Les phantasmes de l’Arricaou
Thibault ne connaissait pas le réseau Arricaou de Beaudéan et pour ma part, je rêvai depuis longtemps de gratter deux galeries que l’on avait laissé au repos lors des dernières sorties.
C’est donc ce dimanche par un temps bien maussade pour ne pas dire pluvieux que j’accueille Thibault tout près de Bagnères en vallée de Campan. Pour gagner du temps, je pousse le camion jusqu’au terminus de la piste gluante à souhait.
Nous nous habillons directement sur place et passant devant le porche de l’Arricaou -grotte, nous y jetons un coup d’œil et de frontale, même si ce n’est pas l'objectif.
La progression simple et rapide jusqu’au premier siphon nous confirme son ennoyage habituel en cette saison. Seule nouveauté, des mains imprimées à l’argile sur les parois de la galerie. Traces préhistoriques ou simple preuve que l’homme n’a pas changé et reproduit les mêmes choses ( ironique ! ) ?
Toujours est-il que 15 minutes plus tard nous sommes devant le puits d’entrée du C55 " 1997 " baptisé Gouffre de l’Arricaou.
Thibault découvre et équipe le puits d’entrée . Nous cherchons ensuite ce gros rocher promis à destruction sur conseil de Patrick mais ne le trouvons pas. Une trace au sol me laisse penser un instant que celui-ci a glissé seul entre-temps mais je ne suis plus sur... Quoi qu il en soit nous descendons le deuxième petit puits-ressaut, pour lequel, finalement la seule inquiétude sera la prise de conscience de Thibault que l’obstacle se descend sur un mono-point...
Les 35 ou 40 m de gouffre restant confirment bien vite à mon partenaire que le trou est sympa mais salissant ! L’étroiture désobstruée, il y a deux ans, au prix de 4 ou 5 séances harassantes, nous offre ce petit piment d’émotion et la confirmation que nous faisons bien de la spéléo.Derrière l’amusant obstacle, la galerie convoitée s’offre comme la mariée. Sur un talus d’argile stagnent un marteau, un burin, un piolet humide. Une invitation à les utiliser 20 mètres plus loin au terminus.
Effectivement, la galerie se referme sur de modestes concrétions, un trou de souris, un petit plancher stalagmitique à mi-hauteur.
Impatient, je me rue sur ce travail millénaire et progresse d’un misérable mètre. Thibault se glisse à son tour et perce un affreux feuilletage, un millefeuille glaiseux. Un peu d’air, mais sans plus.
Notre essai de fumée sur papier, nous étouffe un peu. C’est souffleur mais peu violent. Nous faisons le tir quand même. Deux pailles qui libéreront leur nuage toxique lentement, le temps d’un repas, dans une petite salle de refuge 10 m en aval.
Un peu d’air sur les joues, c’est un rien d’espoir... mais le seul problème c’est que c’est très plat, façon laminoir concrétionné et... pire, de l’eau au sol semble faire un effet miroir trompeur.
Nous plions bagage et décidons de jeter un œil à l’autre galerie que j’avais en tête. Ce boyau que nous n’avions pas vraiment approfondi il y a deux ans, n 'a évidemment pas changé. Équipé de la fameuse pioche, je gagne le bout du tunnel de glaise, retrouve au sommet de l’infâme boyau-virgule, le bouchon d'argile de mes phantasmes et peine à l’attaquer au piochon.On ne verra pas plus loin et Thibaut, écœuré, glisse hors du piège, parle de coloscopie plus que spéléo... Le retour en surface est toujours le même, couvert de boue, comme s'il était possible d'en mettre encore plus sur la combi.
Nous sortons à 18h00, satisfaits tout de même de l’aventure et pour ma part un peu soigné car il faut l’avouer, le fantasme de la traversée gouffre-grotte de l’Arricaou, ce n’est pas pour aujourd'hui...
Pascal
Photos GSHP


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