Ce samedi pendant que les copains se rendent sur l'Aülhet, je prends mes raquettes, crampons et bâtons et j'attaque la montée de Bat dé Haü à la frontale.

Je dois être à 15h à la maison, donc je préfère partir sur un objectif facile : Toupiettes-Isarce.

Assez rapidement dans la forêt je trouve de la neige, puis je chausse même les crampons sur neige bien verglacée... 

Je n'ai pas envie de me retrouver les 4 fers en l'air au passage d'une rivière, je ressemblerais trop à l'ancien Président, encore dans l'exercice de ses fonctions, partant cœur vaillant pour les Picharrots... 

Deux heures plus tard, je suis à la Source de Bat dé Haü et déjà je suis impressionné de la quantité de neige... Mais ce n'est pas fini...

Petite pause thé + œuf dur et je repars en raquettes.

La montée du raidillon derrière l'ancienne cabane est en mode plongée sous-marine, sous des épaisseurs de neige remarquables, soufflées sur la pente à 45% ! J'ai failli rester hiberner ici...

Ensuite la montée dans la hêtraie est somptueuse avec un bel éclairage du soleil.

Sur le plateau de l'Isarce, bon enneigement également, avec déjà des parties soufflées ayant composé de superbes corniches, aux lèvres charnues, à mordre dedans (ou à se rouler dedans, pour les plus coquines ou les plus coquins de nos tachous...).

Après une séance d'un petit millier de photos, je prends la direction du sommet de NOTRE montagne locale, l'Aroü.

J'en profite pour vous raconter une belle anecdote, rapportée par l'Abbé Bernard Abadie, dans le Sanglier du Picharrot, 1969 :

En 1919, profitant de l'euphorie de la victoire et de la surprise des électeurs, le baron de Rothschild fut élu sans peine député des Hautes-Pyrénées. Ce succès trop facile le grisa aussi, quand il sollicita le renouvellement de son mandat, il crut pouvoir se passer de principes politiques bien définis : le prestige de son nom et ses largesses fastueuses devaient suffire à des populations arriérées et besogneuses. Erreur psychologique qu'il eut évitée s'il avait eu vent du proverbe local : Créba dé hami é mouri d'arridé. La réunion qu'il fit à Saint-Pé lui dessilla les yeux.

Sur ses avances non équivoques, un pince sans rire se leva timidement, en tortillant son béret comme un écolier qui sait mal sa leçon 

– Monsieur le Député, nous aurions une requête à vous présenter.

Vous êtes si puissant et vous êtes si riche. Si vous nous exauciez, nous voterions tous pour vous. Je ne sais pas bien m'exprimer... et pourtant, si vous vouliez... ce serait si facile pour vous...

– Parlez toujours, mon brave homme ! N'ayez pas peur ! Mon unique ambition est le bonheur de notre arrondissement, mon seul programme, la prospérité de tous.

– Eh ! bien, voilà. Puisque vous m'encouragez, je mets les pieds dans le plat. Vous savez... l'Aroü... cette montagne qui se dresse à mille mètres au-dessus de notre bourg ? Il est cause que nous n'avons presque pas de soleil de tout l'hiver. Vous, qui n'avez qu'à commander, peut-être que vous pourriez le raser en son milieu... à hauteur du Puts, je crois que ce serait suffisant...

Un rire moqueur éclata dans la salle, et le bon baron devina alors, en rougissant, quel serait le résultat des élections...

Mais comment aller du Clot det Haboub à l'arrondi sommital de l'Aroü, le Soum de las Toupietas, sans faire le crochet par l'inégalable Puts dets Tachous, autrement baptisé le TP19 ?

En m'en approchant, je crains que son entrée ne soit recouverte totalement de cette colossale couche de chantilly, déversée en masse, et de ...tomber dedans... Je trouve une énorme lèvre, mais je trouve aussi le trou... Aucun risque d'être bouché... Il y souffle un courant d'air digne des tempêtes de Raz de Sein.

Emu, je contemple pour la n-ième fois, ce petit trou découvert en 1983 seulement. 

Ils furent quelques dizaines de valeureux spéléos à explorer sur 4 années, en de nombreuses fois, pour gagner à la fois le collecteur dans le fond, le siphon terminal (-804m), leur éternels souvenirs et notre immense reconnaissance spéléologique...

Plusieurs d'entre les valeureux sont encore membres de notre club... C'est dire leur âge !

Faut lire le CR d'explo sur karsteau, ça vaut son pesant de bons mots et de rigolade !

Je prends quelques photos et vidéos.

Je repars enfin vers les Toupiettes, puis la pause casse-croûte à la cabane et enfin la redescente, remonté comme une horloge.

15h pétantes, après 1/4h à taper la tchatche avec un groupe de chasseurs saint-péens au château d'eau de Sep, j'ouvre la porte de la maison... Yes, pari gagné !


Marc


Commentaires

  1. Après la danse du ventre, c'est maintenant la danse du vent. Bravo, très original

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  2. Le même vent qui agitait des herbes folles que nous avons aperçu de loin le jour où, avec Serge Latapie, nous avons découvert cette petite entrée... il y a déjà plus de 40 ans !

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