Ossoue, l'inexorable recul...

Samedi 2 octobre 2021

La route a été bien longue pour parvenir au barrage d'Ossoue. Les gorges de Gavarnie étant fermée, c'est par Bagnères puis le Tourmalet que nous rejoignons Gavarnie puis il reste encore la piste chaotique menant au départ du sentier du Vignemale. Du coup, nous ne démarrons pas très tôt. L'objectif pour aujourd'hui est revu à la baisse et au lieu d'aller revoir le gouffre exploré par Jolfre en 1971 (-100 m), nous préférons poursuivre la prospection du lapiaz qui, chaque année, se découvre un peu plus en raison de l’inexorable recul du glacier. A deux, Sandrine et moi, la charge sera moins importante si nous ne prenons qu'un seul équipement d'autant plus que nous comptons bivouaquer sur place. Vers 12 h, nous sommes aux grottes de Bellevue. Nous y laissons nos affaires de couchage en prévision d'y dormir le soir... Une fois sur le lapiaz nous allons récupérer du matériel laissé en dépôt dans une cavité. Au programme, nous prévoyons de descendre quelques petits gouffres repérés il y a deux ans, en chercher d'autres plus haut en altitude, près du glacier, et laisser le matos sur place pour le lendemain. En effet, avec Gérard (SSPPO) qui a prévu de nous rejoindre en soirée, nous devons descendre le dimanche dans des moulins de glace afin d'aider des glaciologues dans leur étude des glaciers pyrénéens.

Il y a 3 ans la glace recouvrait cette partie du lapiaz

Nous commençons par revoir le VI-30 qui s'arrêtait sur étroiture au sommet d'un puits de 7 à 8 m. Le passage est vite ouvert et derrière nous descendons un ressaut de 8 m légèrement ventilé mais terminé vers -10 m sur un joint de strate impénétrable. Pour le gouffre voisin (VI 29), nous manquons de matériel, il sera à revoir... Nous poursuivons notre progression en direction du glacier. La fois précédente, les gradins sur lesquels nous progressons étaient couverts de neige. Le glacier en recouvrait une partie. Maintenant la roche est à nu et nous ne tardons pas à découvrir de nouvelles entrées. Certaines ne sont que des petits puits apparemment sans suite, mais d'autres semblent se prolonger comme cette grotte où l'on voit même quelques concrétions. Du pain sur la planche pour de prochaines virées. 

L'un des moulins de glace qui sera descendu par Gérard le dimanche (alt. 3150 m, -34 m)
 

Vers 17 h, nous prenons pied sur le glacier où nous rencontrons les glaciologues en train d'inventorier les moulins. Après les avoir rejoint nous repérons les objectifs pour le lendemain et laissons le matériel sur place vers 3150 m. Eux, irons dormir au sommet du Vignemale, de notre côté, il nous faut redescendre aux grottes de Bellevue quelques 600 m plus bas. 

Bivouac à 2400 m

Arrivés sur place, c'est la cohue, toutes les cavités sont occupées ainsi que la plupart des emplacements de bivouac. Pas trop d'alternative, il faut remonter pour fuir cette surpopulation. Heureusement, 100 m plus haut, un randonneur solitaire accepte de partager la plateforme sur laquelle il s'est installé. Ouf ! nous en avons plein les pattes et il fait presque nuit. Quant à Gérard, il finira par nous retrouver in extrémis. Le soir, comme d'habitude, nous refaisons un peu le monde face au Mont Perdu étoilé. 

Malheureusement, le lendemain nous devons abandonner Gérard qui ira seul assister les glaciologues. En effet, pour moi, la nuit a été un peu difficile suite à des crises de tachycardie qui m'empêchent de dormir. Nous préférons redescendre tranquillement pour aller prendre un avis médical. Plus de peur que de mal, les urgences de l’hôpital de Bagnères ne trouvent rien d'anormal et pensent qu'il s'agit d'effets indésirables après la prise d'un anti inflammatoire (Ibuprofène) la veille. Cela ne semble pas être un cas isolé...

Lever du jour sur le petit Vignemale,
le glacier est à peine visible


De son côté, Gérard a pu descendre deux moulins sans toutefois toucher le socle ce qui aurait permis de mesurer exactement l'épaisseur du glacier.

Le Vignemale n'a pas dit son dernier mot, mais cela reste un objectif exigeant, la plupart des cavités s'ouvrant entre 2500 m et 3000 m d'altitude.

 

> Un site très intéressant pour suivre l'évolution des glaciers pyrénéens : http://asso.moraine.free.fr/

Patrick

 



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