Le GDPA sur le journal




 Inédit . Au fond du gouffre du Pic d'Areng


Le Gouffre du Pic d'Areng a, ce jour 6 janvier 2022, les honneurs de la presse.


Ci dessous l'article de Gustave.

Afin de falciliter la lecture du texte, celui ci a été ajouté dans sa version intégrale à coté de la copie du journal.

Bonne lecture et bonne suite des explorations à toute l'équipe


La montagne  d’Areng avec son Pic à 2079 mètres domine la vallée de la Barousse. En dessous du sommet, 70 m plus bas, sur l’arrête orienté SSE et sur la commune de Ferrère 65370 se trouve la modeste entrée du gouffre du Pic d’Areng (GDPA). Jacques JOLFRE (†) spéléologue renommé du Haut- Comminges découvre ce gouffre et il l’explore, à l’été 1965, à la tête d’une équipe de spéléologues de la région. Après plusieurs difficultés et notamment le danger des chutes de pierres, ils atteignent le fond de cet abime le 25 août 1965 à une profondeur estimée de – 355 m (en réalité -377m). En son fond, ils s’engagent sur quelques mètres dans une diaclase qui se termine par une chatière impraticable. Ils arrêtent là l’exploration.

 

Depuis cette date, malgré la visite de plusieurs spéléologues, aucun d’entre eux ne décide de reprendre une exploration. Il est vrai que le gouffre est en montagne, difficile d’accès, l’équipement  des grands puits, la sécurisation de l’abîme face au danger des chutes de pierres ainsi que l’élargissement d’étroitures en début de cavité demande une quantité de matériel considérable. De plus la remarque suivante : « nous pouvons affirmer que ce gouffre est l’un des plus dangereux qu’il nous ait été donné de prospecter » formulée sur le compte-rendu d’exploration  par l’équipe Jolfre n’encourage guère une reprise.

 Néanmoins, durant l’été 2016 et 51 ans après sa découverte un binôme passionné de spéléologie (exploration et équipement du réseau des Charentais en individuel) : ZYBROWIUS Sylvain (Toulouse) et CASSOU Dominique(Lourdes), décident de reprendre l’exploration de ce gouffre. Ils seront rejoints à l’été 2017 par ARCANGELI Gustave (Baroussais). Ce gouffre de montagne ne peut être exploré qu’en période estivale de juin à septembre ce qui ralentit considérablement l’avancée des travaux. L’équipe d’exploration ne dépassera jamais plus de 5 personnes avec à sa tête Sylvain ZYBROWIUS responsable et organisateur des travaux.

 Etés 2017-2018 : la cabane de Jézeau, qui appartient à la famille de Guy DIEU est prêtée gracieusement et sert de camp de base pour commencer le portage du matériel qui permet l’équipement et la sécurisation de l’entrée du gouffre. Deux trémies sont sécurisées et stabilisées à  – 10 m, l’accès au premier grand puits (puits de l’écho d’une profondeur de 58 mètres) est agrandie et emménagée. Le gouffre est équipé jusqu’à – 200 mètres.


 Eté 2019 : le début de la saison estivale sera consacré à l’équipement d’une succession de grands puits. Fin juillet le fond du gouffre est atteint et équipé. Les pièges à cailloux sont installés sur tous les endroits dangereux ou les pierres qui tombent pourraient blesser un spéléo ou endommager l’équipement. Au total 11 pièges composés de grillages galvanisés fixés sur câbles acier et  reliés aux parois par des broches sont installés. Un bivouac est aménagé à -350 m pratiquement à l’entrée du méandre terminal pour permettre de réaliser de longues séances de désobstruction sur plusieurs jours. A partir de ce moment, l’équipe décide pour gagner du temps de rejoindre le GDPA par la vallée de la Barousse en passant par le col de Balés et d’effectuer des séances de désobstruction de 2 fois trois jours en bivouaquant au fond du gouffre.

 Eté 2020 : Le gouffre est « brochée » jusqu’à -300 m. La sécurisation face au danger des chutes de pierres est terminée, la désobstruction du méandre terminal débute à partir de la chatière infranchissable à -355 m. Un fort courant d’air laisse espérer qu’il y a une suite et un petit ruisseau nous accompagne tout au long de notre progression. Quelques spéléos sont venus aider l’équipe de base durant ces  trois derniers étés mais l’aide se fait plus rare et le travail en exploration profonde ne verra que trois personnes s’activer et croire à une suite : Sylvain ZYBROWIUS (le leader), Gustave ARCANGELI (le Baroussais) et Jean Noel RUMEAU (le Nistosiens) qui rejoint le binôme pour ne plus le quitter. La saison estivale 2020 se terminera prématurément puisque le 25 septembre lorsque les spéléos sortent du gouffre après trois jours d’exploration, ils ont la désagréable surprise de se retrouver en pleine tempête de neige. Ils ne peuvent pas rejoindre leur véhicule et c’est le berger de la montagne du Pin qui les héberge et les restaure avant de les aider à rejoindre le fond de la vallée. La saison s’arrête là, la montagne a revêtu son manteau hivernal, les températures sont froides et l’isotherme reste à 1300 m pendant une quinzaine de jours. Il faudra une semaine avant de pouvoir dégager la piste pour récupérer le 4x4 des spéléos. Avec obstination et acharnement, l’équipe a progressé d’environ 70 m dans ce méandre étroit. Le courant d’air est de plus en plus fort.


 Eté 2021 : le 15 juin première descente dans le gouffre, pour cet été le trinôme décide de se consacrer exclusivement à l’exploration du méandre terminal du gouffre afin de progresser et d’essayer de déboucher sur un grand volume. Un fort courant d’air, un écho important et la résonnance de l’eau qui coule en cascade ne laissent plus de doute pour croire à un débouché sur une morphologie plus large. Mais il faudra beaucoup d’ardeur et de volonté pour en venir à bout. Ce méandre est difficile et présente sur la fin une dizaine de « chicanes » qui se succèdent et qui doivent être élargies. Elles sont difficiles à franchir. Cet été 2021, après neuf séances de désobstruction, environ 100 heures de travail pour venir à bout des 104 mètres de méandre, le gouffre laisse apparaître une suite.


Les spéléos débouchent sur un puits assez large d’une profondeur de 11 m qui ouvre rapidement sur un autre  méandre aux dimensions beaucoup plus importantes avec 4 m de large pour 20 m de haut. Un ressaut de 8 mètres donne accès à un large palier. L’équipe est heureuse de retrouver des gros volumes et l’espoir que cela procure, mais faute de matériel pour équiper, le trinôme remet à plus tard la suite de l’exploration.

Le 28 septembre 2021 la topographie de l’ensemble du GDPA est réalisée par Patrick Degouve (GSHP), Alain Bressan(Amalgame) et Gustave ARCANGELI (GSHP) les mesures indiquent une profondeur atteinte de - 416 m et un développement total de 825 m.


 Le 02 et 03 octobre le trinôme revient pour continuer l’exploration à partir de - 416 m. Le ressaut de 8 mètres pour atteindre un pallier est franchi et un large puits vertical, cylindrique et bien arrosé de 38 mètre se dévoile. Il est descendu, à sa base un large méandre s’enfonce mais il se resserre au bout d’une trentaine de mètres, ils sont à  - 460 m environ. Les efforts sont récompensés et la joie est à son comble. Une grosse séance de désobstruction est nécessaire pour continuer. L’exploration s’arrête là pour cette année.


 Après 5 ans de travail, l’équipe est satisfaite et récompensée de son effort, mais elle est consciente que la suite qui s’annonce laisse présager de nouveau beaucoup de volonté et d’ardeur pour continuer l’exploration de cet abîme. A une telle profondeur et dans des conditions relativement difficiles d’accès, le trinôme, pour avancer dans des délais raisonnables, ne peut plus continuer seul cette exploration et doit trouver une aide constante et efficace. A cet effet, le GSHP de Tarbes qui suit de près l’exploration du GDPA, puisque deux de ses licenciés font partie de l’équipe de base, a proposé d’inclure dans son programme pour l’été 2022  le détachement d’une équipe de jeunes spéléos expérimentés et entrainés pour apporter son aide en prenant le relais dans l’exploration de ce gouffre. Ce développement de l’activité spéléologique dans l’est du département s’effectue grâce à l’aide du fonds pour le développement de la vie associative (FDVA) et concerne également d’autres explorations dans les Baronnies et le Nistos.   

 Avec une telle orientation le gouffre du Pic d’Areng devrait durant l’été 2022 continuer à  livrer ses secrets pour le plus grand plaisirs des spéléologues et la fierté des Baroussais.

 Gustave ARCANGELI.



Commentaires

  1. Bravo pour ton article Gus, et encore bravo à tous pour vos travaux d'acharnés.. impressionnant. Merci de nous donner un peu de visibilité. A très vite!

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    1. Merci Damien pour ton commentaire en espérant que tu seras partant pour le reprise de l'exploration cet été.

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  2. Oui c'est du beau boulot et l'article reflète bien votre acharnement. En tout cas c'est une belle vitrine pour que les gens puissent se rendre compte de ce qu'est vraiment la spéléo d'exploration. Merci Gus.

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  3. Juste un mot pour préciser que Jacques JOLFRE avait effectué la première topo et que , fait assez rare pour être signalé, avait donné une profondeur inférieure à la réalité ( à l'époque c'était plutôt l'inverse qui se produisait). Une précision aussi : La topo jusqu'au bivouac a été faite avec Jean Noël.
    Une autre précision : Notre "ami" Yves André a été avisé de cette belle première et a menacé de boucher l'entrée du gouffre (!!!) . Peut-être la crainte d'une future jonction avec les Charentais.... Bien qu'il affirme que c'est impossible géologiquement... Triste et très con !
    En tous cas bravo aux dignes successeurs de JJ pour cette belle explo et pour le sécurisation des superbes puits.

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