La face caché des Sarradets

Vendredi 11 octobre 2024

Cela peut sembler un peu convenu de dire que la météo capricieuse du moment est difficile à prévoir. Mais hélas c'est la réalité et la sortie de vendredi s'est, encore une fois, décidée à l'arrache. Quelques temps auparavant, Philippe était allé voir des entrées de gouffres sur l'extrémité est du lapiaz du Gabietous, bien au-delà des crêtes des Sarradets. Ces orifices repérés sur la carte Lidar avaient été vus dans les années 90 par les Tarnais, le même groupe qui avait produit la synthèse sur la partie occidentale du massif mais 10 années auparavant. N'ayant pas d'infos sur les résultats de cette seconde "vague" d'exploration nous y retournons avec l'intention de revisiter les gouffres qui, à l'époque, pouvait être bouchés par la neige.

Sur la face est du pic des Sarradets, le long de la
bande calcaire où s'ouvre les gouffres



Donc ce matin, Philippe est accompagné de Franck et Benoît, deux recrues récentes de son club, mais des spéléos avertis ayant bourlingué un peu partout dans le monde. Sur le papier, la journée pourrait s'annoncer assez tranquille car les trous se situent grossièrement à la même altitude que le parking du col de Tente. Bon, ça c'est la théorie. La réalité est tout autre et en plus de la distance assez conséquente pour atteindre la bordure du cirque, Philippe laisse entrevoir avec quelques précautions de langage que le cheminement est finalement assez complexe et même expo à certains endroits....

Le premier gouffre, un simple puits de 15 m sans suite.

 
Benoît à l'équipement

Nous démarrons vers 8 h 45 du col de Tentes accompagnés par une bise vivifiante. Toute la première partie est à l'ombre et les endroit humides ainsi que les abords des ruisseaux sont gelés. Ça ne tombe pas très bien car Franck a oublié ses chaussures et doit progresser en bottines de ville. Nous quittons ensuite le sentier du refuge et de la brèche pour longer le flanc nord des Sarradets en traversant les grands éboulis venant de la face. Le but est d'éviter de perdre trop de dénivelé et d'atteindre un petit col permettant de basculer sur la face est. De là, on se retrouve à l'aplomb du cirque de Gavarnie sur des pentes vertigineuses qui dévalent sur près de 800 m. Philippe avait repéré un possible passage pour atteindre directement le niveau des premiers trous mais, même avec une corde, cela semble très, très expo d'autant plus que les passages herbeux sont encore mouillés et glissants. Du coup, il nous faut descendre de 200 m sur des pentes herbeuses pour rejoindre un petit cirque ébouleux du fond duquel il faut s'extraire sur la face opposée par des gradins bien raides. Pour ajouter un peu de tension à ce passage, quelques isards nous scrutent du haut du cirque, n’hésitant pas à balancer des cailloux, histoire de nous impressionner. De l'autre côté, la pente est un peu moins raide (bof !), il faut à nouveau remonter. Le premier trou est 200 m plus haut mais désormais nous sommes au soleil. Benoît se charge de l'équiper mais se heurte 15 m plus bas sur un éboulis sans suite. 

Le second trou a nettement moins de gueule...

Le trou suivant est une cinquantaine de mètres au-dessus, au bord d'une doline ébouleuse. Ce n'est pas très large mais il y a un peu d'air. Nous lui préférons le suivant, un spectaculaire gouffre à 2 entrées situé sur une croupe escarpée, une centaine de mètre encore plus haut. Celui-ci aussi était connu. C'est au tour de Franck de l'équiper suivi de prés par Benoît. 

Au bord du troisième gouffre, un balcon incroyable sur le cirque.


Pendant ce temps avec Philippe nous allons voir une autre entrée visible sur le Lidar. L'accès n'est pas possible sans corde tant la pente est raide et la perspective plongeante vers l’hôtel du cirque 800 m plus bas ne donne guère envie de tenter le diable. Benoît et Franck ressortent un peu plus tard. Le gouffre est également bouché par des éboulis vers -25 m. 

Franck à la sortie du trou

Avant de partir, Benoît installe une corde pour aller voir de près l'entrée du trou que nous venons de trouver. Il n'est pas marqué et semble assez profond, de l'ordre d'une cinquantaine de mètres. Mais nous n'avons pas assez de corde et surtout il faut songer au retour. 

L'entrée du P.50 avec, en toile de fond,
une vue plongeante sur Gavarnie.


La perspective de repasser sur ces vires exposées ne nous enchante guère et nous nous accordons à penser que ce serait plus cool de rejoindre le sentier des échelles qu'on devine au nord. Mais voilà, sur cette face, rien n'est simple et rapidement nous nous retrouvons sur le bord d'une vaste échancrure aux parois verticales qui plonge vers le cirque. Il faut donc remonter pour la contourner par le haut. Derrière nous tentons de couper à l'horizontal pour rejoindre le sentier mais des dalles inclinées nous obligent à redescendre à nouveau de près de 100 m. Le yoyo n'est pas terminé car si nous avons enfin un vrai sentier, il faut encore le remonter sur plus de 400 m pour rejoindre le col des Sarradets. 

L'interminable remontée vers le col des Sarradets
et le refuge du même nom...

Au total, cette petite boucle autour du pic se solde par une bambée de près de 14 km avec un dénivelé cumulé de près de 1000 m. La prochaine fois, ce sera sans doute plus simple de partir du fond du cirque, mais quoiqu'il en soit, il sera difficile d'échapper à un dénivelé de moins de 800 m et à quelques acrobaties pour franchir l'échancrure proche des gouffres. Certains trous se méritent, nul doute que celui-là en fera partie...

L'arrivée au col, balayé par un vent glacial.

 

Patrick

 

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