Transhumance en pays kartisque
Comme depuis maintenant 10
années, la route de la transhumance d'un troupeau d'ovins de Bazas dans
le 33 passe par St Pé de Bigorre et y fait étape. C’est un peu l'occasion de
faire la fête et de célébrer cette tradition qui se perpétue malgré tous les
développements du progrès.
Cette année l'étape de St Pé
était un peu modifiée du fait d’une suspicion de présence, dans la zone de
l'Aoulhet, de gale ovine. Il n'est pas question pour le troupeau de passer la
nuit, comme habituellement, à l'Aoulhet et de risquer une contamination qui
serait bien fâcheuse.
Pour pallier à ce problème, les
bergers ont fait appel à notre ami Jean Claude, grand connaisseur de la forêt
et qui s'est proposé, en plus de guider le troupeau sur un sentier méconnu, de
l’héberger pour la nuit sur le terrain à l'Oustalet, près de la grange.
Nous sommes conviés au
"voyage".
Rendez-vous est pris à 8 heures
du matin au Bergons, là où l'on part pour nos expé. Nous sommes au total une
douzaine de personnes mais le troupeau lui est formé d'environ 550 brebis, 2
chèvres, 2 patous, 3borders collie et un berger des Pyrénées à poil long. Toute
une équipe.
A 8h30 le troupeau s'élance sur
la piste, 4 personnes en tête, les autres suivant le défilé et les guidant
latéralement afin d'éviter tout départ intempestif. A savoir, qu'en plus de marcher, la brebis
ne pense qu'à une seule chose, manger !
Sur la piste la cadence est
bonne mais dès que nous arrivons sur le petit sentier, le troupeau s'éparpille,
se met à brouter et il faut les contenir. De plus, en tête on s'assure qu'il
n'y a pas d'autres moutons dans le coin afin de ne pas se mélanger. Le passage
est libre et la cohorte avance quand même à bon train, c'est déjà le col
d'Andorre puis la descente aux abreuvoirs et la forêt. Là, le troupeau se
disperse mais heureusement ils ont tendance à aller tout droit. Quelques coups
de sifflet, le travail remarquable des chiens et nous voici rapidement au bas
des 7 lacets, non sans avoir évité quelques pierres qui dégringolent de la
pente, du vieux sentier disparu.
La forêt presque horizontale
est franchie à la queue leu leu et nous voici au bas du col d'Espadre. Il est
11 heures passé, il faut que le troupeau se repose, les hommes aussi.
Deux heures d’arrêt, au soleil,
il fait beau, le troupeau s'est égayé sur les pelouses, les
sonnailles se sont tus, on est bien, le bonheur. Casse-croûte.
Vers 13 heures 30, des brumes
commencent à monter du côté du Picharrot, il est temps de reprendre la marche.
C'est à partir de cet instant
que nous empruntons le chemin de Jean Claude et nous commençons rapidement à
sentir la réticence du troupeau qui se trouve maintenant en zone inconnue.
La progression vers le Cap de
Litas sera laborieuse et de plus, la brume aperçue commence à arriver.
Nous passons une zone où les repousses de hêtres sont très
importantes et de l'arrière nous ne voyons plus l'avant du troupeau. Les talkies-walkies
seront bien utiles. On arrive sur les "Gayous" et la connaissance des
lieux de Jean Claude permet à tout le monde de s'en sortir rapidement.
A noter au passage la vue d'une
cavité repérée récemment, "l'aspirateur démentiel". Il porte bien son nom et
devrait nous revoir rapidement.
Nous jonctionnons enfin avec le
sentier qui va vers Pla de Bers et c'est un peu le soulagement. Seul à un
endroit resserré une partie du troupeau arrivera à s'échapper de notre vue mais
le berger fort avisé s'en aperçois vite et le son des cloches permettra de
faire rapidement une jonction de l'ensemble.
Pla de Bers est atteint, la
cadence augmente et à la jonction avec le sentier qui descend au monastère, le
rythme s'emballe. Elles ont reconnu les lieux et la descente se fait sur un
rythme endiablé.
Ça y est le monastère est en
vue, quelques mètres et c'est l'Oustalet. Il est 18 heures passées.
Alain M
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