Visite géologique au Pilorge

 22/09/2024 Pierre C

Régis m’avait invité au début de l’été de faire une sortie « observations géologiques » au Pilorge, un gouffre exploré par le GSVO, et dans lequel de très belles galeries ont été découvertes récemment. Je n’avais jusqu’alors pas réussi à trouver un moment, mais ayant enfin prévu une journée de libre le dimanche 22 septembre, je l’appelle et lui demande s’il est dispo. Une sortie est déjà prévue le samedi 21 avec un groupe gros groupe (13 personnes, dont Thibault du GSHP  voir à ce lien   )

Il n'est pas possible pour moi d’être là. Qu’à cela ne tienne, Regis me propose d’y retourner le lendemain, pour une sortie « privée », juste tous les deux. Ça ira plus vite qu’avec un  groupe important et on pourra prendre le temps de discuter, rajoute-t-il …

Nous descendons donc le dimanche par l’entrée des Deux Lettres, qui est en une série de puits pas forcément très agréables (pas toujours très larges et propres…), et qui ont en réalité été escaladés depuis quasiment le fond de la cavité (180 m d’escalade !), et jonctionnés après une désob en surface avec un Arva. 

On arrive rapidement et un peu en sueur (il fait chaud, c’est pas la PSM !) à la Salle du Squash, nous descendons jusqu’à la Dune du Pilorge, d’où a démarré l’escalade des puits, puis nous nous partons dans les salles et galeries de la partie ouest du réseau. 


C’est sympa et varié, avec des galeries en régime noyé creusées dans les calcaires à Toucasia, une belle grande salle (L’Immense Salle), un joli passage appelé La Coursive et une concrétion originale et bien placée dans un trou de roche (Shiva). Le sol est généralement tapissé de dépôts sédimentaires anciens, de la farine de glacier qui commence à durcir. Maintenant c’est tout sec, mais on sent qu’à une époque beaucoup d’eau est passée par là.

On va jusqu’au bout du bout de cette partie (un petit boyau dans le remplissage, sans courant d’air, mais qui pourrait éventuellement donner une suite en creusant dans les sédiments), puis nous faisons demi-tour pour rejoindre la partie entre les deux séries de puits (Salle Pain de mie) puis la partie Est du réseau. Cette partie Est est vraiment magnifique elle aussi, avec encore plus de Toucasia, et de belles salles au bas desquelles on trouve de profonds paléo-lacs maintenant asséchés. 

A l’extrême Est on arrive au « Siphon des pavés d’argile », un très beau paléo-siphon. La descente vers celui-ci se fait dans une galerie plongeante creusée en régime noyé, avec des formes très esthétiques. Au retour, on descend dans le paléo-siphon du premier lac, qui amène vers -200 m, point bas de la cavité, au niveau des vrais siphons cette fois-ci. Là encore, ce sont de magnifiques conduits creusés en régime noyé.

Le retour via l’entrée originelle est une formalité, ce sont cette fois-ci de beaux puits qui se remontent facilement, avec un tout petit actif qui a probablement recreusé et agrandit des puits plus anciens. On jette un œil dans la deuxième branche de puits parallèles (le Méandre du Milwaukee), avec notamment les Lames de Patagonie, une série de lames acérées impressionnantes.

On sort sous une bonne averse, qui malgré la très courte marche d’approche nous mouille bien, alors que l’on était sortis tout sec du trou ! En conclusion, une bien belle sortie dans une cavité magnifique, notamment pour la forme des galeries en régime noyée. Merci Régis ! 


Ci-dessous, le petit compte-rendu géologique :

Le Pilorge s’ouvre et se développe dans dans les Calcaires subrécifaux à Toucasia (faciès urgonien) de l’Aptien Supérieur. Les Toucasia sont d’ailleurs observables en grand nombre dans la quasi-totalité de la cavité. Les bancs calcaires ont un pendage avec une inclinaison orientée globalement NNE.

La cavité s’est développée à la faveur d’une faille ou d’une série de failles orientées N100 à N110, fortement inclinées vers le N, que l’on retrouve tout au long de la cavité et qui explique l’orientation générale des galeries. Une autre série de failles probablement moins importantes, orientées N20 à N30, expliquent les autres orientations préférentielles de la cavité, notamment dans les zones de puits. Ces failles ont indubitablement été un facteur de creusement du gouffre.

Une grande partie des galeries se sont creusées en régime noyé, comme le montrent les coups de gouges caractéristiques que l’on retrouve dans la plupart des galeries. Plusieurs paléo-siphons sont également visibles dans le gouffre. 

Dans la majeure partie du gouffre, des sédiments fins et argileux se sont déposés dans le fond des galeries, parfois également sur de grandes hauteurs, voire dans la totalité de la galerie (du sol au plafond). Ils attestent des grandes quantités d’eau qui ont dû être présentes à certaines époques, probablement au cours des maximums glaciaires. Ces sédiments ont d’ailleurs un aspect de « farines glaciaires ». Il est donc probable que les galeries se soient au moins en partie formées au cours des maximums glaciaires, à la faveur de la série de failles orientées N100-110. Une partie des galeries, notamment dans la zone E, entre les paléo-lacs, se sont également formées ou agrandies par effondrement de blocs, comme l’attestent les chaos que l’on traverse.

Enfin, dans les puits de l’entrée principale (Pilorge), on observe des surcreusements plus récents, notamment au niveau de la base des puits, où le P40 recoupe des niveaux plus anciens.

Pierre


Le plan de la cavité pour repérer les zones de la visite


Commentaires

  1. Pouce en l'air et téte jaune qui tire la langue..
    Merci à toi Pierre pour ta visite .
    Pour info :ouvrez les guillemets, la traversée n'est pas encore desequiper et l'entrée officiel c'est pas d'actualité
    "
    Donc juste pour dire que la cavité est ouverte même sans invitation.(un ptit coup de fil pour avertir)et bonne ballade.

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