Traversée Tranchée/Paybou.. en retard!

 C’est la veille de ce dimanche 19 Juin que je me laisse embusquer dans une sombre histoire de traversée St Péenne n’ayant pas encore été réalisée, pas même par le fameux Abbé Abadie ni par quelconque espagnol en quête d’aventure. En même temps ce n’est possible que depuis 2018 et je ne crois pas que l’Abbé Abadie ait été en mesure de s’y confronter, les espagnols par contre.. faut faire vite alors!

Je me retrouve donc chez Thomas samedi soir et je le regarde courir partout (surtout après son burin fétiche) pour rassembler et préparer le matos nécessaire à la sortie de demain. A part quelques commentaires, je ne fais pas grand chose. En fait j’ai aucune idée de ce qui nous attend demain, si personne ne s'est empressé de faire la traversée depuis 2018, ça doit pas péter un fémur à une cigogne. C’est à deux heures de marche? D’accord ça s’explique mieux. 

En fait Thomas y est déjà allé avec Val pour aménager des passages afin que la traversée soit accessible à tous, cependant lui non plus ne sait pas à quoi s’attendre n’ayant pas pu la réaliser la fois précédente car il n’y avait pas de corde en suite. En réalité personne ne sait à quoi s’attendre, ça s’annonce funky.

Nous voici donc devant le monastère de Bethléem pour un énième objectif! Les divers kits et claies de portages sont vite chargés après un petit briefing organisationnel. Sur la marche on prend un poil d’avance avec mes 3 compères, Thomas, Jean Noël et Gus avant de retrouver Marc juste derrière nous au niveau du refuge de l’Aoulhet. On se met d’accord avec lui qui partira avec Kat et Caro depuis Paybou, de notre côté Gus et Thomas foncent au fond pour continuer d'aménager pendant que l’on ré-équipe le trou en rappelable avec Jean Noël.



Ca part bien puisque je commence par forer en 12 sans réfléchir au fait qu’on ai des goujons inox de 10, tant pis c’est vite transformé en AF type abalakov (l’idée c’est d’ailleurs de poser le minimum de ferraille). Cette fois-ci je fore bien en 10, mais là je réalise que de toute façon on a pas de clé de 17. Bon la seule chose qui serre là, c’est mon mental pas les goujons. J’aurais mieux fait de m’intéresser plus sérieusement à la préparation du matos plutôt que de me la couler douce hier soir! 

A chaque problème sa solution, je râle mais on va quand même continuer en faisant le maximum d’AF. Le seul souci c’est qu’on a qu’une batterie sur le mini perfo du club, le truc c’est même pas une chignole c’est un vilebrequin, autant dire qu’on va pas faire d’AF d'anthologie avec des forets courts et la sangle sans crochet abalakov… On se débrouille sur les premiers ressauts et on poursuit, Jean Noël prend de l’avance pour anticiper le temps que je fignole derrière, on ne devrait pas tarder à les rejoindre mais je le retrouve tout seul plus loin en ayant progressé sans trop m’inquiéter. On a pas de topo ni trop d’info mais la légende dit que la progression est évidente et on s’est tous les deux retrouvés au même endroit. On devrait donc être sur la bonne voie, il paraît que c’est une traversée probablement merdique, rien d'étonnant! 





On est en effet devant une étroiture assez sérieuse. Jean Noël, plus raisonnable, commence à remettre en question notre itinéraire. Mais ce n’est pas possible, selon moi aucun doute, c’est au plus évident et ça doit passer puisque Gus est devant avec Thomas. Je part tout bouillant en embarquant avec certitude le kit qui m’accompagne, en effet chapeau Gus, c’est quand même bien serré là… puis ça s’arrange pas cette affaire! 

Jean Noël attend ma confirmation, on sait jamais! Plus je descends, plus ça devient merdique, suis couché dans l’eau entre des becquets bien saillants. Virage sévère à 90° mais un bel écho commence à se faire entendre. Du noir se laisse entrevoir au bout de l’étroiture. J’arrive je ne sais comment à passer pied en avant et c’est parti, ça descends pas mal, mes pieds passent enfin mais ne touchent rien dessous, ça résonne à balle ça doit être juste là! Je touche toujours rien au niveau des pieds mais bon, j’ai l’habitude c’est ça d’être petit, deux prises pour les mains et je me laisse pendre dans le vide pour passer la tête et trouver des pieds que j’imagine à 2cm de ma semelle.. Mais merde! Merde merde merde suis au dessus d’un P10 plein pot, et personne en bas! Ouhlala demi tour, vite vite! 

Mais ce couillon de kit qui est juste au dessus me gène pour ressortir ayant les deux mains prises et n'étant pas Adam Ondra je préfère les garder sur le caillou. Ce con de kit veux apparement m’achever puisqu’il fini par me tomber sur la tronche! Ça suffit, je force un bon coup et j’arrive à m’en tirer. J’ai trop tiré sur mon poignet avec l'adrénaline, j’ai vraiment flippé là, argh ça fait mal! Là je suis méga colère, y’a rien qui va, mais c’est quoi ce bin’s! Pas le bon matos, pas le bon itinéraire, pas même un cairn!... Je remonte trempé dans cette rascagne en rageant et le bruit des autres nous indique plus clairement où se trouvent réellement les copains. On les retrouve et je maudit Thomas de m’avoir dit que c’était si évident, en fait il fallait remonter une corde (qu’on avait loupé n’ayant pas de topo), j’avais pas du tout capté qu’il fallait prendre une corde avant Paybou pensant que les remontée ne concernaient que l’équipe du bas!



Une clope, des explications et on en rigole vite, j’ai quand même eu bien chaud… plus jamais ça mais bonne nouvelle.. ce puits semble inconnu… Patrick, toi qui a refait la topo (j’ai vu tes superbes stations signature toutes mignonnes), aurais-je fait de la première à mon insu? En bas de ce mystérieux puits, ça avait l’air de barrer en plus! 

Allez, la mission continue et on se caille grave dans le courant d’air du laminoir qu’ils aménagent. Encore un peu et c’est bon, c’est enfin confort et on va vite pouvoir rejoindre les autres qui doivent nous attendre à l’heure qu’il est! Quelques ressauts plus bas, ils sont en train de tester des pas de blocs mais sans crashpad!.. Retrouvailles souterraines au top, on rigole bien, on mange un bout et on repart chacun dans nos sens respectifs. En descendant on équipe tout ce qu’on peut avec le matos dont on dispose, autant dire qu’il faut impérativement revenir pour terminer ça parce-que ce n’est pas rappelable en l’état. 



La traversée est en réalité vraiment sympathique, les parties horizontales sont mignonnes, les verticales bien formées, la progression y est variée et seulement très ponctuellement étroite. Vites rendus en bas de Paybou, l’ambiance est magnifique, c’est le clou de la traversée! Qui va remonter en premier? Et bien ce que les autres ne savent pas encore, c’est que je suis espagnol, et que le premier à avoir réalisé cette traversée inédite sera… un espagnol!! On remonte tous ce beau P40, et Jean Noël déséquipe. Il faudra tout de même faire bien attention à tout purger correctement à cause de la gélifraction importante au sommet de Paybou. 



Désormais, il va nous falloir nous exfiltrer de la jungle Saint Péenne pour rejoindre le camp de base opérationnel, sans avoir aucune idée d'où on se trouve vraiment puisque personne ne connaît Paybou. Comme le dit si bien Gus de part son expérience légionnaire, “Paumés, mais groupés”! Je suis plus en mode, “Paumés, mais 4G”, et c’est IphiGénie qui confirmera notre plan d’action. On descend de toute façon au mieux jusqu’au ruisseau en contrebas, de là deux options s’offrent à nous: remonter un peu pour trouver un chemin confortable ou continuer à tirer vers le bas par le ruisseau. La vidéo qui suit illustre bien notre choix!



C’est donc après cette belle session canyon qu’on se retrouve non loin de Bethléem ou les autres nous retrouve après 30/45mn. Une super journée riche en surprises, merci à toute l’équipe et en espérant que d’autres aient la chance de profiter de cette nouvelle traversée St Péenne qui vaut le détour si l’on dispose de jambes bien motivées!

Damien V


Commentaires

  1. Voilà, elle est faite cette traversée, très bien.
    Il faut se dire quand même que s'il n'y avait pas eu la Covid, elle aurait été bouclée en 2020. Mais mieux vaut tard que jamais.
    Et si en plus le P10 vu avec les pied donne sur une suite, ce serait formidable, mais c'est une autre histoire. Rêvons.

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  2. Très sympa ! mais la descente du "canyon" de la Génie en combi, vous êtes pas les premiers. Je dois avoir des photos des années 80 avec Domi et son chapeau de paille. Vous avez du vous régaler. Bravo

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