Adieu Gustave !

 Après celui sur Alain en mars dernier, voici un autre article que nous aurions préféré ne jamais publier. En effet, dimanche dernier nous apprenions que Gustave, notre "Gus", s'était tué la veille dans un accident de parapente. Nous n'avons pas vraiment de précisions sur les circonstances exactes mais finalement peu importe, car il n'y a rien d'autres à dire que d'exprimer notre très grande tristesse. Malgré ses 67 ans, Gus faisait partie des "jeunes" du club, de ceux qui ont envie de tout voir, de tout faire, de
tout apprendre. Sa disparition va laisser un grand vide au GSHP mais également à Amalgame, et dans les instances du SSF où il se réjouissait de s'investir dans les transmissions. C'est brutal, injuste et
inacceptable mais malheureusement nous devons nous résoudre à l'accepter. Bien sûr toutes nos pensées vont à Christine et à son fils qui sont frappés par la même brutalité.

Plutôt qu'une nécrologie nous avons préféré laisser à chacun le soin d'exprimer sa tristesse, d'évoquer des témoignages, de raviver des souvenirs par des textes et des images.

Gus sur les flancs du Pic d'Areng.
"Affirmatif, Gus !"

Une première rencontre au TP30 et une dernière sortie au GPA en juin dernier sans oublier une inoubliable mission vidange de siphon ! Tu m'amusais sans le savoir avec tes formules : "bien reçu !", "je serai sur zone", "affirmatif"... Tu ajoutais à notre sport favoris une touche de légion étrangère et de force spéciale ! J'ai aimé nos riches échanges sur la famille, il faut dire que tu avais seulement 3 ans de plus que mon père et que comme nous, tu as vécu des moments forts avec ton fils grâce à la spéléo ! On dérivait souvent du seul aspect sportif... Je n'aurai pas le plaisir de partager avec toi une sortie au Quéou mais nul doute que tu seras dans nos cœurs et nos esprits !"

Sur les Toupiettes avec Anthony

Jean Noyes

Gratitude...

Lorsque tu étais présent sur les sorties, j'étais toujours très heureuse de partager ce moment en ta compagnie. J'aimais ta douceur, ta gentillesse, j'adorais ton sourire que je trouvais merveilleux.
J'ai passé que trop peu de temps à tes côtés, mais même si j'avais passé tous mes we en ta compagnie, ça n'aurait été que trop peu de temps, tellement ta joie de vivre était contagieuse.
Ton départ m'a tiré des larmes, peut être pas légitimes par rapport aux larmes versées par les amis qui partageaient notre passion commune depuis plus longtemps à tes côtés... mais des larmes de savoir que ton sourire n’éclairerait plus les cavités.
Beaucoup de tristesse, mais aussi beaucoup de gratitude d'avoir eu la chance de t'avoir côtoyé.

Kat

Après la traversée du Paybou

"Jusqu'à l'ultime sacrifice"

Allo Bubu ? T'es à l'exercice secours en Ariège ? J'aimerais bien participer pour me former aux techniques de télécommunications. Bien sur Gus, tu viens et je m'arrange pour que tu sois dans l'équipe filaire. Dès son arrivée, il s'implique dans l'équipe en train de préparer tout le matériel . Mais par manque de personnel, j'ai envoyé Gus bartasser avec les collègues du 09 dans les mains courantes de la rivière du "Pique Nique des Vieux". Sa réponse ? Oui, bien sur, avec plaisir.
Allo Bubu, tu vas à l'exercice préfectoral à La Pierre la semaine prochaine ? J'aimerais bien voir aussi le fonctionnement du pimprenelle.
Bien sur Gus, je m'en occupe. Et le voici engagé avec les premières équipes et il me remercie même en passant au PCA alors que je l'envoie au charbon pour de nombreuses heures...
Allo Bubu, pour la mine de Curadère, on pourra tester le filaire ?
Bonjour Gus: ce n'est pas l'objet de la formation mais effectivement, s'il y a assez de monde, on peut en profiter pour faire une petite manip filaire...Merci de ta proposition.

Voilà, c'est ça Gus. Un passionné avide d'apprendre et de toujours se perfectionner. Toujours prêt à rendre service et toujours avec le sourire. Un mec bien que j'aime titiller sur son passé de légionnaire: "tu serviras de toutes les forces de ton âme et s'il le faut, jusqu'à l'ultime sacrifice ". Ha combien de fois nous l'avons décliné et même chanté ce "jusqu'à l'ultime sacrifice" en tirant des seaux de gravats du SE 08...
Et puis, quelque part dans le Comminges, une toile qui se met en vrille ... C'est vraiment con.



Désob au SE8

Bubu

Gus le Baroussais

J'avais entendu parler d'un Baroussais spéléologue et c'est évidemment quelques dizaines de mètres sous terre que nous nous sommes rencontrés. Au gouffre du Python exactement, lors d'une sortie du club d'Airbus dont nous faisions tous deux partie sans nous connaître. C'est chacun longé à une main courante que nous eûmes notre première conversation qui fut le début d'une longue collaboration. Je l'emmenais sur des cavités dans ma vallée de Nistos, en stand-by faute d'équipier, et lui m’entraîna sur le gouffre d'Areng dans lequel j'étais encore avec lui pas plus tard que cet été. Nous avions prévu également de revenir au gouffre Chichou à la toussaint.
Je partageais avec lui la culture et l'histoire commune du secteur ou nous sommes nés ainsi que, peut-être du fait d'avoir grandi tous deux au fond d'une vallée encaissée, une irrésistible envie d'aller voir ailleurs si on y est.
Au cours de nos longues marches d'approches, notamment, nous parlions souvent à bâtons rompus. De contrées lointaines, lui au travers de ses missions militaires et moi des mes voyages, mais aussi de géopolitique, d'environnement, de la famille, de l'amitié, des femmes, de l'amour et même de la mort.
Il m'avait dit n'avoir pas de frustrations et le sentiment d'une vie accomplie. Selon lui on ne peut pas bien vivre si on a peur de mourir. Il aura été fauché trop tôt. C'est à n'en pas douter l'avis de tous ceux qui l'ont côtoyé. Il avait encore plein de projets, et il va manquer à beaucoup de personnes à commencer par sa femme, son fils, sa mère encore en vie et son frère dont il était proche.
Personnellement je perds un ami. Mais l'aventure continue dans son sillage et sa mémoire.
Si certains se demandent à quoi sert la spéléologie, sans être la seule et sans exclure les autres objectifs pouvant paraître dérisoires dans certaines circonstances comme celle-ci, n'est-ce pas de permettre de créer des liens entre protagonistes parfois aussi solides que le calcaire contre lequel on s'acharne parce qu'il nous barre la route (Gustave étant devenu un expert dans le domaine!).
Adishats Gus...

Jean- Noël Rumeau

Topographie a fond du Pic d'Areng avec Alain 

 "Il est où ce synclinal ?"

Dimanche 18 septembre 2022 :
"Alors il est où le synclinal ?". Gus, à peine essoufflé par les 600 m de dénivelé menant au gouffre de Tuquerouye, se joint à nos réflexions sur les possibles sorties d'eau du massif. En élève studieux, Gus avait déjà tout retenu de la structure d'un karst. Plus tard dans la journée, alors que nous étions sous terre et qu'il m'indiquait les points topo : "on en est bien à la visée 7-8 ?". Silence, car je ne numérote pas les visées mais lui les avait comptées dans sa tête et je suis certain qu'en effectuant cette tache, il visualisait toutes les notes qu'il avait méticuleusement consignées dans son petit cahier d'écolier lors du dernier stage topo. Ce jour-là il n'avait pas été possible de s'arrêter tant qu'il n'avait pas compris toutes les étapes de la topographie quitte à refaire 3 ou 4 fois la même manipulation. 

Gus à la topo dans la grotte de Troubat.

Il était comme ça Gus, et d'ailleurs lorsqu'il a décidé de s'investir dans les transmissions du SSF, il a ressorti son petit cahier pour tout noter, tout comprendre et assimiler. Et c'était carré ! Il disait ce qu'il pensait, et faisait ce qu'il disait sans blabla, ni compromis. Au début de l'été alors que je lui proposais de se joindre à nous pour venir en Cantabria, il déclina l'invitation préférant se concentrer sur le gouffre du Pic d'Areng "j'ai prévu de faire 10 séances", rien de moins. Il en fera 6 en solo ou à 2 avant de se heurter à un rétrécissement rédhibitoire. Gus ne lâchait rien et s'étonnait un peu du nombre de projets que nous annoncions lors de nos assemblée de club, le tout dans une joyeuse cacophonie digne d'une vente aux enchères. Malheureusement les enchères ne trouvant pas d'acquéreurs, les fameux projets restaient souvent lettre morte alors que les siens étaient toujours menés à leur terme. Mais si Gus était rigoureux il n'était pas rigide pour autant et faisait preuve d'une bienveillance amusée et admirative vis-à-vis des plus jeunes, ceux qui actuellement repoussent les terminus de leurs ainés. Il prenait d'ailleurs plaisir à les accompagner dans leurs joyeuses virées et il est certain que 20 ans plus tôt il aurait été de ceux qui courrent dans les galeries au fond du TP 30. Foutu temps qui passe ! Gus en avait conscience et depuis sa retraite, il croquait la vie à pleines dents sautant sur toutes les occasions qui lui étaient offertes pour assouvir ses passions. Et elles étaient nombreuses ces occasions tant il était plaisant de l'avoir dans son équipe. D'équipier il est rapidement devenu l'ami de bon nombre d'entre nous. Une amitié solide, franche et sans concession comme le reste. Ce 18 septembre dernier, nous avions passé une journée inoubliable au fond du cirque d'Estaubé mais nous ne nous doutions pas que ce serait la dernière fois que Gus se joindrait à nous. Bon sang que c'est moche, il restait tant de choses à faire ensemble… Adieu Gustave nous ne sommes pas prêts de t'oublier.

Patrick Degouve

Gus lors du stage topo à Aventignan

 Xendako...

Je n'ai pas grand chose à ajouter à la peine collective.
Je voudrais juste évoquer ce 9 octobre 2021, jour où nous avons réalisé la deuxième traversée Xendako - Verna en accompagnant d'abord une équipe d'explo dans ce labyrinthe de puits et de grands méandres puis nous sommes sortis par le bas en faisant des bouts de topo. Nous étions 5. Alain Bressan avait voulu que Gus soit avec nous. Gus et Alain étaient très proches et partageaient une même passion avec beaucoup de complicité.
Alain était sorti très fatigué de cette traversée. Gus était en pleine forme. C'était la dernière sortie spéléo d'Alain. C'était aussi la dernière fois que je me suis retrouvé sous terre avec Gus.

Mickey

 42 ans d'écart...

42 ans d'écart et pourtant un ami devenu proche au travers de la spéléo, tellement de projets en commun… Nous continuerons désormais de les honorer en sa mémoire, celle d'une personne loyale à la gentillesse sans limite, toujours prêt à se dépasser pour l'avancée de tous.
Gus ta rigueur fut souvent confrontée à notre joyeux désordre, et pourtant la confiance et la bienveillance que tu nous portait resteront toujours un exemple d'humilité et de tolérance pour moi. Organisé, persévérant, adorable et courageux, merci d'avoir été là.


C'est toujours difficile, c'était devenu un véritable ami au fil du temps, j'avais beaucoup d'affection pour lui.
Une pensée pour ces proches et pour vous tous.

Lors des opération de traçage au Bassia

Damien Vidal

Trois hommes admirables

Certaines nouvelles de la vie te laissent un long goût amer. La disparition brutale de Gus n'en n'est que plus durable...
De par son parcours professionnel, la mort il la côtoyait, il la frôlait... Et voilà qu'elle le fauche dans la quiétude tempérée d'un samedi automnal...
Depuis quelques années, de retour dans sa chère Barousse natale, il avait rejoint notre Club. Rapidement, par sa gentillesse et sa bienveillance; Gus fut d'emblée un équipier reconnu. Puis rapidement, il fut bien plus qu'un équipier, un copain, un porteur de projets, un élément moteur du Club...
Investi dans notre communauté d'explorateurs, du Spéléo Secours, doté d'une condition physique hors normes, Gus partageait notre passion. Il fut de toutes les explorations engagées (La Pierre, St Pé, le Bassia, la haute montagne calcaire...). Et dans sa Barousse, le Gouffre du Pic D'Areng était sa quête. Avec son compère Sylvain Zibrowius, un travail acharné de plusieurs mois leur permit de forcer le passage, celui où un autre illustre spéléo Pyrénéen, Jacques Jolfre, avait stoppé sa progression. Par la suite, le terminus des années 60 fut porté à -460m !
Là, une nouvelle fissure stoppa Gus, motivé, même en sortie "solo", il continuait à agrandir le passage car derrière c'est sûr, il y a une excitante découverte à explorer...
Comme l'ami Alain Bressan, ils y croyaient...
Alors maintenant que les âmes de ces trois admirables Hommes, sont réunies, je suis sûr qu'en secret le trio furète dans les profondeurs. Il a franchi la striction terminale et leurs âmes  s'évanouissent dans les volumineuses galeries qui font suite. Puissent-elles, à nous les vivants, nous guider vers la suite afin d'honorer dignement leur mémoire.
Merci Gus de nous avoir ouvert la voie, c'est avec tristesse que je te dis adieu, mais ton passage parmi nous a laissé ta trace indélébile de l'amitié.

Alain Dole
A l'entrée du gouffre du Pic d'Areng



 



Commentaires

  1. Bravo pour vos articles sur Gus. Ce fut un réel plaisir de partager quelques sorties avec Gustave. Il nous manque déjà. Les mots manquent. José

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