TP 30, enfin la suite...

Bon, après de longs mois d’attente, après plusieurs descentes pour équiper successivement ce fameux trou, nous voilà enfin tout prêt de toucher le terminus tant attendu. Les plans ont évolué et nous partons avec comme objectif d’y bivouaquer sur deux nuits.

Cela fait quelques semaines que la préparation va bon train, mais comme à l’accoutumée nous gérons tout à la dernière minute.

Le rendez vous est donné pour vendredi midi à Orincles. J’attends impatiemment David et Victor. Et oui nous ne sommes plus que trois pour cette explo. Val n’est pas en canne et part accompagner du monde en canyon. Adri ne vient pas car il doit être frais et dispo pour aller bosser avec son frère dimanche. Le Dam’s, lui, n’a plus trop la tête au TP30 après son séjour à Vallon. C’est con et dommage, on pensera fort à vous les copains.

C’est ainsi qu’à trois nous préparons attentivement les affaires pour cette belle bambée. À notre grand désarroi les affaires s’entassent, ça va faire pas mal de kilos et un certain volume cette histoire.


Le temps passe et l’après midi également, il faudrait songer à décoller mais on veut être sûr de ne rien oublier d’important.

Ce n’est donc qu’à 17 h que nous entamons la marche d’approche. Nous avançons à un bon rythme et avalons le dénivelé positif sans sourciller. Aujourd’hui on fait moins les mariolles pas de VTT, ni de luge mais une grosse dose de motivation.

Arrivés à la crête des Toupiettes nous sommes dans le brouillard et le froid se fait bien ressentir. Nous récupérons le matériel caché, et nous nous mettons à remplir les kits. Un, deux, trois… ça ne s’arrête toujours pas… quatre et enfin cinq. Bon il va falloir gérer tout ça sous terre. 

 

Préparatifs

On s’équipe, et oui, je dois l’accorder Victor me sauve la vie. Je suis monté à poil sous mon short et je n’ai pas de calbut… Autant dire qu’avec le sable abrasif de ce satané trou, y passer trois jours sans sous vêtement ça risque de terminer avec une semaine de Biafine. C’est cool il a un shorty en rab à me prêter.

Ça y est tout le monde est enfin prêt, les hostilités vont pouvoir commencer.

La descente se passe relativement bien même si le nombre de kits est élevé. Il est déjà tard et le lieu du bivouac est encore loin.

Arrivés aux vomissures, nous chargeons dans un sixième kits notre matos de progression.

Ça fait deux kits chacun, et il faut bien du courage pour avancer dans ces étroitures. La seconde partie des vomissures, humide, est un peu pénible. Nous essayons, sans trop de résultats, de ne pas se mouiller.

Il est maintenant temps d’attaquer le méandre sympa, l’eau cataracte moins fort que cet hiver. Nous filons sur les cordes, mais même si la cadence est encore élevée le rythme commence à ralentir. Nous voici dans les grandes salles, nous avons encore un peu de force pour discuter. La suite se fera tout doucement, il est déjà une heure du mat et la fatigue se fait sentir. 

Mais qu’est-ce que je fous là, le mode zombie est en fonctionnement.

Qu’est-ce qu’on aimerait déjà être au bivouac mais la route est longue. 

Des questions existentielles passent dans nos esprits fatigués. On se passe les kits dans les trémies, il reste encore un petit bout de chemin et voilà enfin le siphon juste avant le bivouac. Nous remplissons bouteilles et vache à eau. Quelques instants plus tard nous voici enfin arrivés. Nous sommes morts, il est deux heures du mat bien passé.

Personne n’est partant pour se faire une vraie bouffe, un peu d’eau, une compote et une barre feront l’affaire pour notre repas.

Mais avant de se coucher il nous faut d’abord terrasser l’emplacement de notre lit. Les choix sont divers, dalle plate, cailloux recouverts de sable…

Nous nous couchons dans la foulée, pour demain pas d’heure de réveil. Il faut que l’on se repose si l’on veut atteindre la trémie terminale.

La nuit fut globalement bonne, pas trop froid. C’est vers dix heures du matin, que je commence à réveiller mes acolytes. Il faut dire que vu le temps que l’on a passé à descendre il va falloir bien jouer sur le timing pour la suite.

Juste après le petit café, nous nous faisons un vrai repas, tant mieux. Victor n’a pas très bien dormi et est encore très fatigué. C’est avec un certain regret que nous le laissons se reposer au bivouac. On lui promet de mettre six heures aller/retour jusqu’à la trémie. 

Amarrage foré pour une dév. dans le P. 10

Ce n’est donc qu’à deux que nous poursuivons notre tant attendu objectif. On part léger mais avec beaucoup d’eau. Nous enchaînons l’escalade de 10, la porte MAY puis la galerie des Mercenaires. Nous voici arrivés en haut du P12. 

 

Equipement du P. 12

On récupère le matos laissé la fois dernière et on équipe le puits. Il s’ensuit un autre P10. Nous prenons pied dans la galerie du Bon de la Brute et du Truand. Bien sûr on se loupe et partons du mauvais côté. Nous nous en apercevons rapidement. Demi-tour, nous galopons alors dans cette vaste galerie, suivant les cairns et le fil topo de l’époque. Tiens quelques écrits de 96, c’est cool de retrouver ces traces. 

 

Dans la galerie du Bon, la Brute et le Truand


Le Bon la Brute et le Truand


Nous avançons dans les concrétions, ces parties du trou sont de toute beautés.

Heu c’est bizarre, je pense que l’on se plante pour une énième fois y a un cairn, une flèche au noir d’acéto mais ce n’est pas large. Petit point topo nous comprenons l’erreur nous partons vers un point bas à -765. Re demi-tour, et un peu plus haut nous voyons le départ de la galerie des Mystères de l’Ouest en main droite. Un petit pas d’escalade (E3 sur la topo) et le tour est joué, nous pouvons re crapahuter convenablement. Peu avant la trémie nous passons au-dessus d’un petit puits qui crève le plancher. Nous collons notre avancement à la topo. Au putain c’est normalement le dernier virage, je tente l’intérieur histoire de gagner quelques secondes sur David qui contourne au large. Il ne nous reste plus qu’une petite descente et la voilà !!! Enfin, nous y sommes. Un gros cairn atteste le passage de nos prédécesseurs et le fil topo s’arrête là. Bon que dire, c’est marrant je ne l’imaginais pas comme ça.

David, au bas de la trémie terminale.

Nous enlevons tout notre attirail avant de nous engouffrer entre les blocs. Mais c’est bizarre il y a quand même des traces de passages. Je me faufile vers le haut tandis que David tente le bas. Bingo ça passe bien c’est grand mais j’ai toujours l’impression qu’il y a déjà eu du monde qui a marché ici. Par contre en me retournant par un petit passage bas de 5/6 mètres je débouche dans une grosse galerie. Heu là j’ai des doutes ça ne peut pas être si simple. J’appelle David, qui s’amuse à tourner et virer dans les blocs. En attendant j’avance, oui ça barre vraiment. 

Sortie de la trémie

Bon je retourne voir David, il ne sait plus trop où il en est et me demande de retrouver le passage initial de la trémie. Ni une, ni deux nous revoilà à nos affaires. Bon maintenant on se suit et on va voir cette galerie. Elle a une belle taille nous avançons tout en montant et en marchant sur de gros blocs.

Peu avant le terminus

Attends chut, mais serait-ce un glou glou ? Oui on entend un pissadou couler en contre bas. Bon c’est sûr on vient de faire un petit bout de première. Par contre nous n’avons pas de matos et il faudra des cordes pour y descendre. La galerie part également en face, il faut aussi équiper un peu pour y accéder. Deux trois photos et il est grand temps de faire demi-tour. 

 

Au terminus, une descente à effectuer
avec le glou-glou d'un pissadou...

Quelques heures plus tard et nous retrouvons Victor au bivouac. Nous l’avons laissé durant 6 h 30, nous avons respecté nos horaires. Pendant ce temps là il en a profité pour dormir et manger. Il n’a pas trouvé le temps long et va bien mieux que ce matin.

Nous racontons nos exploits tout en mangeant un bon repas. Et puis c’est l’annif de David, 49 ans ça se fête donc petit lyoph fondue au chocolat et quelques cierges magiques pour la déco.

Bon anniversaire David !

Avant de se coucher nous préparons une partie du matos, demain lever 4h.

La nuit fut courte pour tout le monde et il y faisait plus froid. Le réveil est difficile. Il nous faut quand même deux heures pour tout ranger.

La remontée se fait bon train, toutes les difficultés se passent sans encombre. Nous sommes déjà dans les grandes salles, il faut remonter les cordes en fixe dans l’actif du méandre sympa puis nous voilà aux vomissures. Cette fois ci nous avons juste quatre kits. Un coup de courte paille et manque de bol c’est moi qui me tape deux kits. Victor, bien urbain, me dit de prendre les deux plus légers. Une heure et demie de position horizontale plus tard et nous voilà à -500. Il ne reste plus qu’à poser le cerveau et enchaîner toutes ces cordes en fixe.

Nous sortons enfin après 41 heures passées dans cette cavité. Il fait beau, il ne nous reste plus qu’à redescendre tout en appelant les amis pour leurs donner de fraîches nouvelles.

C.r. Thomas


Commentaires

  1. Aucun doute, c'est de la belle explo et cela ira loin... Bravo à tous les 3 et bon anniversaire à David qui a eu là un cadeau qu'il n'est pas près d'oublier. Vivement la suite et merci de nous faire partager ces beaux moments de spéléo.

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  2. Quel plaisir de lire ce compte rendu. Le TP 30 continue. Bravo à l'équipe de nous faire rêver.

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  3. Que du bonheur ! Ça continue... Je ne l'avais pas rêvée cette galerie ! Bravo, et que la rivière soit avec vous.

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  4. Superbe explo les amis dans cette cavité qui fait rêvée... un jour peut être !?

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  7. Oups petit bug sur les commentaires, je réessaye:
    Bravo à vous trois les costauds, vivement la prochaine!

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