Marti Peyras, nous arrivons !
Samedi 22 novembre 2025,
L'hiver est là. Le mercure joue dans le négatif pendant que la montagne enfile son manteau blanc. La saison des trous souffleurs est donc ouverte ! L'hiver dernier, c'est autour de la Pène de la Hèche que je m'étais acharné. Résultat : le Gouffre des Vers Géants. Cet hiver, je vais pousser mes prospections plus au cœur du massif Saint-Péens : sur les pentes du Soum de Marti Peyras.
Bien que recouvert par la neige, j'arrive à suivre le sentier et je longe par la droite la grande dolline qui sépare le plateau de l'Isarce et le Soum de Marti Peyras. Il faut dire qu'un chasseur, posté sur son mirador, m'a ouvert la trace quelques heures plus tôt. C'est à cet endroit que je quitte le sentier pour une bonne partie de la journée. Je prends donc la direction Est et je m'engouffre dans la forêt. Il ne me faut pas attendre longtemps pour déjà tomber sur un premier trou. Bon, celui-ci est déjà connu, car marqué. Il s'agit du TP de la Cueretto Lounguo. Il est marqué exploré, mais un fort courant d'air s'en dégage. Peut-être un objectif à revoir ? Mais ne tardons pas trop, et ce qui nous motive ici, ce sont les trous encore inconnus.
Les conditions d'enneigement sont parfaites. Toute la forêt est recouverte d'un duvet blanc. Je marche sans difficulté dans la pente, la neige aidant pour ne pas glisser, quand je remarque les premiers accrocs. Là les feuilles d'arbre apparaissent soudainement. Ni une ni deux, je sors de quoi gratter, et l'action commence. En quelques minutes je sens le souffle chaud venir des profondeurs. Tout cela est de bonne augure. La suite n'est pas évidente et il faudrait creuser davantage. Je prends les coordonnées, et je passe au suivant.

Mais avant d'y descendre, je longe la pente quand au pied d'une petite paroi rocheuse, un nouvel accroc dans le manteau blanc. Les herbes font de la voltige alors qu'un gros bloc est coincé en suspension dans une fissure. En déplaçant les cailloux, le courant d'air forcit. A un tel point que les feuilles mortes en sont éjectées. J'arrive à présent à y jeter un œil, et accessoirement des cailloux aussi. Il ne manque pas beaucoup pour que la fissure soit pénétrable. Elle descend tout de même d'une dizaine de mètres.
J'arrive enfin au niveau du tapis de feuilles mortes. Pour voir ce qui se cache dessous, c'est simple : je gratte, je creuse, je déplace les cailloux d'abord par poignées. Puis ensuite, un à un, quand ils deviennent plus conséquents. Je bute enfin contre de la roche en place. Le courant d'air est vraiment présent et les racines virevoltent dans le vent. Je travaille au chaud ! Enfin, j'y vois un peu plus clair. Le trou apparaît. Il s'élargit légèrement. J'entends à présent quelques pierres se faufiler dans le conduit.
Déjà une demi-heure que je gratte sans relâche. Il n'est pas prévu de passer la journée ici, à remuer des mètres cubes. Je profite néanmoins d'être au chaud pour casser la croûte, heureux de voir que tout n'a pas encore été découvert, loin de là. Et surtout loin de la première route... puisqu'il faudra compter entre 2h30 et 3h pour y revenir travailler...
Je continue d'arpenter la pente en quête d'objectifs supplémentaires. Ça en devient presque lassant : s'arrêter, enlever les gants, relever les coordonnées, prendre une photo, remettre les gants. Il y a vraiment du potentiel dans cette zone ! Dans cette zone, ça ne sera pas moins de 9 accrocs majeurs du manteau neigeux que j'aurais relevés. Et bien d'autres petites éraflures que j'aurais ignorées.
De là où je suis, j'ai une vue parfaite sur le cirque. Je distingue au loin, à environ un kilomètre à vol d'oiseau, une tache noire encaissée, sous le Soum de la Génie Braque. Intrigué par cette anomalie, je rejoins la ligne de crête où je retrouve le soleil. Je ne la perds pas des yeux. Je m'oriente et je compare avec les données de Karsteau. Une doline est pointée pas loin, mais ce n'est ça. Je quitte la ligne de crête et je m'enfonce dans le cirque, et dans la neige. Sur place un cercle de 5 à 6 mètres de diamètre est dépourvu de neige. Je suis sur un éboulis. Certes l'air y est plus chaud, mais je ne ressens là aucun courant d'air franc. C'est certain, il y a quelque chose sous mes pieds. Mais quoi ? Et à combien de mètres sous moi ?
Fin de journée, je redescends. Il est près de 19h quand j'arrive au camion, les jambes lourdes. Le thermomètre affiche -3°C. Je me dis que la neige devrait encore tenir et que demain je pourrais aller faire un tour du côté de l'Aoulhet. Mais ça, c'était sans compter les innombrables averses de la nuit et la remontée des températures. Finalement, le dimanche aura été repos.
Thibault

.jpg)






Jolie prospection. De telles conditions sont hélas de plus en plus rares, hier il ne devait certainement plus rester de neige. Bravo
RépondreSupprimer