Alors Bécole ou Tillata ?

En 1947, l'abbé Abadie accompagné par Pierre Robert de Pau découvrait puis explorait un gouffre du côté de la Bécole (Asson - massif de St Pé) jusqu'à la profondeur de 55 m. Le compte rendu de cette exploration tient en une ligne dans l'un de ses ouvrages :  "le Sanglier du Picharrot". 
Le gouffre est soit disant retrouvé et descendu par le GSHP en 1984, mais il n'en reste pas grand chose dans les archives du club et encore moins dans la mémoire de ceux qui l'auraient exploré... Dans l'inventaire, il est donné pour -45 mais sans topo. En plus, les coordonnées publiées à cette époque correspondent à une autre cavité profonde d'une petite dizaine de mètres seulement. Cela ajoute un peu à la confusion et il devient alors évident que nous avons perdu le gouffre de la Bécole....
Cela reste vrai jusqu'en ce printemps 2015 où un habitant d'Arthez d'Asson, chasseur et arpenteur des forêts du massif de St Pé, indique à des spéléos palois de la SSPPO l'entrée d'un gouffre profond qu'il estiment, après une première visite, à plus de quarante mètres. La nouvelle revient aux oreilles de quelques membres du GSHP qui inventorient tant bien que mal les trous du secteur. Des contacts sont alors pris avec le club palois pour essayer de coordonner les recherches et pourquoi pas, mener l'exploration du gouffre tous ensemble. Le courant passe bien et nous accordons nos violons pour tous se retrouver le dimanche 10 mai.

Dimanche 10 mai 2015

Ce jour là nous sommes pas moins de 9 sur le parking des Oules (Kitou, Gérard, Jérôme et Gwen pour la SSPPO, Brigitte et Alain D., Serge, Sandrine et Patrick pour le GSHP.). Après les présentations d'usage, nous nous engageons dans la longue et raide marche d'approche. Celle-ci débute par le traditionnel sentier de l'Arriusec, puis par celui beaucoup moins marqué qui remonte au col de la Bécole (sentier des Charboniers) suivi d'une longue traversée pour rejoindre le vallon de Moulle. Un petit raidillon termine cette bambée de plus de 700 m de dénivelée.
A peine arrivé, le Dole est à la manœuvre pour lancer un barbecue. Expert en la matière, Alain a tout prévu pour faire en sorte que convivialité soit le maître mot de la journée. Ensuite, car il faut bien passer aux choses sérieuses, Gérard et Jérôme se lancent dans l'équipement du gouffre.

 Gérard est à l'équipement

Gwen, Serge et Patrick suivent. Le trou se présente comme une grande fracture (2 x 10 m en moyenne) très concretionnée et entrecoupés de paliers formés par des éboulis dans les passages où celle-ci est la moins large. Nous retrouvons plusieurs spits attestant que le gouffre était déjà connu. A -55 m nous parvenons sur un niveau glaiseux, entièrement colmaté par de l'argile noire et qui doit probablement formé un bassin en période plus humide. A cet endroit, la fracture est un peu moins large, mais à l'une de ses extrémités, en se glissant entre les concrétions nous parvenons au sommet d'une diaclase étroite barrée par un seuil concrétionné. Serge à grands coups de marteau parvient à ouvrir un passage et avec Gwen ils descendent d'une petite dizaine de mètres jusqu'à un resserrement impénétrable (-61 m). A noter que de nombreux ossements de rongeurs ont été retrouvés sur les différents paliers du gouffre. La topo est réalisée en remontant.
Il y a donc de fortes chances pour que ce gouffre soit celui mentionné par Abadie et revu en 84 par le GSHP. Les profondeurs coïncident et vu la taille de l'entrée qui est unique dans ce secteur, on peut raisonnablement penser que ce gouffre ait été connu par les charbonniers qui l'auraient indiqué à l'abbé. Quant au nom, il paraît effectivement peu adapté car nous sommes assez loin du pic de la Bécole et le lieu dit est Tillata. La logique serait donc de garder les deux noms.

 La belle entrée double du Bécole-Tillata

Pour terminer la journée et tandis qu’une bonne partie de la troupe redescend, nous décidons de monter à trois (Serge, Sandrine et Patrick) au gouffre PB 01 qui mériterait d'être revu. Encore 250 m de dénivelé mais heureusement nous retrouvons le gouffre du premier coup. Serge le descend et le fouille de fond en comble. Il n'y a pas d'air et tout est bouché à -20 m. Pour lui, il est temps de redescendre dans la vallée. Quant à nous, nous continuons à monter jusqu'au Soum de Moulle pour redescendre ensuite sur la cabane de Yerse où nous passons la nuit.

Le gouffre PB 01 avait déjà été vu
par le Gras qui l'avait baptisé BL 2.

Lundi 12 mai 2015

Ce matin, les jambes sont un peu lourdes, mais nous profitons du beau temps pour monter sur le flanc des Escures afin de reprendre la désobstruction de l'ES-408. C'est visiblement une ancienne perte latérale dans un vallon glaciaire bien marqué. Du refuge il faut encore 1 h de montée (250 m de dénivelé) pour parvenir à l'entrée.

 L'ES 408, un accès potentiel au synclinal d'Aygue nègre ?

Le courant d'air est fort et comme à la perte de Yerse, on est à deux doigts d'avoir l'onglée. Nous sortons pas mal de cailloux sous l'épais tapis de feuilles ramenées par le courant d'air lorsque celui-ci aspire. En fin de matinée nous convenons qu'à deux c'est un peu juste et décidons de terminer la journée par une petite prospection dans le secteur. Nous découvrons plusieurs cavités dont une avec un bon courant d'air froid. Pour la descente nous faisons au plus court, tout droit dans la pente avant de rejoindre le sentier de l'Arriusec et la voiture, 1000 m plus bas. A noter que le sentier a bien été nettoyé des nombreux arbres tombés cet hiver, merci à ceux qui se sont chargés de ce travail ingrat.

Patrick


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