l'ami Tot (Thomas Braccini)
Expédition
« Rios Patagonicos »
Association
Regard Sur l’Aventure
Nous sommes le 7 janvier et après un an de préparation, l’heure est enfin
venue de partir pour notre expédition canyon en Patagonie chilienne. Nous
sommes 15 membres sur le projet mais 5 personnes sont déjà sur place pour
préparer l’expédition (location voiture, courses, prise de contacts…).
Après 15h d’avion, nous prenons pied à Santiago du Chili où il fait
chaud. Une petite navette nous amène à la gare routière où les copains nous ont
réservé un Bus Cama (siège confort qui s’incline) pour Puerto Mont. Nous
voyageons donc de nuit et après 8h de bus et 1000km parcouru nous retrouvons
les copains… l’ambiance est chaleureuse !
Ils nous ont trouvé une Cabana tout confort pour que l’on puisse préparer
notre voyage vers la Patagonie chilienne : courses, matos technique,
récupération des véhicules de location, essais drone… nous sommes prêts !
Dès le lendemain, les pickups chargés à bloc, nous partons vers le Sud.
Pour l’instant c’est tempête de ciel bleu, nos yeux pétillent à la vue de ces
paysages grandioses et ces superbes volcans comme l’Osorno. L’asphalte laisse
la place à la piste, nous passons Cochamo, puis prenons pied à Puelo dans un
petit camping (chez Ricardo).
Nous ne perdons pas de temps pour réaliser un premier repérage des
canyons environnants… Tout en prenant contacts avec les propriétaires pour
avoir l’autorisation d’accéder aux canyons, nous découvrons les problématiques
de marche d’approche avec une végétation très dense surtout du bambou aux
abords des torrents.
Certains canyons sont majeurs (encaissement, niveau d’eau soutenue et
verticalité), notamment Bambouback, Escala,
Geologuo… Bien évidemment, nous levons à chaque fois la topographie (que
nous mettons au propre) ainsi qu’un compte-rendu et descriptif d’accès
accompagnés de la trace GPS. Nous testons également beaucoup de matériels
canyon : baudrier Mazerin AV (Aventure Verticale), de nouveaux sacs Résurgence,
des sur pantalons ACS (Atelier Combi Spéléo)…
Pour accéder aux canyons, nous marchons souvent entre 2 à 4h en prenant
entre 300 à 600m de dénivelé. Les descentes dans ces superbes
« barranquismo » chilien se font pour la plupart dans une roche granite
mais nous trouvons quelques canyons comme le Rulito dans une roche volcanique.
L’équipe se met doucement en place, avec un collectif très dynamique.
Pendant que certains vont faire des courses de ravitaillement, d’autres
remettent au propre la topo du canyon ouvert la veille… Nous sommes comme chez
nous dans ce camping tenu par Ricardo. Au bout de 8 jours, nous décidons de
descendre vers le Sud et c’est « Hornopiren » haut lieu touristique
qui sera notre 2ème camp de base
Nous trouvons un mixe entre cabana et camping chez Laura où dès le début
notre équipe aura bien fait « déliré » toute la famille au vu de nos
capacités à installer rapidement un campement aussi bien bordélique que
organisé ! Les canyons environnants sont pour la plupart assez intéressants
notamment le Blanco qui nous demande toute notre attention au vu d’un débit
très important !
Nous réalisons de superbes images (photos et films) à l’aide de Thierry
AUBE qui prend beaucoup de temps pour les traiter.
Une équipe part vers le Sud pour réaliser un repérage… 2 jours après, en
prenant quelques bacs (bateaux qui transportent des véhicules et des gens
permettant de traverser des bras de l’océan Pacifique) nous les rejoignons à
« Chaiten » situé dans la région des lacs. Cette petite ville n’est pas
très prometteuse pour nous, alors pour continuer notre périple vers le Sud,
nous devons prendre un nouveau « bac » de 7h afin d’éviter une piste
de 150km qui a été fermée pour cause d’éboulement. Une fois sur le bateau, la
nuit tombe, nous découvrons la salle commune qui ne fait pas trop envie car
tout le monde y est entassé. Nous choisissons de dormir sur le
« pont », la houle est sévère, c’est chamboulés de droite à gauche
que nous passons une nuit agitée mais avec une séquence comique !
Fatigués de notre nuit, l’arrivée sur la terre ferme se fera avec un levé
de soleil de toute beauté et quelques dauphins pour nous accueillir. A l’aide
de nos véhicules bien adaptés pour ça, nous enchaînons des kilomètres de piste
pour installer notre nouveau camp de base à la Junta. La « machine »
de Regard Sur l’Aventure se met en marche : installation du camp,
prospection, contacts avec les propriétaires… Nous nous rendons bien compte
qu’ici il y a beaucoup de canyons à ouvrir mais nos difficultés restent les
accès : soit trop loin, soit un lac à traverser (difficile de trouver des
canoës à louer)… Nous décidons même de ne pas ouvrir un canyon pourtant à
priori magnifique car le propriétaire utilise l’eau pour y fabriquer de la
bière artisanale. De ce fait, nous repartirons de chez lui avec quelques
caisses de bières…
Nous réalisons quand même quelques belles ouvertures dans un coin qui
nous plaît bien ! Nous continuons notre avancé vers le sud essentiellement
par des pistes pas toujours de tout repos. La traversée de la réserve nationale
« Lago Las Torres » est splendide et c’est au bout d’une bonne
journée de voiture que nous arrivons sur Puerto Aisen. Nous savons que pour 5
membres de l’équipe (notamment moi), c’est la dernière halte avant de remonter
vers Santiago…
Après avoir traversée celle ville pas plus sympathique que ça, nous
prenons place dans un camping assez spacieux au bord d’une rivière. Au
repérage, nous nous enfonçons dans cette vallée perdue, très sauvage appelé
« Tabo ». Au bout de la piste, nous arrivons sur une ferme où tout de
suite des hommes nous accueillent chaleureusement. Ils connaissent bien la
montagne environnante car ils ont une structure d’accueil, ils ouvrent des
sentiers, emmènent des gens en excursions afin de développer le tourisme… en tout
cas, ce lieu nous plaît bien, l’idée de faire notre dernière soirée tous
ensemble autour d’un asado prend forme. Ils nous indiquent même 2 cascades à
ouvrir tout près d’ici… finalement, un vrai beau canyon aquatique avec un débit
soutenu sera ouvert par une équipe.
Ce jour-là, nous repérons le baranquismo del Tronador avec une sa roche
rouge et son débit soutenu. Nous voyons bien que c’est un gros morceau, alors
nous décidons de mettre en place une stratégie :
JOUR 1, nous partons à 3 équipiers pour ouvrir le bas du canyon histoire
de voir à quoi s’attendre, pendant ce temps une équipe part ouvrir une trace de
800m de dénivelé pour accéder au départ du canyon. Le bilan de la journée
est : une roche rouge qui glisse à mort, un débit important, un bassin versant
énorme avec un lac, même de la neige sur les hauteurs… un canyon majeur mais
évidemment engagé !
JOUR 2, histoire d’être chaud, nous ouvrons quelques jolis canyons dans
les environs notamment le banranquismo de la Vigen très court mais avec un encaissement
certain. Aussi, nous préparons le matos pour l’assaut du lendemain.
JOUR 3, une 1ère équipe de pointe part tôt et une 2ème
suit 2h après, dans le but de rejoindre l’équipe 1 et finir l’ouverture
ensemble !
Ce jour-là, tout ne se passe pas comme prévu car la météo n’est pas
terrible voire pourrie. Nous ne lâchons rien, la trace ouverte par les copains
est à l’image du canyon, c’est-à-dire longue et aérienne, mais la pluie
s’intensifie ! Une fois sur le plateau, nous découvrons une rivière calme…
la verticalité du canyon se fait progressivement, les obstacles deviennent de
plus en plus soutenus et on voit bien que le niveau d’eau est plus important
que le jour 1 !
Avec comme excuse l’économie d’ancrage, j’équipe un obstacle pas du tout
confort à passer, ce qui nous fait perdre pas mal de temps !
L’encaissement devient important et après une période d’accalmie, la pluie
s’intensifie, ça va mal !!! Nous continuons notre progression mais le
temps passe, nous découvrons une cascade de 35m de toute beauté avec ensuite
une gorge serrée ! Au vu de l’heure tardive, de la météo qui ne s’arrange
pas et la configuration du canyon, il faut se rendre à l’évidence : il
nous reste 250m de dénivelé à descendre avant de rejoindre l’échappatoire
ouvert jour 1 ! Nous décidons donc de quitter le canyon en équipant une
ligne sur une dalle parallèle à cette cascade de 35m.
Une fois en bas, les copains partent ouvrir une trace dans la forêt
dense… je reste pour attendre et connecter la 2ème équipe qui est en
train de récupérer un kit boule au fond d’une vasque (nous sommes
perpétuellement en contact radio avec la 2ème équipe ainsi que notre
équipe « sécu resté au gîte). Le retour se fait en mode
« sanglier » avec quelques descentes en rappel au milieu de la forêt…
Bien « fracassés » nous rentrons au gîte, tout de même contents
de notre journée où ce canyon du Tornador qui veut dire tornade nous auras
donné du fil à retordre.
Le lendemain, nous plions le camp pour aller manger un asado (barbecue) à
Tabo. Ce soir-là, l’ambiance est au RDV et c’est à une heure tardive accompagné
de pas de denses anarchiques que notre expédition s’achève (nous laissons 10
membres de l’expé sur place, ils continuent leurs route vers le sud !).
Au petit matin, nous (5 membres) embrassons toute l’équipe avant de
prendre pistes, bacs et bus pour 4 jours en direction de Santiago… Ce pays est
fantastique autant d’un point de vue des paysages, des canyons, des
autochtones… la météo fut plutôt correcte (sauf pour le dernier canyon) et
notre équipe c’est sacrément bien entendue tout au long de notre voyage.
En relation avec la CONAF, structure de l’état chilien gérant les espaces
naturels du pays, notre association envisage de participer à un projet de
développement touristique.
Nous remercions énormément toutes les personnes qui nous ont aidées et
soutenues à réaliser ce projet : amis, familles, fabricants de matériel,
structures fédérales…
Pour
Regard sur l’Aventure,
Thomas
BRACCINI
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