Grotte des Choucas ter


Grotte des Choucas ter

Vendredi 29 janvier 2021

Pourquoi ne pas retourner chercher l'entrée de la Grotte des Choucas, sur le Montagnou de la Lit, à Saint-Pé-de-Bigorre, ce vendredi, jour de pluie annoncé depuis plusieurs jours ?

Un célèbre topographe du club doit m'y accompagner ! Mais le matin de la sortie, il renonce à la vue de la météo catastrophique annoncée...

Qu'à cela ne tienne ! De retour de Pau à Saint-Pé vers 15h30, je m'équipe de pied en cape et reprends le supposé et espéré chemin de l'entrée. 

C'est la 3ème fois en 10 jours...

Rappel des épisodes précédents :

1ère recherche le 18/01, décrite abondamment sur ce blog !

Par mail de précieuses aides me parviennent pour positionner l'entrée. Elle n'est pas du tout à la position Karsteau, mais à 150m environ à l'Est. En pleines parois quasi verticales, ça compte !!

2ème tentative le 26/01, lors d'une pause pendant mon télétravail. Je décide d'aller repérer l'entrée dans forcément chercher à y pénétrer. C'est du bas, à côté de la route que j'entreprends l'ascension du côté droit de la carrière. J'atteins pratiquement la fameuse tâche jaune visible de loin, mais sous oblige de renoncer, commençant (tardivement) de comprendre que si la montée est périlleuse, la descente risque de s'avérer plus que risquée... En effet elle le sera !! J'ai failli me rompre le cou ! 

Mais, sans apercevoir clairement l'entrée, une possible descente depuis le dessus de la carrière se précise.

La 3ème tentative sera-t-elle la bonne ?

 

Le début de la descente est clair : il faut grimper à la Résistance, poursuivre quelques mètres vers Fayouye puis descendre pleine pente jusqu'à rejoindre un gros chêne remarquable. De là il faudra trouver le passage le plus direct et le plus sécurisé jusqu'au bord de la falaise de l'ancienne carrière. 

Il fait un temps de chien ! Pluie et vent, mon acolyte aurait-il eu raison de se décommander ?

Je me gare sur le terre-plein près des ruches et en quelques minutes je suis au fameux chêne. 

La pente est sévère. Les hautes herbes et les fougères roussies sont couchées à plat à cette saison. Le tout est recouvert d'un inextricable tapis de ronces. L'ensemble est abondamment mouillé et donc très glissant...

Je décide de faire un premier amarrage sur ce gros chêne et descendre prudemment en rappel. Mais le bord de la falaise me semble plus loin et je n'ai pris qu'une C65 pour tout descendre + une C21, si d'aventure le P15 de la topo intérieure me séduit. 

Très vite les 65m sont avalés et je suis loin du bord...

Je remonte jusqu'au chêne sous une pluie battante. Je décroche ma corde et descend en rappelant la corde à mi- longueur (la remontée est toujours plus facile que la descente, à mains nues).

Je fais un nouvel amarrage sur sangle sur 2 pitons rocheux et reprends ma descente. L'objectif est à peu près sur la gauche (vu d'en-bas) de la tâche jaune. 

Heureusement le terrain est plus abordable sur place dans la pente que vu d'en-haut ! 


Mais au bout des 65m, il ne m'en reste pas assez pour descendre la falaise...

Je remonte à nouveau décrocher ma corde et redescend sans corde sur le bord de la falaise.

Là je trouve un autre chêne, plus petit, mais parfaitement bien placé au-dessus du vide. Nouvel amarrage, nouvelle descente. Je suis effectivement à quelques mètres à gauche de la tâche jaune. Je descends de 5-7 m ; point d'entrée... Je ne suis pas assez à gauche...

Je remonte, démonte mon amarrage, remonte de 30m dans la pente, me décale d'une dizaine de mètres et me ré-amarre sur un buis en bord de falaise. 

Nouvelle descente de 5-7 m ; nouvelle déception, car point d'entrée et ma vue plus à gauche est masquée par l'éperon rocheux que le buis surplombe. 

Je remonte, laisse mon amarrage et me fraye un difficile passage à travers les branches basses touffues de ce vieux buis (qui a dû connaître l'Abbé !).

Ça y est je peux à nouveau amorcer une nouvelle descente de la falaise. La paroi est complètement fissurée par les coups de mine. C'est bon signe, c'est ainsi que l'Abbé décrivait la paroi des Choucas.

Mais à peine ai-je descendu de 3m qu'un gros pavé se détache au-dessus de moi. Par un incroyable réflexe ma main droite se lève et écarte le bloc avant qu'il ne touche ma tête ou les épaules, il s'en va s'écraser 40m plus bas dans un fracas de caillasse et de buissons écrasés. Ouf, je n'ai rien... Mais ma main droite est toujours levée, j'ai donc lâché la corde de rappel... Je dégringole 2 ou 3 m en chute "libre", juste retenu par mon descendeur... Je ne sais pas si c'est la petite vire que mes pieds atteignent en premier ou ma main qui rattrape la corde qui file, mais je m'arrête d'un coup... Eh bien, coquin de sort, sur ce coup j'ai eu chaud !  Le temps de souffler un peu et de purger ce qui risque encore de chuter, je fais un tour de la situation dans les environs immédiats sous mes pieds.

Ah ! "LA" vire, celle citée par l'Abbé, est là 2m en-dessous... Et elle mène à une petite plate-forme qui pourrait être celle devant l'entrée des Choucas... 

Mais... il y a un mais... Cette vire n'a rien d'horizontale, elle montre franchement ; elle est encombrée de parties herbeuses et d'un roncier. Décidément, ce n'est pas encore par là qu'on peut accéder à la supposée entrée en sécurité...

J'aperçois en hauteur, presque à l'aplomb de la plate-forme, un autre bosquet d'arbres. Sans doute y en aura-t-il un pour un nouvel amarrage !

Me voici donc en conversion pour la 3ème fois, remontant au bord de la falaise, puis à travers mon buis préféré...

Une fois libérée, je reprends ma corde, reprends l'ascension de la pente sur une trentaine de mètres et redescend vers le bosquet.


Cette fois sera la bonne ?

Nouvel amarrage sur un autre chêne moyen. Évitage d'une touffe de buis et de ronces et une nouvelle descente en rappel débute (la 4ème si vous suivez...).

Celle-ci sera la bonne pour atteindre la plate-forme. Mais avant ça je découvre une entrée de gouffre non repérée sur Karsteau. Un boyau de 45 cm de diamètre qui plonge dans la montagne sur au moins plusieurs mètres visibles. Est-ce une cheminée des Choucas ? Je pointe son positon, prends quelques photos et poursuis ma descente. 

10-15m sous mon amarrage, je mets pied à terre sur la plate-forme...

Le suspense est insoutenable, non ?

Quelques secondes avant, je l'ai vue, oui, cette entrée tant désirée, je la tiens enfin !

La pluie s'est enfin calmée, je peux tranquillement pousser mon hourra de victoire ! Celle-ci n'est pas bien glorieuse, mais elle d'autant plus savoureuse, qu'elle était attendue !! 😊

 

L'entrée de la Grotte des Choucas est là, béante devant moi, ma foi une bien belle entrée. 

Je pointe la position sur mon GPS, prends à nouveau quelques photos et m'apprête à remonter... Finalement mon objectif du jour est atteint, rien ne me retient plus...


Hum... si ! Cette entrée et cette première salle parfaitement éclairée par la lumière du jour sont très engageantes...

Bon quelle heure est-il ? 17h10... Ça me laisse une bonne demi-heure pour aller faire un tour !

La suite est moins épique ! Au fond de la première salle, un rétrécissement se terminant par une étroiture. Au pied du rétrécissement, un crâne de ... ? Si ce n'était la localisation, dans ce petit coin des Pyrénées, on jurerait une Chèvre du Rove, race chère à mon cœur de provençal !

Je prends quelques photos. 

Serait-ce un trophée, placé là par un spéléo facétieux ou un squatter farouche, protégeant son antre ?

Quoiqu'il en soit, il date, les cornes sont très abîmées, mais entières. 

Derrière ce crâne je retrouve les restes de l'animal, presque pas éparpillés façon puzzle... Un tas d'os... L'animal serait-il venu finir ses jours ici ? Probablement ! Pourtant si l'accès est compliqué pour un homo sapiens, c'est sûrement un jeu d'enfant pour un individu de race caprine !

Bref je ne tirerai aucune explication de la bête, elle se tait et refuse de communiquer plus d'indices...

Je poursuis mon itinérante dans la suite jusqu'au fond de la partie horizontale de la grotte.  


Je délaisse le puits, non sans bien examiner les ancrages de tête : pas moins de 7 spits tous bien rouillés et 2 gougeons cassés. Si monde est passé par là depuis son intention !

Je reviendrai pour le puits et le grand méandre, là c'est un peu juste... Je prends quelques clichés, laisse un kit avec ma C21, love proprement la surlongueur de la C65 et quitte la grotte à regret (à qui ?).

Remontée de la paroi sans aucun problème. Je laisse la C65 à poste. Quiconque le souhaite pourra y revenir avant moi. J'y retournerai moi-même, probablement en fin de semaine prochaine, je ferai signe !

Retour à la voiture à 17h45, puis sortie d'embourbage délicat, et je suis chez moi à 18h05 !

 Vous trouvez que j'en ai fait des tonnes dans les CR, pour une simple grottette ? Oui c'est vrai, j'aurai pu mettre 3 lignes ! Mais j'avais pas envie !

 Qui qui veut y retourner avec moi maintenant ?

 Marc 

Commentaires

  1. Génial cet article ! Quel suspense !

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    1. Merci ! Tu es mon maître en la matière !! ;)

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    2. oui mais ce qui prouve qu'il vaut mieux être toujours au moins deux en montagne et surtout en spéléo !!!

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