Au Tuc Blanc

Mercredi 23 septembre 2020

Lorsqu'on regarde les photos aériennes de la chaîne des Pyrénées, on est forcément attiré par ces grandes taches claires qui, à défaut de représenter des névés ou des glaciers, correspondent bien souvent à des affleurements calcaires. Un recoupement avec la carte géologique du coin permet en quelques clics de vérifier cette observation (sur karsteau, cela est très facile, un peu de pub ne nuit pas !). En tout cas, cela a été le cas pour ce beau triangle gris clair situé à l'est du Vignemale et portant le nom de Tuc Blanc.

Le Vignemale, première victime de la perturbation qui arrive par l'ouest.

Quelques recherches à propos d'éventuelles explorations sur le secteur étant restées sans résultat, nous en concluons que ce Tuc n'avait pas spécialement branché les spéléos. Alors pourquoi ne pas y aller.
Nous profitons donc d'une éclaircie annoncée mercredi pour effectuer une reconnaissance légère à deux, Sandrine et moi.

Arrivés au départ du sentier, non loin du lac d'Ossoue, les nuages commencent à accrocher les sommets notamment celui du Vignemale qui disparaît déjà dans la brume. Une perturbation étant prévue l’après-midi, nous pressons le pas et montons droit dans la pente pour rejoindre le lapiaz situé 600 m plus haut.

 

Les deux premières entrées que nous rencontrons.

Une heure et demi plus tard nous pouvons commencer à prospecter, tout en faisant fuir une bonne trentaine d'isards, visiblement peu habitués à voir du monde dans le secteur. Très rapidement nous tombons sur un premier trou. L'entrée est avenante mais la suite est rapidement colmatée par des éboulis. Mais c'est quand même bon signe. Nous poursuivons et cinquante mètres plus haut, deuxième entrée. Celle-ci est plus vaste mais le conduit occupé par un névé bute également sur un éboulis. Pointage, topo puis nous repartons.

Sur la partie haute du lapiaz, à l'entrée d'un puits d'une dizaine de mètres.

Vers 2400 m d'altitude, le lapiaz se couche et devient presque horizontal. C'est là que nous découvrons le plus de gouffres, essentiellement de petits puits, mais parfois bien formés. En plus, la bordure sud du lapiaz correspond à une zone de contact avec des couches imperméables d'où la présence de quelques pertes fossiles. 

Ce joli gouffre, creusé à l'emporte pièce s'ouvre juste au niveau d'une faille mettant en contact les calcaires massifs avec un niveau plus gréseux imperméable.

Mais le temps se gâte et un vent froid commence à balayer la face nord où nous nous situons. Les nuages deviennent plus menaçants et nous préférons entamer un repli stratégique. Cela ne nous empêche pas de pointer encore quelques gouffres. 

Une belle entrée, mais bouchée au bout de 5 m...

Parvenus au bas du secteur intéressant nous essayons de trouver une éventuelle résurgence à ce petit lambeau de calcaire. Et effectivement, 450 m en contrebas des points les plus élevés du lapiaz, nous tombons sur une belle résurgence qui sort des éboulis de versant. Alors bien sûr, ce n'est pas un karst majeur vu la surface limitée du bloc calcaire (0,5 km²), mais qui sait, avec un peu de chance il peut y avoir suffisamment de place pour quelques jolies cavités. 

La résurgence probable du massif.

 

Donc c'est certain nous y retournerons.

Patrick

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