La face cachée de l'Arricaou

 Samedi 26 août 2023

La canicule a battu en retraite et c'est un ciel de traîne qui nous accueille à Baudéan ce samedi, au programme,  nuages bas, crachin et fraîcheur. Jeudi, Pascal est allé voir les niveaux dans la grotte de l'Arricaou mais le second siphon était encore amorcé. Décidément la sécheresse n'est pas encore d'actualité. Ce matin nous sommes 4 pour cette nouvelle sortie dans le gouffre du même nom : Pascal, Jean N., Jean-Noël et Patrick. La dernière fois, après avoir enfin franchi la zone étroite et boueuse au prix d'une ultime étroiture, nous avions parcouru une belle galerie limitée en amont comme en aval par des étroitures. Rien de bien grandiose, une centaine de mètres à tout casser, mais bon sang quel plaisir. Nous nous tenions enfin debout, il y avait un peu d'air et tout devenait possible. Et puis, à mi parcours, Sandrine avait descendu un petit puits qui laissait entrevoir une continuation. Alors c'est là que nous souhaitons aller, les désobs dans la boue seront pour une autre fois...

Le puits du Lac (11 m) descendu
par Sandrine la fois précédente


Après la marche d'approche et la descente des premières verticales, nous nous retrouvons rapidement au-dessus du puits. Le passage étroit à mi-hauteur n'est qu'une formalité et au bas, le petit lac signalé par Sandrine a disparu. Après un court passage étroit nous débouchons dans une belle galerie tapissée d'argile. Ce n'est pas très original si ce n'est que, pour le moment, c'est le conduit le plus vaste de la cavité. 

La galerie remonte doucement en travers du pendage

Vingt mètres plus loin nous voici au terminus de Sandrine, une trémie de gros blocs, mais au-dessus cela semble continuer. Pas le temps de sortir le perfo pour entamer une escalade, Jean a trouvé un passage détourné en farfouillant dans les blocs. En deux temps, trois mouvements nous voici tous les quatre dans une galerie tout aussi vaste avec visiblement un amont et un aval. Dans l'amont, Jean est déjà en train de nouer la corde autour de concrétions pour descendre un petit puits, ignorant les acclamations dithyrambiques de Pascal qui tente de nous convaincre de commencer par l'aval. 

Petite descente le long d'une belle coulée stalagmitique

Trop tard, la corde est en place et Jean est déjà au bas du puits qui est en fait une grosse coulée stalagmitique haute de 5 à 6 m. Au bas le conduit est bien concrétionné mais cela se gâte rapidement. 

 

Jean Noël s'emploie à élargir une diaclase étroite et nous voici tous les quatre dans un petit élargissement avec comme unique continuation une minuscule fissure dans laquelle disparaît un vague ruisselet. Il y a un peu d'air mais c'est vraiment trop petit pour espérer passer par là. Demi tour donc et repli stratégique vers l'aval. 

Nouveau ressaut, la galerie prend de l'ampleur.

Désormais nous avançons au rythme de la topo, "piano, piano" ! Pascal ne s'y était pas trompé et c'est effectivement assez grand, notamment au niveau d'un petit cran vertical qui barre la galerie. Nous progressons encore une bonne trentaine de mètres dans un conduit remontant terminé par un rétrécissement sans air. 

En aval, la galerie remonte brusquement,
ajoutant un peu de complexité à ce cheminement parfois déroutant.


La suite est un peu avant, au fond d'un soutirage. A cet endroit un énorme bloc bouche la galerie mais en-dessous, on distingue du noir et en grattant un peu, celui-ci semble être une belle galerie argileuse. Alors nous reprenons les travaux en creusant le sol et en essayant d'extraire une grosse "molaire" enchâssée dans l'argile. 

Jean-Noël et Pascal en pleine action !

C'est besogneux mais cela finit par payer et nous parvenons alors à prendre pieds dans le conduit. Celui-ci est bien formé mais un peu plus loin il faut à nouveau ressortir la masse et le burin pour élargir une autre lucarne.


Comme la précédente, elle ne résiste pas longtemps et nous voici désormais au bord d'un petit puits de 4/5 m nécessitant un petit bout de corde. En face, il y a bien un départ mais il pince rapidement. Après que Jean ait récupéré le reste de corde du puits précédent, nous pouvons enfin descendre. Du haut le fond avait vraiment une sale gueule, mais au bas, derrière quelque blocs effondrés nous distinguons du vide. 

Pascal dans la lucarne débouchant dans le petit puits.

C'est reparti pour une nouvelle séance de massette. Ce n'est pas très large mais Jean parvient à s'y enfiler mais sans insister car il a les pieds dans le vide. Derrière, c'est un nouveau petit puits qui se présente. 

Nous n'avons plus de corde et ce serait plus sage d'agrandir encore un peu. Il nous reste encore un peu de topo à faire donc demi-tour, c'est bon pour aujourd'hui. 

Nous ressortons vers 19 h, il pleut, l'orage gronde et nous sommes crépis. L'Arricaou ça se mérite...

La galerie des Noix

Dans  un recoin du conduit que nous avons découvert, nous sommes tombés sur d'étranges formations prises plus ou moins dans le remplissage. Leur forme, leur couleur est à l'origine du nom choisi pour cette galerie.


Et au milieu de ces formations l'une d'elles sortait du lot. Étonnant, non ?

Patrick


Commentaires

  1. Bravo, une belle découverte qui va continuer à nous tenir en haleine. Et ces noix, magnifiques et uniques. On en mangerait...

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  2. Quel souvenir , cette suite interminable de premières, de salles en sale , de débouchages en débouchés , de bout en boues ... et si j'osais , au risque de faire le flatteur , quel régal de lire ce beau récit si finement écrit ! Mince , je l'ai dit !

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