Le sable de l'Arricaou
Mardi 19 août 2025
La dernière fois que nous étions venus à l'Arricaou, nous avions découvert une galerie "inférieure" terminée par un beau siphon à l'eau cristalline. Mais ici la notion d'inférieure est à prendre au sens relatif du terme c'est à dire en considérant simplement que ce conduit est plus bas en altitude que les autres galeries mais qu'il ne correspond en rien à un niveau de base identifié. La situation est identique dans la grotte du même nom située un peu plus en aval et que Pascal visite à intervalles réguliers. Dans celle-ci, des siphons présents une grande partie de l'année disparaissent progressivement lors d'étiages prononcés. Finalement, à part en fortes crues où l'eau resurgit par le porche de la grotte, on ne voit jamais l'eau couler dans ces deux cavités. Cela reste assez énigmatique d'autant plus qu'aucune sortie d'eau n'est identifiée à l'extrémité de la fine strate calcaire dans laquelle elles se développent. Compte tenu de ces observations, il semblait assez logique que le siphon ne soit finalement que temporaire. C'était donc l'objet de notre sortie de mardi dernier, avec les protagonistes habituels : Pascal, Jean-Noël et moi et Mattéo, fraîchement arrivé au club.
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La galerie juste derrière l'étroiture désobstruée |
La canicule est terminée depuis deux jours et désormais c'est "brouillasse" et crachin ce qui ne favorise pas trop les courants d'air. D'ailleurs, à l'entrée, il est difficile d'affirmer qu'il y en a un, ou si c'est le cas, il est très légèrement aspirant. Le premier puits est assez sec mais au bas, dans le talus qui mène au P7, nous constatons que le sol a été en partie lessivé par des crues. Du coup, certains cailloux débarrassés de leur matrice argileuse deviennent instables et menacent de glisser dans le puits. C'est le cas notamment de deux gros blocs qu'il convient de surveiller de prés à chaque venue. Un nettoyage en règle ne serait pas superflu. Prudence donc aux éventuels visiteurs.
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Le puits du Lac vers-70 m |
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On débouche dans cette belle galerie par un petit soutirage latéral. |
Un peu plus loin, Mattéo découvre le premier passage désobstrué qui, vu sa taille, n'est pas vraiment adapté à son gabarit. Et le fait de lui donner une combine taille L au lieu d'un bon XL ne le rétrécit pas pour autant. Mais en forçant un peu ça passe. Avant d'aller vers le fond, nous allons voir s'il y a de l'air dans l'aval de la galerie fossile. Là encore c'est très faiblard et cela ne plaide guère en faveur d'une éventuelle connection avec la grotte. Nous poursuivons notre progression, enchaînant les petits puits en montagnes russes et les étroitures gluantes.
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A -74 m nous parvenons au point bas du gouffre au niveau d'un ruisseau temporaire. |
Parvenus au siphon, nous constatons que celui-ci a totalement disparu. A la place de l'eau turquoise, le conduit est occupé par une gigantesque dune de sable. Point positif, il y a pas mal d'air, point négatif, la pente est raide et se prolonge sur 6 à 7 m sans pour autant être pénétrable. Que faire ?
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Le siphon est à sec mais en partie comblé par un épais de talus de sable. |
Nous commençons par pousser le sable sur les côtés, puis Pascal propose de remplir des kits de sable pour les vider un peu plus loin dans la galerie mais tout cela est insuffisant car il y en a des mètres cubes et ce que nous remontons repart aussitôt vers le bas. Bref, au bout d'une heure à brasser dans cet élément inconsistant, nous déclarons forfait.
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On brasse, on tire des sacs mais rien n'y fait... |
Nous nous tournons alors vers l'aval qui est également désamorcé. Après un passage bas occupé par une flaque d'eau résiduelle, nous parcourons une trentaine de mètres jusqu'à une trémie faite de blocs soudés par la calcite.. Au retour, Jean-Noël repère une lucarne derrière laquelle on devine une salle. Malheureusement après avoir agrandi le passage, nous reconnaissons une coulée stalagmitique découverte dans une galerie explorée il y a deux ans dans le même secteur.
Au retour, la fatigue aidant, les étroitures semblent un plus sévère et nous sortons en fin d'après-midi bien calmés et toujours aussi boueux. Décidément l'Arricaou ne se laisse pas facilement apprivoiser et continue de livrer ses secrets au compte goutte. Mais nous n'en resterons pas là et donc affaire à suivre...
Patrick
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